Deux jours plus tard, il était de retour à L'Embuscade. Il aperçut Claude en train de parler à une table avec deux autres de leurs amis qu'il n'avait pas encore pu voir depuis qu'il était rentré à Caen, Matthieu et Ablaye, et se dirigea vers le bar en souriant afin de commander à boire avant de les rejoindre. Il sourit de plus belle en apercevant Aurélien derrière le petit bar et s'approcha de lui en ne le lâchant pas du regard, ce dernier ayant les yeux baissés et semblant en regarder de toute évidence quelque chose d'un air attentif.
« Salut, lui dit-il et il vit Aurélien relever la tête, un air surpris sur le visage, avant que ce dernier ne lui sourie doucement.
— Oh, salut... Guillaume, c'est ça ?
— Oui, c'est ça, répondit-il en souriant, agréablement surpris que le garçon se souvienne de son prénom, surtout qu'il ne s'était jamais présenté à lui. Et... toi ? Tu t'appelles Aurélien, c'est bien ça ?
— Oui, mais tu peux m'appeler Aurél comme tout le monde, lui dit ce dernier et il fut content de le voir le tutoyer de même, l'imitant, contrairement à la dernière fois qu'ils s'étaient parlé. Tu rejoins Claude aujourd'hui aussi ? lui demanda le plus jeune en jetant un regard par-dessus son épaule pour regarder ses amis attablés à quelques mètres d'eux.
— Ah, oui. Et les autres. Ça fait longtemps que je les ai pas vus eux aussi. »
Aurélien lui sourit d'un air bienveillant et il sentit une faible chaleur se propager tout à coup dans sa poitrine, le surprenant grandement.
« Et... tu as pu trouver un endroit où vivre alors ? lui demanda le plus jeune, le sortant de ses réflexions, et il fut surpris de voir qu'il se rappelait de ça, comme il en avait parlé devant lui avec Claude la dernière fois.
— Oh, ça. Non, pas encore, mais Claude m'héberge en attendant donc ça va, lui répondit-il en souriant et Aurélien hocha la tête sans jamais se départir de son sourire chaleureux.
— Ça va, alors. Il est vraiment gentil, Claude. Je l'aime beaucoup.
— Oui, c'est vrai. C'est un de mes meilleurs amis avec les deux que tu vois là-bas, assis à côté de lui. Tu les connais aussi ? lui demanda-t-il. D'ailleurs, comment tu connais Claude ?
— Oui, je les connais bien. Claude a été un des premiers clients qu'on a eu avec Julien quand on a rouvert le bar, c'est pour ça... Et il a vite rameuté toute la ville, dont tes amis, à force de persuasion...! » rigola doucement Aurélien et il fut hypnotisé par son rire, se perdant alors dans la contemplation de son visage.
Il avait vraiment des traits doux. Aurélien lui semblait bien plus en forme que la dernière fois qu'il l'avait vu et il sourit doucement en voyant à quel point il semblait apaisé, les traits relâchés et les deux petites fossettes qu'il avait au coin de la bouche à présent apparentes tandis qu'il riait. Il avait les yeux rivés sur le visage du garçon qui rigolait doucement quand il sentit soudain une main se poser sur son épaule. Aurélien s'arrêta alors de rire et il tourna la tête, tombant sur une fille qui le regardait d'un air curieux.
« Guillaume, je n'avais donc pas rêvé ! Tu es de retour à Caen ?
— Euh... Oui...? balbutia-t-il, n'ayant aucune idée de qui pouvait bien être cette fille et celle-ci sembla s'en rendre compte car il la vit froncer légèrement les sourcils à sa réponse.
— Ne me dis pas que tu ne te souviens pas de moi ? Je sais que tu avais d'innombrables conquêtes à l'époque, mais quand même... lui dit-elle et il vit du coin de l'œil Aurélien baisser la tête derrière le bar, comme s'il était gêné d'assister à cette conversation qui ne le concernait de toute évidence pas.
— Hum... Non, je suis désolé, aucun souvenir. Je préférerais, crois-moi... Mais tu sais comment j'étais à cette époque, hein...
— Oui, oui, je m'en rappelle bien, lui répondit la fille d'un air détaché en enlevant sa main de son épaule. C'était plutôt sympa, je trouvais. Et si jamais ça te manque... Cette liberté, sache que je suis toujours partante. Une fois de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal. Puis t'es plus avec ta copine maintenant, non ?
— Non... Non, je suis plus avec Chloé, c'est terminé.
— D'accord, alors pourquoi pas, hein ? rigola la jeune fille.
— Je... Ça ne me dit plus rien, désolé, dit-il, gêné de parler de ça devant le plus jeune qui faisait semblant de faire autre chose un peu plus loin bien qu'il savait très bien qu'il pouvait toujours les entendre. Ça ne m'intéresse plus, cette vie-là.
— Ok. C'est bien dommage, Guillaume. Je connais des tas de filles qui étaient contentes de savoir que tu étais de retour. Tu sais où me trouver si jamais tu changes d'avis. »
La jeune fille lui glissa un bout de papier avec son numéro dessus dans la main et il écarquilla légèrement les yeux, gêné. Il ne sut pas quoi répondre et hocha simplement la tête, attendant que la jeune fille comprenne le message. Laisse-moi tranquille et fous le camp, s'il te plaît. Celle-ci lui offrit un dernier sourire charmeur, puis tourna les talons et il se tourna vers Aurélien en soupirant :
« Mon dieu, mais quelle sans-gêne, marmonna-t-il en froissant le papier avant de le mettre dans la poche de son jean. Je te jure, des fois les gens... »
Aurélien lui sourit d'un air compréhensif et il se passa une main dans les cheveux, embarrassé. Il espérait que celui-ci n'ait pas mal interprété les propos de la jeune fille et se demanda ce qu'il avait bien pu comprendre de la conversation qu'il venait d'avoir avec celle-ci. C'est vrai qu'à l'époque, il profitait assez bien de la vie, comme on dit. Il avait pris l'habitude d'enchaîner les conquêtes comme on change de chemises et il passait la moitié de son temps complètement bourré, à L'Embuscade, ou bien à fumer un joint chez un de ses potes. Ce n'était pas une période dont il était très fier avec le recul, mais ça faisait partie de lui. Il fallait qu'il l'accepte. Puis il avait rencontré Chloé, dont il était tombé fou amoureux à la seconde même où il avait commencé à faire sa connaissance, et sa vie avait changé drastiquement, à commencer par son déménagement soudain à Paris pour la suivre. Il avait voulu changer pour lui plaire, et ça avait marché. Un temps. Avant qu'il ne se rende compte qu'ils étaient vraiment trop différents pour continuer de faire semblant que tout allait bien. Enfin, c'était Chloé qui s'en était rendue compte et qui lui avait dit qu'elle préférait qu'ils rompent avant de commencer à se détester tous les deux. Ça avait été douloureux à accepter et aujourd'hui encore, près de six mois plus tard, il avait du mal à tourner la page. Chloé était restée à Paris pour faire sa vie et lui, après plusieurs longs mois de réflexion, avait décidé que rentrer à Caen serait la meilleure décision qu'il puisse prendre pour enfin réussir à passer à autre chose.
« Je... Je pense que je vais rejoindre les gars, maintenant, dit-il en forçant un sourire sur ses lèvres et Aurélien hocha la tête doucement avant de lui offrir un petit sourire de même.
— Oui, bien sûr, Guillaume. Va les rejoindre qu'ils doivent t'attendre. Je ne voudrais pas trop t'accaparer, Claude va me taper sur les doigts après.
— Mais non, dit-il en souriant doucement, fortement attendri et un fin sourire sur les lèvres. Tu m'accapares pas du tout, ne t'en fais pas. À tout à l'heure, alors ? »
Aurélien hocha la tête en répondant à son sourire de son air toujours aussi bienveillant et il sentit la même chaleur que la dernière fois apparaître dans sa poitrine alors qu'il tournait les talons en le saluant. C'était vraiment trop étrange cette sensation que ce garçon faisait naître en lui.
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Fiction OrelxGringe - Un simple ami.
FanfictionGuillaume rencontre Aurélien dans le bar de son enfance et entre eux, le courant passe aussitôt.