Chapitre 8 : Toutes les choses qu'elle a dites.

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PDV JESSY :

L'entretient avec la jeune femme se passe vraiment bien. Elle est plutôt drôle et ça me plaît assez, en plus d'être très intelligente. Nos mères sont parties à leur rendez-vous et le nôtre se poursuit un bon moment. Nous passons tout en revue afin qu'elle se sente bien dans l'entreprise. Je ne veux pas prendre le risque qu'elle aille chez un concurrent.
Ceci fait partie des « règles » que ma mère a laissé dans son coffre : être vif.

- Je pense que nous avons terminé. Dis-je en souriant. Il ne reste qu'à signer le contrat.
- J'ai hâte de commencer à vos côtés.
- Il me tarde également de vous voir à l'œuvre. Je suis convaincu que vous allez faire des merveilles.
- C'est gentil. Répond la jeune femme gêner.
- C'est surtout sincère. Voulez-vous boire quelque chose ?
- Je veux bien un café, merci.

Je nous prépare cela dans la cuisine et reviens avec les tasses.

- C'est très grand ici.
- Surtout pour deux, lorsque l'on se retrouve seul, la solitude se fait vite ressentir.
- Je veux bien vous croire.
- Puisque nous ne sommes plus en entretien et que tout cela devient informel, nous pourrions peut-être nous tutoyer ?
- Ça me va. Sourit-elle. Depuis quand es-tu le PDG de cette entreprise ?
- Depuis deux jours. C'est très récent.
- Je vois ça. Tu faisais quoi avant ?
- À la base, je suis lycéen. Je passe le bac en fin d'année.
- Alors tu es encore plus jeune que ce à quoi je m'attendais ! Rigole-t-elle.
- Tu n'es pas beaucoup plus vieille, tu n'as seulement deux ans de plus.

Je regarde mon téléphone afin de voir si je n'ai pas un message de ma mère. Il semblerait que tout se passe bien puisque je n'en ai aucun. J'aurais pourtant apprécié qu'elle me prévienne qu'elle soit bien arrivée.

- T'inquiètes-tu pour ta mère ? Demande-t-elle en penchant la tête.
- C'est la première fois qu'elle sort avec une inconnue, sans vouloir te vexer. J'aurais aimé des nouvelles.
- C'est une grande fille, tu sais, puis elles ne sont pas vraiment inconnues.

Ses propos suscitent mon intérêt.

- Que veux-tu dire par là, Pauline ?
- Nos mères se connaissent depuis six ans à peu près.
- Oui, la mienne a embauché la tienne, je suis au courant, mais tout cela était professionnel.
- Tu le crois vraiment ?

Son interrogation me pousse à remettre toute cette histoire en question. Il est vrai qu'elles semblaient plus ou moins proches l'autre jour.

- Dis-moi tout, tu sembles bien informé.
- Il n'y a pas grand-chose à dire. Il y a eu un coup de cœur, mais visiblement trop tôt.
- Trop tôt ?
- Ta maman n'était sûrement pas prête à revoir quelqu'un.
- Comment sais-tu tout cela alors que je ne sais rien ? Souriais-je intriguer.
- Eh bien, je discute beaucoup avec ma mère. Il n'y a qu'elle et moi alors nous prenons soin l'une de l'autre.
- Comme moi avec la mienne...

Elle boit une gorgée de son café en acquiesçant de la tête.

- Donc si j'ai bien compris, tu n'as plus de père ? Demandais-je le plus subtilement possible.
- Tout comme toi, je suppose.
- Je n'en ai jamais eu et je n'en veux absolument pas. J'avais une seconde mère.
- Je n'ai eu ni l'un ni l'autre. Je n'ai toujours eu qu'un seul parent.
- Je m'excuse de mon indiscrétion.
- Ce n'est rien.
- Ta mère me parait plus jeune que la mienne.
- C'est le cas.
- Alors elle t'a eu très tôt d'après mes calculs.
- Tu es très perspicace ! Se moque-t-elle. Elle avait 16 ans.

Je lui souris en guise de réponse. Nous continuons de faire connaissance. Je lui propose de la ramener après notre café. Pauline accepte et nous nous mettons en route.
Je rentre directement au manoir après ma petite excursion. Je me commande une pizza et regarde un film en attendant ma mère.
La fatigue me gagne plus rapidement que prévu, je finis par m'endormir sur le canapé avant qu'elle ne rentre.

PDV CHERYL :

Nous rentrons au manoir plus tard que je ne l'aurais pensé. C'était réellement une bonne soirée. J'étais bien en sa compagnie, cela m'a réchauffé le cœur.
Je constate que mon fils dort paisiblement.

- Il est adorable. Dit-elle en le regardant de loin.
- C'est un ange. Répondais-je en souriant.
- Il ressemble trait pour trait à sa mère...

Un frisson travers mon corps à l'entente de sa phrase. Je n'avais pas pensé à Tam depuis qu'elles étaient arrivées au manoir. La culpabilité me gagne et mon cœur se ressert. Mon visage devient froid, disant.

- Visiblement, j'ai dit quelque chose qui ne fallait pas. Je m'excuse, Cheryl.

Suite à ses quelques mots, elle se dirige vers la porte d'entrée. Je la rejoins rapidement.

- Non, Emma, c'est juste que...
- Que je t'ai fait penser à elle ? Sourit-elle en compatissant.
- Je sais, c'est bête, ça fait treize ans, mais ce soir, je l'ai presque oublié. Avouais-je tristement.
- Tu ne l'as pas oublié, la preuve et tu ne le feras jamais. Ce n'est aucunement un reproche d'ailleurs, bien au contraire, mais disons que ce soir, tu as pensé à toi, un petit peu. Est-ce si mal que ça ?
- Je suppose que non.
- Comme je te l'ai dit, il n'y a aucune pression. Je ne vais pas te forcer à faire quelque chose que tu ne souhaites pas. Je sais ce que je veux et ça ne me dérange pas d'attendre. Chacun fait de son mieux pour avancer.

Un nouveau sourire s'empare de son visage. Cette femme est adorable et je me sens encore plus bête qu'avant.

- Je te souhaite une bonne soirée, Cheryl. Merci pour tout. Annonce-t-elle en voulant s'en aller.
- Attends...

Je m'approche d'elle après ce petit mot, puis la serre contre moi. Elle accepte cette étreinte avec plaisir et m'enlace à son tour.

- Je ne veux pas la remplacer, tu sais. Dit-elle en chuchotant.
- Tu ne le pourrais pas.
- Ce n'est pas ce que je souhaite, comme je viens de te le dire.
- J'ai passé une excellente soirée à tes côtés.
- Mais ?
- Il n'y a pas de « mais ». Souriais-je. J'aimerais beaucoup renouveler cette sortie. Acceptes-tu ?
- Je dois bien t'avouer que je ne m'attendais pas à cela. Ce serait avec plaisir, Cheryl.
- Alors la prochaine fois, c'est moi qui t'invite !
- Faisons ça, oui.

Elle attrape ma main et entrelace ses doigts aux miens.

- Je te souhaite une bonne nuit, je vais rentrer, rejoindre Pauline. Elle a essayé de me contacter plusieurs fois.
- Bonne nuit, Emma. Merci à toi.

Nous commençons à nous faire la bise lorsque ses lèvres embrassent la jointure des miennes. Ses excuses ne se font pas attendre, mais je ne les écoute pas. Plus précisément, je ne les entends pas, je l'embrasse directement après son geste. Elle semble surprise par mon initiative, mais me rend mon baiser. C'est un bisou très chaste qui à lieu dans un premier temps. Il est rapidement suivi par un second, un peu plus poussé. Mes mains se posent doucement sur ses joues pour le troisième. Nous nous séparons une fois que nous sommes à bout de souffle. Je pose mon front contre le sien tout en gardant les yeux fermés. Je n'ose pas affronter son regard, je ne veux pas regretter mon action. Une larme s'écroule contre ma joue, son pouce la chasse avec bienveillance.

Son téléphone se fait entendre et ceci nous pousse à nous séparer. Emma s'éloigne afin de répondre. Je me retourne et mes doigts effleurent mes lèvres. Celles-ci me brûlent.

- Je vais y aller. Dit-elle en revenant vers moi.
- Fais attention sur la route. Déclarais-je toujours de dos.
- Bien évidemment.

Un petit baiser tendre se dépose sur mon épaule dénudée, puis la porte s'ouvre avant de se refermer. C'est sans réfléchir que je la rejoins à l'extérieur. Je cours en sa direction avant de me jeter dans ses bras. Mes mains derrière sa nuque, je lui offre un énième baiser. Celui-ci ne ressemble pas aux autres. Il est beaucoup plus sûr, plus significatif et surtout plus sensuel. Elle me rend absolument toutes mes attentions. Mes lèvres se déplacent de sa bouche à sa joue, puis à son cou. Notre respiration se fait difficilement, mais ne nous arrête pas, ne m'arrête pas.

L'exposition de la vérité a un prix [TOME 4]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant