Chapitre 2 : Si c'est pas toi, c'est qui ?

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PDV CHERYL :

Treize ans. Treize longues années et pourtant tu n'as jamais quitté les lieux. Autant de temps de solitude depuis ton départ rempli mon être chaque jour.
Jessy, il est merveilleux, des yeux d'un bleu éclatant, des cheveux blonds comme les champs de blé. Tout toi en réalité.
Les premiers mois étaient les plus durs, chaque nouvelle journée était un calvaire.
Toutes les semaines, au moins une fois, Jessy fouillait dans tes affaires. Ses actions me mettaient hors de moi, mais il te cherchait simplement.
La culpabilité m'a envahi avec le temps et m'a submergé.
J'ai fini par condamner le garage avec une bonne partie de tes affaires. Seulement tes vêtements et tes photos sont dans la maison.
Je dors toujours de mon côté du lit, le matelas commence à s'affaisser. Certaines habitudes ne changent pas, ton paquet de cigarettes est toujours sur le plan de travail de la cuisine. Des cannettes de coca sont au frais. Tout ça doit être périmé depuis bien longtemps maintenant, mais ni moi, ni notre fils avons eu le cœur à les jeter.

Toni a été super. Elle s'est occupée de nous, elle s'est installée un petit temps au manoir. Elle a pris soin de moi pendant tant d'années et guide toujours Jessy. Ton prénom ressort souvent de sa bouche lorsque j'agissais mal et même encore à présent.
Antoinette s'est tellement préoccupé et occupé de nous depuis ton départ qu'elle n'a retrouvé personne, enfin, pas à ma connaissance si c'est le cas. Tout comme moi d'ailleurs.
Mon cœur s'est endormi pendant que le tien s'est arrêté.

Jessy comprend sans vraiment comprendre. C'est quasiment un homme désormais. Il connaît ses responsabilités malgré que je lui laisse le choix. Ton siège à l'entreprise ainsi que ton bureau le terrifie autant que moi. J'ai réussi à déléguer un maximum jusqu'à la majorité de notre fils. Sa décision scellera le sort de l'entreprise familiale. J'ai bien vendu Thornhill alors pourquoi il ne pourrait pas faire de même ?
Une grande partie de ton héritage a été gelé jusqu'à ce que Jessy puisse l'avoir. Comme c'était convenue sur les papiers, j'ai eu ma part, mais je n'en ai pas voulu...
Je crois qu'inconsciemment, je voulais te rejoindre. Tu m'avais pourtant prévenu que je ne le pouvais. Tu avais raison, une fois de plus. Je me suis retrouvée piégé et au pied du mur avec une personne que j'aime infiniment, mais qui te ressemble grandement. Ça a été difficile, ça l'est toujours. J'ai failli perdre le lycée, je ne sais par n'importe quel miracle, je le détiens encore.

- Maman ? Je te parle.
- Oui ? Tu disais ?
- J'aimerais les clefs du garage, s'il te plaît.

Mon cœur manque un battement. Il sait pertinemment qu'il en est hors de question.

- Non.
- Mais j'en ai besoin...
- Et pourquoi ça ?

Il me regarde en reposant ses couverts subtilement. Ton regard me défie, enfin, son regard.

- Cesse ça rapidement. Dis-je froidement.

Sa mâchoire se crispe, puis il sort de table. C'est avec des pas lourds qu'il rejoint sa chambre et claque la porte.

- Tu devrais peut-être le laisser. S'il dit qu'il en a besoin, c'est sûrement le cas. Suggère Toni en prenant ma main.
- Pas moi. Je ne peux pas.
- Il n'est pas question de toi Cheryl. Ton fils veut des réponses. Il doute et ta négativité n'aide en rien.
- Il n'y a rien à voir dans cette pièce. Affirmais-je dans une voix tremblante.
- Tu rigoles ? Cette pièce vaut une fortune ! Il y a surtout toutes ses affaires...
- Jessy sait déjà tout, il a ses photos, ses vêtements s'il veut alors non. Pas le garage.

Je me lève à la fin de ma phrase et me dirige dans la cuisine. Je m'assois sur le plan de travail et allume une cigarette en ouvrant la fenêtre. Mon amie me suit de près.

L'exposition de la vérité a un prix [TOME 4]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant