Chapitre 3

23 12 87
                                    

* AMBER *

Je relus avec consternation pour la n-ième fois le bout de papier que je tenais dans la main:

«Il en est qui naissent grands, et d'autres qui conquièrent la grandeur. Ne te laisse pas trompée, A.N.J n'est pas une menace. Et surtout, quoiqu'il arrive prête bien attention aux tableaux...»

Mr. O

Ça devait sûrement être la cinquième fois que je relisais encore ces quelques petits mots, mais la surprise et la consternation étaient toujours présentes. Non seulement je n'y comprenais pas grand chose, mais en plus ce bout de papier débarquait au mauvais moment. Je n'avais vraiment pas la tête à réfléchir à ce genre d'enigimes.

Quand j'étais sortie de chez moi ce matin, je m'attendais à tous sauf à trouver un bout de papier soigneusement plié dans ma boîte à lettres. Et le pire c'était que j'avais beau demander à tous le monde dans le domicile mais personne ne savait d'où ça pouvait provenir.

Au moins, la lettre était lisible. Enfin... j'arrivais à comprendre la première phrase, étant donné qu'elle citait un extrait de Sheckspear. Mais en ce qui concernait la seconde et la troisième, c'était une toute autre histoire. C'était qui ce «A.N.J» ? En fait étais-je même sûr qu'il s'agissait d'une personne ? Rien ne me garantissais que c'était bien le cas.

Et ces “tableaux”, de quoi il s'agissait exactement ? Un parfait inconnu me demandait de faire attention à des “tableaux” sans même me dire lesquels ! J'étais censée faire quoi moi,  deviner !?

Sans parler de ce mystérieux «Mr.O».
Qui pouvait t'il bien être ? Et plus important encore quel détraqué mental s'amusait à écrire comme ça sur des bouts de papiers au 21ième siècle ?

«Ahrrrg!! Cette fichue lettre vas me rendre folle !»

je pris une grande inspiration, histoire de me calmer et je rangeais soigneusement dans mon sac à main la fameuse lettre. Aujourd'hui était une belle journée et il était hors de question qu'elle soit gâchée par un petit farceur de rien du tout. C'était mon premier jour de cours et j'avais déjà tellement de choses à gérer que je n'avais ni le temps ni la volonté de penser à des trucs aussi futiles.

Je jettais un rapide regard autour de moi, rigolant au passage en examinant le lieu de rencontre qu'avait choisie Léa aujourd'hui. Je me trouvais tous juste en dessous de la fameuse Sather Tower; Ce chef d'oeuvre architectural haut de plusieurs mètres qui était au passage l'un des joyeux de Berkeley se dréssait fièrement devant moi, et semblait à certains égards froler les cieux, tel un château fort du moyen-âge.

Et honnêtement, face à cette vue on ne pouvait que comprendre pourquoi cet édifice était aussi important pour Berkeley. Ce bloc de béton en forme de tour qui était considéré comme le centre même du campus principal était de part sa taille, sa conception et sa splendeur le symbole du prestige de l'université au fil des décennies voir même du siècle.

Je sillonnais du regard les alentours, me perdant presque dans la foule qui m'entourait. Comme chaque année, Berkeley était bondée d'étudiants venant de toutes les origines, ce qui donnait à la vieille université plus l'allure d'un site touristique qu'autre chose. Mais bon c'était ça le propre d'universités aussi prestigieuses, elles attiraient tellement de personnes que les têtes venaient de partout juste pour y étudier.

D'ailleurs, voir toute cette foule me rendait un peux nostalgique. Je me rappelais encore de l'année dernière, quand j'avais posée mes pieds ici pour la toute première fois. À vrai dire j'avais déjà entendue parler de la prestigieuse université californiène mais ça ne m'avais pas empêchée ce jour là d'être ébahie, impréssionnée comme jamais. Que ce ce soit par le nombre d'étudiants, la prestance des lieux ou les imposantes bâtisses, pour moi ce jour là tous dans cet endroit semblait refléter la quintessence du savoir humain poussé à son paroxysme.

Trois vies sans toi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant