Trois vies sans toi (Tome 1)

Chapitre 23

                        * AMBER *

–...C'est la raison pour laquelle la crise économique de 1929 a été...

Le regard perdu dans le vide, je n'écoutais pratiquement plus le professeur parler. Ma tête en ce moment avait clairement d'autres priorités, et suivre ce cour n'en faisait pas partie !

Avec nonchalance, je sillonais du regard l'ensemble de la salle, et c'est sans grande surprise que je me rendis compte que j'étais loin d'être la seule que ce cour ennuyait.

La plupart des étudiants avaient l'air totalement ailleurs ; certains bavardaient, d'autres étaient tranquillement occupés à manipuler leurs téléphones, et les plus futés dormaient tous simplement.

«Je ne peux que les comprendre. Qu'est-ce qu'il y a d'excitant à étudier l'histoire de l'économie américaine ?»

–...Et il faut savoir que l'un des pionniers de l'approche capitaliste a été : Aaron Cullingam.

Immédiatement, je tiquais en entendant ce prénom qui depuis quelques temps maintenant me méttais dans tous mes états. Et sans que je ne le veuille, mes pensées devièrent vers un beau brun aux yeux verts.

«Aaron White»

Rien qu'en prononçant son nom dans ma tête, je sentais déjà un frisson et un sentiment indescriptible s'emparer de tous mon être.

Qui aurait pu prévoir tous ce qui s'était passé ?

Ça ne faisait que deux semaines que je connaissais ce garçon, deux semaines que ma vie routinière avait pris fin à cause de lui. Oui, deux semaines qu'il se passait quelque chose d'étrange sans que je ne puisse dire exactement de quoi il s'agissait.

«Ce mec vas me rendre dingue à la longue !»

Ce weekend, j'avais passée des heures à cogiter, appréhendant le moment où nous allions nous croiser en cour; mais heureusement pour moi, nous étions déjà samedi et cette semaine je n'avais pas vue Aaron une seule fois.

En fait, j'avais même toutes les raisons de croire qu'il n'avait pas posé les pieds au campus ces 5 derniers jours.

Parceque je ne l'avais vraiment apperçue nulle part. Même lundi au cour de sociologie monsieur n'était pas venue. À croire qu'il avait décidé de prendre quelques congés anticipés !

Mais curieusement, si une part de moi était soulagée de ne pas avoir eu à tomber sur lui cette semaine...je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir intriguée par cette absence de sa part.

Qu'est-ce ce qui s'était encore passé dans sa tête pour qu'il décide de sécher autant ? Est-ce qu'il lui était arrivé quelque chose ?

Tant de questions qui me travaillaient l'esprit, bien malgré moi.

«Tu n'as pas à t'inquiéter pour lui !»

Immédiatement je secouais vivement la tête, et je me remis les idées en place. Bien-sûr que je n'avais pas à m'inquiéter pour lui ! Ce qu'il faisait de son temps, ou avec qui il le passait, ça ne regardait que lui.

Après tous, je le détestais ! Et généralement, quand on éprouvait une telle rage vis à vis de quelqu'un, on avait pas à être inquiet pour lui !

Enfin.... étais-je même sûre que c'était de l'inquiétude ? Quelque chose me disais qu'en réalité c'était la culpabilité qui me rongeait.

Pour être honnête, depuis quelques jours, à chaque fois que je pensais à Aaron je me sentais mal. J'avais comme l'impression d'avoir commis une énorme erreur vis à vis de lui.