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- Ça ne sert à rien maman, je l'ai déjà lue !

Cette dernière attrape le papier et sort la lettre.
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- Folle ! Vous avez fouillé mon bureau, espèce de petite impolie !
- Vous faites erreur ! Je n'aurais jamais commis une telle chose !
- Mais alors d'où vient cette lettre ?
- Je ne sais pas. Je l'ai découverte au rebord de ma fenêtre, c'est étrange mais c'est bien lui qui a écrit cela.

Madame Haku n'a pas quitté la lettre des yeux. Elle n'a jamais lu les lettres qu'elle a interceptées auparavant même lorsqu'elles lui étaient directement adressées. La femme a mal, toujours cette tristesse, cette rancoeur, comme un couteau planté dans sa poitrine...

FLASHBACK:

Après le repas du midi, Monsieur Haku sors de chez lui pour honorer un rendez-vous avec son ami.

- Promets-moi de faire attention à toi là-bas, d'accord ? Reviens-moi vite.
- Ne t'en fait pas Azula, dit il à sa femme, il est vrai que Fushin habite loin mais le chemin est sûr en train. Et puis je ne t'abandonnerai pas, moi, lui souris l'homme.

L'homme retire sa main des épaules de son épouse pour s'abaisser vers sa fille. Il l'embrasse sur le front et s'en va.
...

- J'ai été ravi de ta visite Hagoromo !
- Avec plaisir mon cher Fushin !
- Salue ta femme et ta fille de ma part, crie le vieillard en faisant de grands gestes sur le quai.
- Comptez sur moi !

Le trajet en train s'achève à la petite gare d'Hosu. Très peu de passagers sortent du train. En effet, Hagoromo a promis à sa femme de rentrer avant le lendemain mais à force de bavarder avec Fushin, il n'a pas vu le soleil commencer à se coucher. Maintenant il fait nuit.

Monsieur Haku descends du wagon et décide de prendre un petit raccourci pour arriver plus rapidement chez lui. Il s'agit d'un chemin quelque peu accidenté qui monte vers la ville. De plus, la gare étant plutôt éloignée de l'agglomération, l'éclairage y est rudimentaire. L'homme examine alors chaque pas qu'il fait pour ne pas tomber.
Il est tellement concentré sur ses sandales qu'il n'aperçoit pas l'ombre au loin, devant lui. Elle est grande et de forme douteuse. D'ailleurs, cette dernière commence à s'approcher avec une vivacité effrayante. Hagoromo entend du bruit et relève la tête,  il ne voit pas exactement ce qui lui fait face mais appelle au secours. A peine a-t'il prononcé la dernière syllabe que la tête de l'ombre tombe à terre, tranchée par une lame de feu au métal rouge vif.

Tapis dans l'obscurité de la nuit, l'auteur du sauvetage observe Hagoromo serrant sa veste de kimono.

- Vous allez bien monsieur ? Vous n'avez pas l'air blessé à première vue.

Hagoromo est saisi par la voix grave et puissante de l'homme. Celui-ci fait un pas en avant, dévoilant son apparence à la lumière d'un lampadaire solitaire. Il est grand, blond, athlétique mais porte une tenue inhabituelle.
Le père de famille, bien que la menace aie disparue, s'interroge, paniqué:

- Monsieur, quelle était cette ombre en face de moi ?! Je ne comprends pas, elle essayait de m'attaquer, je la sentais mais je ne pouvais rien voir puis vous êtes arrivé si vite et...
- Un démon.
- Pardon ? Non, enfin,...ce sont des légendes ?
- Pensez-vous vraiment que je plaisante ? Je viens pourtant de tuer un démon juste devant vos yeux ! Bon, je n'ai pas le temps pour les bavardages alors...

Hagoromo écarquille les yeux et se reprend:

-Non attendez ! Alors c'est bien vrai, les démons existent... et les pourfendeurs aussi ?
-Mais vous êtes perspicace, dites-moi ?

Soudain, Hagoromo se souvient de sa mère, décédée mystérieusement il y a quelques années. On lui a raconté des histoires de noyade et de corps introuvable. Cette version, il en a émit des doutes pendant si longtemps. La vérité venait de le lui sauter aux yeux. Il en est sûr à présent:

- Je veux devenir pourfendeur de démon !

Le pourfendeur avait déjà tourné les talons mais se retourne devant une telle exclamation.

- Ah oui ? Sais-tu au moins ce que cela signifie ? Cela demande de grands sacrifices : On y dédie sa vie, son âme, ...son souffle.
- Oui monsieur le pourfendeur, je veux me dédier à cette tâche, ma mère à disparu de ma vie car elle a été assassinée par une de ces créatures !
Tout au fond de mon être, j'ai une cavité que je n'arrive pas à remplir. Je suis marié, j'ai une fille, un travail et pourtant... je ne suis pas heureux. J'ai l'impression d'être inutile, de errer sans but !
Je veux faire partie des gens comme vous qui dans l'ombre de la nuit, protègent les innocents et permettent à de nombreuses familles d'éviter des années de trauma.

Le pourfendeur sourit. Il lui donne 48h pour informer sa famille du nouveau tournant qu'il souhaite donner à sa vie. Après ce délai, Hagoromo devrais se rendre au mont Hyūga pour commencer son entraînement.
Alors, le père de famille rentre en courant chez lui, poussé par l'adrénaline et la hâte de voir sa vie bientôt transformée.

La Chaleur  De La  FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant