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- Nord-Ouest ! Ville de Honoka ! Nord-Ouest ! Lance le corbeau.
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La nuit tombée, les deux pourfendeurs entrent dans la ville exceptionnellement sombre.

- On y voit à peine ! Constate le jeune homme.

Effectivement, seuls sont perceptibles les sons de la pluie matraquant les dalles de pierre et les tuiles des toits.
Les portes et fenêtres sont toutes verrouillées.

- Le corbeau a parlé d'un couvre-feu tout à l'heure. Il doit déjà être mis en application. Dit Fuyumi. Si personne ne sort et que le démon est bien à l'extérieur, notre tâche sera facilitée.

Scrutant les lieux, cette dernière ne manque pas de remarquer deux petites paires d'yeux qui les épient. Elle tente de s'approcher mais les paires disparaissent.
Soudain, Kyojuro tourne la tête d'un coup sec.

- Tu sens cette odeur ?
- J'entends plutôt un bruit...

Sans attendre, ils s'orientent en direction de la source. L'odeur et le son s'intensifie à mesure qu'ils avancent.
Le garçon décide de dégainer son sabre et se laissant guider par ses sens, s'enfonce un peu plus dans la pénombre qui lui fait face.
Dans les oreilles de Fuyumi, se joue une mélodie lente et désagréable. Celle-ci la mène à l'opposé, vers un puit apparemment condamné.

-* Ce démon émane une telle tristesse.* se dit la fille. *Je dois la débarrasser de sa souffrance*

D'un coup de lame, les barricades du puit volent en éclat. Cependant, la créature n'ose pas sortir du trou. Alors, Fuyumi approche l'épée de son bras et laisse s'égoutter son sang dans l'eau sombre. Rapidement, la surface de l'eau s'agite et au même instant, le démon surgit dans un hurlement perçant...

Toutefois, pas de quoi effrayer notre épéiste car trois minutes plus tard, c'est le calme plat. Quoi que pas si plat puisque le blond venu lui aussi à bout de son opposant, arrive en trombe en direction du puit.

- On a fait du bon travail !
- Oui, les dégâts sont...minimes, observe Fuyumi.
- À cette allure, on aura tué 20 démons cette nuit !
- Pas si nous restons là à papoter, réplique l'adolescente qui prend déjà les devants.
- Haha, bien dit !

...

REPÈRE TEMPOREL: 9 Janvier

- Tends moi ta joue.
- hm ?
- Désolée, ça va un peu piquer. Comment va ta côte ? Tu saigne trop !

Fuyumi et Kyojuro viennent de finir leur dernière mission de la nuit. Dernière et pas des moindres car de fait, ils ont fait la rencontre d'une véritable orde de démons.
Il s'en est suivit un combat de longue haleine qui a puisé loin dans leurs retranchements.

- Tu n'as pas besoin de t'occuper de moi Fuyumi. Soigne plutôt ces entailles avant qu'elles ne s'infectent, dit Kyojuro.
- Idiot! Réplique l'adolescente qui se mordait la lèvre de remord, Quelques entailles ne sont rien comparé à une côte brisée ! Je ne t'ai rien demandé, je ne t'ai pas appelé non plus alors ne t'interpose plus pour me faire bouclier c'est clair ?!
...

Leurs pupilles se sont alignées un instant. Kyojuro reste interdit. La jeune fille baisse donc le regard vers le noeud dans sa gorge, réalisant avec amertume la dureté de ses propos.
C'est alors, que Fuyumi sent subitement sa main entaillée chauffer. Son ami la saisi pour l'attirer plus proche de lui et passe le bras dans son dos.

- Fuyumi... dit-il posément. C'est mon rôle de protéger les autres. C'est ma nature, mon essence. Tu vois, je ne peux pas m'en défaire. Et puis j'ai donné une parole à tes parents donc je la tiendrai. Excuse-moi de t'avoir préoccupé.
- Kyojuro... ... pardonne-moi, ...c'est moi l'idiote, je regrette ce que j'ai dit. *Je ne veux pas ressembler à ma mère pas avec toi*
- Ça ne fait rien. C'est naturel que tu penses de cette façon mais je connais mes capacités et mes limites alors ne t'inquiètes plus pour moi...s'il te plaît. Sourit le flamboyant garçon.

Exténués, l'étreinte manque de les faire tomber dans le sommeil mais leur estomac vide leur tord les entrailles, impossible de l'ignorer. Les deux retrouvent finalement de la distance puis, Fuyumi s'incline quand même face à son ami, lui demande une nouvelle fois pardon et lui promet de vite se racheter.

Comme le jour se lève, la ville reprend lentement vie. Les commerçants ouvrent les boutiques, refond leurs vitrines, les quelques villageois matinaux s'échangent leurs nouvelles.

Fuyumi et Kyojuro décident s'accorder un peu de repos le temps que leurs blessures guérissent. Et pour bien se ressourcer, quoi de mieux qu'un petit passage aux bains publics. Après cela, ils se dépêchent de trouver un logis car des cheveux mouillés sous 0°, serait à vivement déconseiller.
...

La Chaleur  De La  FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant