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Après cela, ils se dépêchent de trouver un logis car des cheveux mouillés sous 0°, serait à vivement déconseiller.
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Fuyumi arbore un sourire léger. Elle observe quelques instants le mouvement régulier du torse de son ami, couvert d'un bandage. Pendant qu'elle démêlait sa chevelure de neige elle s'était mise à chantonner un petit air. La petite melodie ne manqua pas d'atteindre l'oreille du blond allant jusqu'à le bercer vers le sommeil dont il avait tant besoin.

Maintenant qu'ils s'est endormi, Fuyumi s'évade dans sa mémoire. Elle se souvient d'avant. Avant la lettre, l'accident, l'entraînement, avant les Rengoku, avant l'examen et maintenant cette dernière mission.
*J'espère quand même que tu ne me sous - estimes pas. Si j'étais forte tu n'aurais pas eu besoin de t'interposer.*  L' adolescente garde un sentiment partagé, brouillé, malgré que le garçon se soit clairement justifié. Cependant, elle le côtoie depuis leur début et sauf de part ses qualités propres exceptionnelles, il n'a jamais montré une quelconque forme de supériorité envers elle.
* Je me torture peut-être l'esprit pour rien . Je tiens un peu trop de vos mauvaises habitudes mère. J'ai dis que je réfléchirai par moi même maintenant. Je dois lui faire confiance.*
Petit à petit, les pensées s'évaporent laissant la vague de fatigue emporter son corps épuisé.
...

- Je placerais tous ces démons dans cette catégorie et celui-là à part.
- Je suis d'accord, celui-ci avait une technique et une endurance bien supérieure aux autres. Oh, euh j'ai aussi fait des dessins... j'ai pensé que ça pourrait aider, dit Fuyumi en sortant un 2e carnet.
- Waouh ! Tu as un vrai talent ! Les images seront un bon moyen de confirmer nos descriptions. Continue s'il-te-plait !
- Pas de problème. Sourit-elle. Dis-moi, une fois qu'on aura fini, on pourra descendre en ville ? Demande la jeune fille fixant les flocons tomber du ciel.
- Oui, on ira manger quelque chose de bon !
...

Kyojuro et son acolyte prennent le temps, comme rarement il se présente, de se promener sans but précis. La ville abonde de vie en ce jour de festival d'hiver.
Les mélanges d'odeurs alléchantes attirent Kyojuro à tous les buffets et toutes les dégustations que proposent les artisans. A la longue, Fuyumi fini quand même par lui rappeler de surveiller sa bourse.
D'ailleurs, une telle ambiance lui est peu familière : il y a du monde, les gens ont l'air heureux, ils rient, ils crient, ils se lancent de la neige... *C'est quand même mieux de ne plus être séparé du monde par une fenêtre.* se dit-elle.
...

- Qu'y a-t-il ? Demande le garçon qui sent son bras tirer légèrement en arrière.

Fuyumi a oublié qu'elle s'est accrochée à lui pour ne pas le perdre de vue dans la foule. Subitement, son pas a été freiné par une belle pierre azure claire exposée sur un présentoir.

- Oh, euh je regarde un peu c'est tout.
- Allons-voir d'un peu plus près !
...

- Bonjour jeunes gens, je vois que ce collier vous intéresse, commence le marchand d'un ton détendu. Ce pendentif est en Azurite, ces vertus sont la confiance en soi, la concentration et la réceptivité mentale. Le parfait porte bonheur.
- Merci c'est très intéressant et très joli. Nous repasserons si le temps nous le permet.
- Oh mais vous n'avez pas tout vu. Laissez moi vous montrer ça et ceci aussi, oh et ça !

Le marchand s'implique alors à expliquer en détail toutes les caractéristiques de ses précieux bijoux. Mais contrairement aux clients d'habitude pressés, Fuyumi est avide de savoir et boit les paroles de l'homme passionné.
Kyojuro, son compagnon, tente d'écouter tout aussi attentivement le monsieur mais son attention est plusieurs fois perturbée par l'attitude de son amie.

- Alors qu'est-ce ce qui vous ferait plaisir jeune fille ?
- J'aimerais prendre celui-ci et celles-là s'il vous plaît.
- Ah, excellent choix ! Vous ne faisiez que vous retourner vers la ruelle en fasse, je pensais que rien ne vous intéresserais vraiment.
- Veuillez excuser mon impolitesse, j'ai entendu ...de la harpe ! Alors je n'ai pas pu m'empêcher de tendre l'oreille, répond l'adolescente.
- Haha ! Qui résisterait au divin son du koto et qui plus est, joué dans le meilleur salon de thé de la ville ? Eh bien pas moi, j'irai y faire un tour !
- Nous aussi ! S'écrit Kyojuro resté à l'écoute.
...

- Tu t'amuses bien ?
- Oui et toi, tu t'amuses ?
- Autant que toi. C'est aussi la première fois que je participe à un festival d'hiver, je trouve ça génial ! Puis la cuisine est délicieuse et tout le monde est tellement sympathique... Ça me donne envie de faire durer cette journée encore et encore! Rigole le garçon.
- Moi aussi je suis bien ici mais ça n'aurais pas été pareil si tu n'étais pas là. Je n'aurais sûrement jamais rigolé autant !

À ces paroles, Kyojuro sent ses joue se roser et ne parvient pas à répondre du tac au tac comme il a l'habitude de le faire. À part son petit frère, on ne lui avait jamais fait un compliment qui ne porte pas sur son don, son talent, sa force, sa rapidité et tout ce qui s'en suit.
Le garçon se contente d'abord d'un rire nerveux imité par Fuyumi.

- On ne me dit pas ça très souvent !
- Ah bon ? Tu es très drôle pourtant.

Les deux acolytes foule le parquet du salon de thé don parlait le marchand. Les mélanges de parfum agrémentent parfaitement l'ambiance chaleureuse et tamisée de la salle. Au centre de chaque table basse, se tient une petite lampe à pétrole juste assez puissante pour percevoir le visage de la personne en face.
Une disposition idéale pour diriger le public vers le sujet principal qui se tiendrait sur la scène éclairée.

Ils s'installent à une table près d'un mur et reçoivent peu après leur commande prise au comptoir.
La jeune fille attache son nouveau collier assorti à ses accessoires et s'empresse de placer un petit packet en papier plié devant lui.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Ouvre-le.
- ...Elle sont pour moi ?! S'écrie le blond un peu trop fort.
- Hm Hm. Acquiesce Fuyumi. Ce sont des boucles d'oreilles en Cornaline. Quand le marchand me les a présenté j'ai immédiatement pensé à toi. J'espère vraiment qu'elles te plaisent.
- MERCI BEAUCOUP, JE LES ADORES ! ...Mais je n'ai pas de trous !
- Pas de panique je l'ai bien remarqué. Elle s'accroche avec la pression. Regardes.

Pour lui montrer, l'adolescente se lève sur ses genoux et se penche vers le garçon qui fait de même. Aussitôt qu'ils se regardent, l'océan dans les yeux de la première attise les ardentes iris de ce dernier. Les mains délicates quittent ses oreilles pour glisser sur sa mâchoire puis sont cou. Il entend son rire, un rire sincère, rare mais précieux. Impossible de regarder ailleurs car trop tard, le voilà tombé.

- Tu es... tu es très beau Kyojuro, sourit-elle.
- Tu es très belle Fuyumi.

La Chaleur  De La  FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant