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Kyojuro n'ayant jamais connu la défunte, se contente de la regarder faire, immobile jusqu'à ce qu'ils prennent congé des lieux.
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- Quelque chose ne va pas ?
- Pourquoi ça n'irait pas ?
- Je peux entendre que tu es... anxieux.
- Ah, excuse-moi. Je ne croyais pas penser si fort !
- N'importe quoi. Répond-elle d'une tape sur le bras du garçon qui laisse s'échapper un rire. Je n'entends que ton é-mo-tion c'est tout ! Je ne voudrais pas que tu me prenne pour une indiscrète mais je sens que ça ne va pas donc je dois demander. Parle - moi...Au moins à moi.

Le garçon la regarde quelques secondes.
Elle voyait clair en lui. Son oreille a toujours été des plus attentives et ses paroles, réparatrice. Hélas, le jeune a gardé pour habitude de ne jamais exposer ses craintes à quiconque. Il ne voulait accabler personne d'une charge que lui devait porter. Toutefois, Fuyumi s'est avéré être sa grande confidente et n'a cessé de lui faire partager le poids de ses vulnérabilités avec elle.

- *Soupire*. À force de présenter mon épaule à qui en a besoin, que l'inverse se passe me paraît toujours peu naturel. Mais tu as raison, ce serait arrogant de ne pas aborder mes soucis car tu es la personne de qui je suis le plus proche aujourd'hui.
En fait, je pense à mon père. Disons-que je ne sais pas ce que la nouvelle lui fera. Il se fait que j'ai baigné un long moment dans l'idée, de plus en plus illusoire que mon père aurait à ce moment là, l'étincelle qu'il fallait pour rallumer ses braises...
Mon paternel est un grand homme et je sais qu'il n'a pas besoin de moi pour se relever. Cependant, je ne peux m'empêcher de l'imaginer un beau jour, heureux, souriant, rayonnant tel un soleil après que j'aie pu l'aider à ouvrir les yeux. Au plus j'y penses au moins j'y crois et malgré que ce ne soit pas rationnel, je n'ai pas envie d'avoir raison d'en douter. Voilà tout.

- Mm. Je suis peinée que les choses soient ainsi entre vous et je comprends ton inquiétude.
Pour une fois que ton optimisme te fait défaut, il fallait que ce soit maintenant., Plaisante légèrement Fuyumi.
Mais plus sérieusement, je pense que tu n'as pas grand chose à perdre à espérer jusqu'au bout même si ça paraît inutile parce que les deux issues restent encore possibles. De l'autre côté, je penses aussi qu'il est tout à fait raisonnable de ne pas vouloir être déçu. Si ça arrive, je serai là et Senjuro aussi. Et puis il y a déjà tant de personnes qui reconnaissent ta valeur alors, il y a quand même de quoi se réjouir !
Peut-être que ce ne sera pas aujourd'hui, ni demain mais tôt ou tard; ton père retrouvera son chemin. Laisse faire le temps.
- Je dois lâcher prise et me concentrer sur l'essentiel !
- Exactement !
...

Enfin au domaine, les voilà qui annoncent la grande nouvelle à Senjuro. Fuyumi se réjouit de revoir la fratrie réunie à nouveau comme au tout début. Le décor resté, lui, inchangé prête une énièmes fois sa scène aux trois personnages.
En deux années, Fuyumi est passée de jeune fille coincée entre les peignes, les rubans, et les livres à épéiste d'élite, robuste, expérimentée et assurée. Qui aurait cru que là se trouverait sa voie ?

- Vous avez réussi ? Vous en êtes hashiras ?!
- Et oui !! Hahaha ! S'exclame le grand blond.
- C'EST GÉNIAL ! VOUS ÊTES LES PLUS FORTS !
- Haha merci, tu nous flattes ! Mais il nous reste encore plein de choses à apprendre !
- Ah oui ? Vous êtes vraiment super courageux, ça c'est sûr ! Moi, je pourrais pas faire tout ça.
...

- Maintenant tu vas le dire à papa ? Tu crois qu'il sera content ? Ça fait longtemps qu'il n'est plus jamais content de rien du tout. Dit le garçon, la mine déconfite.
- J'espère qu'il le sera mais s'il ne l'est pas ce n'est pas grave parce que j'ai d'autres personnes comme toi qui seront très contents pour moi !
...

La Chaleur  De La  FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant