3.Un marché

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Aussi étonné que pouvait être les 900 guerriers et guerrières Khuzayes, les Savarans n'étaient vraiment pas là pour se battre. Ce qu'avait pris les éclaireurs de Pagan Beg pour une immense armée n'était qu'une garde d'élite d'environ 200 hommes suivi d'une grande colonne de charrettes.
L'Amir Savaran se présenta, sur son char impérial, tiré par des chevaux pur sang et richement décoré de gravure d'or. Kasim Beg, escorté de quelques guerriers, s'approcha. L'Amir parla en premier:

"Grand Beg Khuzaye. Mon messager vous a dis la raison de ma venue. Cela peut paraître étonnant, sachant le passif entre nos deux peuples. Mais je vous assure que les charrettes derrière moi sont en réalité remplies d'or, d'armes et de nourriture qui vous est  destiné.
-Pourquoi, répondit Kasim, au nom du Soleil, nous offrir de tels présent alors que nos peuples sont ennemis depuis tant d'éclipse?
-Les terres sauvages n'est pas le seul endroit affecté par la grande sécheresse, Khuzayes, des régions dans mon empire également le sont. J'ai envoyé nombres d'éclaireurs partout en Estaria pour qu'on m'y rapporte des évènements similaires à ce que y arrivait aux terres situées plus au nord de mon empire. Étant donné que je ne peux pas vous accueillir sur mes terres, car la population y est déjà trop élevée, et comme cette grand sécheresse n'arrangent rien, je suis tout de même incapable de vous laisser à votre sort alors que vous avez besoin d'aide. Les terres plus au sud d'Estaria sont épargnées de cette sécheresse, votre peuple trouvera refuge en Vivarie, et avec ce que je vous offre, vous pourrez acheter votre place, ou vous battre pour l'obtenir. Je vous fait présent, et en échange, votre peuple n'ira pas sur les terres de l'empire Savaran. Avons nous un accord?
-C'est une proposition... Intéressante."

Kasim avait du mal à cacher son désarroi, même avec son masque. L'Amir est parfaitement au courant de leur situation, et plutôt que de les piéger, de massacrer leurs ennemis une fois pour toute, il offre son aide? Il ne pouvait s'empêcher de se dire que cela cachait quelque chose, qu'il y avait sûrement un piège pour que l'Amir tire tout le profit, sa seule condition, ne pas obtenir l'asile sur ces terres?
Ce que l'Amir n'avait pas dit, c'était que l'empire Savaran était très affaibli. Si l'Amir avait pu monter une armée suffisante pour écraser les Khuzayes et prendre les terres sauvages, il l'aurait fait. Malheureusement une guerre civile faisant rage à l'est de l'empire, la prospérité de l'empire Savaran avait été durement affectée. L'Amir a donc davantage intérêt, en étant informé de la détresse des Khuzayes, de les payer pour qu'ils partent affaiblir le royaume de Vivarie, qui est lui aussi un ennemi dangereux.
Après une longue réflexion, Kasim pris la parole:

"J'accepte. Nous prenons vos cadeaux et nous partons en Vivarie."

Kasim était devenu, sans le vouloir, un pion sur l'échiquier de l'Amir. Mais comment pouvait t'il le savoir ? Il n'est qu'un chef de tribu nomade, la survie de cette dernière est tout ce qui lui importe. Au péril de sa vie, il ne souhaite que assurer la pérennité du peuple Khuzaye. Les manipulations politique d'un Amir véreux pour affaiblir ses adversaires lui passait au dessus de la tête. Il pouvait obtenir or, arme, nourriture, ce qu'il fallait pour trouver un nouveau foyer. Il n'allait pas s'en priver. Avec ces chargements supplémentaires, la horde Khuzaye quitta les terres sauvages, en direction du royaume de Vivarie. En regardant une dernière fois la terre ancestrale de son peuple, il ne vit que mort et désolation. "Il était temps de quitter cette terre maudite." dit-il à Tengri.

Estaria: Une Terre MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant