16. Bataille sur les Champs Mossovites

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Kasim sortit de sa tente, avec Tengri et Mozak. La horde commençait à s'agiter. Pagan sorti également de la tente d'où il était soigné. Titubant, mais debout, il se dirigea vers Kasim.

"Grand Beg! Dit-il. C'est à vous de mener notre peuple en sécurité. Je peux vous assurer dans les batailles à venir, si vous acceptez mes excuses pour vous avoir défié.
-Ne vous excusez pas, répondit Kasim, Pagan. C'est moi qui devrait m'excuser. Prouvez moi que mon sort vous a été inefficace, montrez que vous  êtes toujours aussi vigoureux, prenez un cheval et ouvrez la voie. Nous partons pour éviter le combat.
-D'accord. Les Vivariens arrivent du nord et du sud. Nous allons devoir nous enfoncer dans les terres Vivariennes."

Tengri intervint:

"S'enfoncer en Vivarie serait dangereux. Nous ne connaissons pas le terrain, nous serions désavantagés et vulnérables. Repassons de l'autre côté du fleuve d'Or.
-C'est impossible, répondit Kasim, Pagan a raison. Les terres de l'autre côté du fleuve sont devenues trop inhospitalière, nous allons devoir attendre de pouvoir engager le combat en Vivarie. Pour l'instant, nous devons empêcher de se faire attaquer par deux fronts simultanément."

Pagan et Kasim se serrèrent la main puis le corps.

"Bonne chance, mon frère. Dit Kasim
-Je ne vous décevrai pas." Répondit Pagan.

Pagan Beg prit un cheval et ordonna de le suivre. La horde rangea ses tentes, rassembla son bétail, puis commença lentement à se déplacer. Mozak Sham parla avec Kasim, en lui tendant le masque de guerre:

"Grand Beg, notre peuple va avoir besoin de vous pour faire face aux événements à venir. Porter le Begssar, et chaque guerriers vous suivra jusqu'à leurs derniers souffles. Le pouvoir du Begssar, ce n'est pas de la magie, ce n'est pas une illusion, c'est l'influence qu'il a sur chaque Khuzaye, et le respect qu'il inspire."

Kasim prit le masque, le fixa un instant, puis le mit sur sa tête :

"Vous avez peut être raison, dit il, cependant, il faudra que vous m'expliquiez pourquoi je parle à Rost Sham.
-Quand nous aurons du temps, pour l'instant, c'est précisément ce qu'il nous manque."

Mozak avait raison. Ulrich et ses troupes n'était plus qu'à 10 minutes de rattraper la horde. Cependant, il ordonna une halte. Il ne voulait pas engager le combat. Il ne voulait pas tuer les Khuzayes, ni envoyer ses soldats à la mort. Il était fatigué de la guerre, et le plan d'Alexandre lui permettait de laisser Pierrot de faire tout le travail. Il ne voulait pas se sentir responsable de la mort de qui que ce soit, même si c'est lui qui était en train de forcer les Khuzayes à aller à la rencontre des troupes de Pierrot sur les champs Mossovites. Ulrich aurait pu ordonner à des groupes de cavaliers d'attaquer la caravane Khuzaye afin d'affaiblir leur forces, mais ne le fit pas. Cette inaction allait paradoxalement mener à un désastre que Valach voulait tant éviter.
Kasim et tout les autres Begs menait la horde en direction des Champs Mossovites. Pierrot avait placé son armée sur une colline en bordure des Champs, en formation de bataille. Les premiers Khuzayes arrivèrent dans les vastes plaines. Les éclaireurs n'avaient pas repéré l'armée de Pierrot, car ils n'avaient pas reçu l'ordre de s'éloigner. Ils aperçurent une gigantesque masse apparaître sur la ligne de crête de l'autre côté de la plaine. Les Begs furent avertis et Kasim pris rapidement l'initiative :

"Les Vivariens veulent nous piéger! Nous allons leur offrir ce qu'ils veulent! Dit-il.
-Grand Beg, c'est de la folie! Répondit Tengri. Ils ont l'avantage de la hauteur, et nous sommes poursuivis!
-Si nos guerriers n'engagent pas le combat, personne ne retiendra leur armée, et nous serons tous massacrés. Nous devons gagner du temps pour sauver notre peuple. Tengri, je veux que tu guides ceux qui ne se battrons pas en lieu sûr. Fait les sortir des cette plaine et va plein sud, nous te retrouverons quand tout sera terminé.
-Grand Beg, je veux vous prouvez ma valeur! Je veux me battre!
-Tu seras davantage valeureux en sauvant nos frères vulnérables qu'en te sacrifiant comme nombre de nos combattants sont déjà prêts à le faire. Il n'y aura pas de sacrifice trop grand, mais aucun sacrifice inutile non plus!"
Ce discours prononcé au 6 autres Begs les avaient galvanisé. Ils étaient prêts. Pendant que Tengri sauvera les vulnérables, Pagan, du clan du Loup, avec Maraza Beg, du clan de l'Ours, mèneront la cavalerie de choc. Armés de leurs lances, les Misho Musani étaient équipés et entraînés à frapper vite et fort, et malgré leur infériorité matérielle par rapport au Leiçis Vivariens, ils étaient redoutable par leur rapidité.  Nokkor Beg, du clan du Renard, mène les archers à pied, en Khuzayes appelés Kupchaks, d'une précision redoutable et d'un entraînement au tir si intense qu'ils en sont les archers à la meilleure cadence de tir de tout Estaria. Magyar Beg, du clan du Cheval, les archers à cheval, les Kupa Musani, insaisissable et mortel, fatiguant l'ennemi avec leurs flèches avant de les disperser en chargeant, et enfin Abass Beg du clan de la Chèvre mènera l'infanterie, les Darans, des guerriers polyvalent par leur maîtrise des piques pour contrer la cavalerie, et leur maîtrise des javelots pour neutraliser les menaces à distance. La cavalerie de choc était l'épine dorsale de l'armée Khuzayes, d'où la nécessité de confier le commandement à deux Begs au vu du nombre de guerriers à commander. Kasim quant à lui, devra galoper d'unités à d'autres pour transmettre ses ordres de bataille. La totalité de son armée compte sur lui pour la mener à la victoire. Il doit élaborer rapidement une tactique pour contrer la charge des Leiçis, ou la bataille sera déjà perdu.
Pierrot quant à lui, ne connaissais pas l'organisation de l'armée Khuzaye. Un défaut majeur, car il est difficile de battre un adversaire qu'on ne connait pas. Heureusement, il connaissait bien son armée, et savait comment utiliser ses unités. Les Leiçis pour charger de front et disperser l'armée adverse, les piquiers pour créer une phalange arrêtant toute unité de cavalerie arrivant au contact, leur arbalétriers et archers, appelés Balistaris, organisé et entraînés pour saturer les troupes ennemies sous des pluies quasi continue de flèches et de carreaux. La tactique de combat Vivarienne repose essentiellement sur  la destruction du moral de l'adversaire par le choc de cavalerie et la saturation au feu. L'infanterie est essentiellement présente pour défendre les groupes de Balistaris. Pierrot voyait la horde Khuzaye commencer à s'organiser. Son armée était prête et avait l'avantage de la hauteur. Il décida donc de passer à l'offensive sans attendre les renforts de Ulrich Valach. La cavalerie Khuzaye s'avança en première ligne. Pierrot ordonna aux Balistaris d'ouvrir le feu. Pagan Beg, voyant la nuée de flèche en approche, ordonna de desserrer la formation et de lever les boucliers.  La réaction de Pagan permis d'atténuer grandement la saturation de flèches. La première ligne continuais de progresser. Pendant ce temps, Kasim ordonna à Magyar Beg de mener les Kupa Musani sur le flanc gauche et de s'avancer à portée de tir. Les Misho Musani continuait de subir le feu Vivarien tout en avançant, mais cela n'affecte en rien leur moral: ils ne sont pas là pour gagner, mais pour gagner du temps. Si ils fuient le champ de bataille, la horde sera vulnérable. La cavalerie Khuzaye était au pied de la colline. Les archers montés commencèrent à décocher leurs flèches. Pierrot manqua de se prendre une flèche, mais Elista, l'accompagnant, parvint à utiliser sa magie pour incinérer la flèche avant qu'elle  n'atteigne sa cible.
Surpris, Pierrot remercia Elista , cette dernière lui répondit par un baiser.

"Revenez en vie, mon prince." dit elle.

Pierrot lui sourit, et il pris la tête des Leiçis. Il mena la charge pour répondre au tir des archers cavaliers Khuzayes. Ces derniers, en voyant ces cavaliers d'élite, aux cuirasses brillantes dans le soleil à son zénith, firent demi tour et commencèrent à se replier vers le reste de l'armée. Tout se déroulait selon le plan de Kasim. Les Leiçis poursuivirent les Musani jusqu'à la formation des Darans. Les cavaliers Khuzayes changèrent brutalement de direction sans que les Leiçis, trop lourd, ne puissent les suivre. La charge arriva dans un mur de piques , ce qui l'arrêta brutalement. Malheureusement cela était insuffisant, les Darans restait moins bien équipés que les Leiçis et les Khuzayes avaient trop de difficultés pour traverser les armures Vivariennes. Après une lutte acharnée, les Darans partirent en déroute. Kasim attendait ce moment pour ordonner aux Kupchaks de lever leurs arcs. Quand les arcs furent bander, Kasim utilisa sa magie et enflamma toute les flèches. Les archers Khuzayes tirèrent une nuée enflammée sur une troupe de cavaliers. Le feu fit paniquer les chevaux, déjà fatigué par la charge et l'affrontement précédent. Ceci créa une ouverture pour que Pagan, Maraza et Magyar d'ordonner une charge générale sur la cavalerie Vivarienne déstabilisée. Elista voyait depuis la colline le désastre que cela allait engendrer. Pour sauver celle dont elle était tombée amoureuse, elle ordonna au piquiers de descendre la colline au pas de course pour charger dans la mêlée et soutenir leur prince. Les Balistaris ne pouvait pas ouvrir le feu, cela était trop risqué. La mêlée entre la cavalerie Khuzaye et Vivarienne fut difficile. Pierrot, trop combatif, ne resta pas sous la protection de sa garde rapprochée et participa à l'affrontement, jusqu'à ce que l'impensable se produisit.

Estaria: Une Terre MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant