Rocas

Chapitre 22 : Des révisons tourmentées

Alexandre ouvrit les yeux, constatant avec surprise les lueurs du jour qui venaient lui caresser le visage. Malgré l'heure matinale, il demeurait seul dans le dortoir, le reste des camarades de cinquièmes années ayant déjà quitté la pièce en direction des salles de cours. Lentement, le jeune homme se prépara et sorti de sa chambre, vaquant dans les couloirs déserts. En effet, son amant, désireux de garder son titre de meilleur élève du siècle de l'établissement avait décidé de suivre les conseils de ses professeurs à la lettre, à la grande déception d'Alexandre. Ce dernier parti donc à la recherche des Chartams ; mauvaise idée, car aucune d'entre elles ne voulait passer du temps en sa compagnie, d'une part parce qu'elles aussi étaient plongés dans leurs révisions, d'une autre parce qu'elles étaient bien loin d'avoir oublié le discours offensant du jeune homme. Même Lucia, avec qui il avait pourtant de meilleures relations, ne pouvait s'empêcher de se remémorer l'agression de son ancien leader. En dernier recours, Alexandre se dirigea vers les Forceps, un grand sourire aux lèvres et des yeux doux ; cette initiative fut encore plus défectueuse que la précédente, le jeune homme étant obligé de se sauver afin d'éviter des coups de cahiers. Scandalisé par un tel rejet, l'ancien leader des Chartams courut se réfugier au CDI, non pas dans afin de réviser ses examens mais pour se lamenter sur sa solitude :

- Pourquoi personne ne m'aime ? Gémit-il en s'écroulant sur sa chaise habituelle. Pourquoi personne ne veut de ma compagnie ?

- On se demande bien pourquoi.

Alexandre fit volte-face. Quelques chaises plus loin, Hermione le fixait, tenant entre ses mains un livre intitulé « Comment j'ai brillamment réussi à dompter une fourmi ? Mes conseils pour commencer votre élevage ». Le jeune homme baissa la tête, résigné.

- Je n'en attendais pas moins des Forceps, mais je pensais que les Chartams... Enfin, nous avons quand même été inséparables pendant cinq ans, je pensais que notre amitié était plus forte...

- Mais Alexandre, lui lança la jeune fille en abaissant son livre, tu ne sembles pas comprendre : il n'y a plus de Forceps et Chartams ! Cette époque est définitivement révolue. Désormais, c'est William et toi, mais surtout toi je ne vais pas te mentir, contre le reste de l'école.

Le cœur lourd, le jeune homme releva les yeux, croisant le regard d'Hermione.

- Mais je me suis excusé en plus, qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus...

- Alexandre.

La jeune fille ferma violemment son livre et le reposa, fixant sévèrement son camarade.

- Personne n'est assez crédule pour croire qu'Heather et Carla ont menti. A part peut-être William...

- ET ALORS ! S'écria Alexandre en serrant les poings. Si ces deux harpies n'avaient pas commencé à essayer de me tuer et me faire chier, je me serais bien évidemment excusé, mais là...

- Alexandre. Tu n'as même pas essayé de formuler un mot d'excuse, tu n'en as jamais eu l'intention.

Calmement, Hermione rouvrit son livre, bien loin de se laisser impressionner par son camarade.

- Si tu veux vraiment arrêter de mentir à William et redorer ton image auprès de tous les autres cinquièmes années, tu devrais lui avouer ce que tu as vraiment fait. Il comprendra, j'en suis sûr.

Alexandre se leva d'un bond, saisissant son sac au passage. Le pas lourd, il se dirigea vers la sortie de la salle. Hermione avait raison ; ce n'était pas dans ses habitudes de reconnaître ses torts, mais William comprendrait. Au bout du couloir, le jeune homme fixa son reflet quelques secondes, et en profita pour replacer une de ses mèches blondes derrière son oreille. Dans une grande inspiration, il réajusta également sa cravate à la perfection avant de se diriger vers la salle d'étude. Son amant était la dernière personne qui acceptait de lui accorder de l'attention dans ce foutu établissement ; il fallait qu'il arrête de lui mentir. Et puis dans le pire des cas, il pourrait choisir particulièrement bien ses mots pour faire entendre ce qu'il voulait à William...