Chapitre 6 : Sport d'équipe

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Porté par l'euphorie, cette première victoire ravi les Forceps. En quatre ans d'amitié et de rivalité, ils n'avaient jamais eu le dessus sur les Chartams, et n'avaient jamais si peu craint les éventuelles conséquences de cette victoire. Cependant, à l'entrée du mois d'Octobre, le manque des siens commença à entacher le bonheur de William. Même à l'aube de l'âge adulte, ère qui sonnait pourtant l'heure du départ du cocon familial, le jeune homme tenait évidemment énormément à sa famille. Comme quasiment l'intégralité de l'école, ces derniers faisaient partie d'une classe sociale plutôt élevée, et s'ils étaient fort occupés dans leurs métiers respectifs, ils n'en demeuraient pas une famille soudée. C'est pour cette raison que dès le week-end qui suivit son élection de délégués, William prit sa plus belle plume, s'installa dans son coin favori du CDI, et commença à rédiger son écrit :

« Chère famille,

Comment vous portez-vous ? Papa, les affaires vont toujours aussi bien à la Arcardia Bank ? Le grand-père de Jessica s'est-il remis de son accident ? Maman, les négociations sont-elles toujours aussi fructueuses ? Pour ce qui est de mon cas, je vais merveilleusement bien, maintenant que je vous écris. En effet, votre absence et le manque de nouvelles m'étaient difficiles à supporter. Je suis bien rentré à Watterfall High, même si mon arrivée fut marquée par une très mauvaise surprise. En effet, tous mes ennemis se trouvent dans ma classe, sans exception, de même que tous mes amis ; cela a le mérite de contrebalancer les choses. Ma professeure principale est une nouvelle fois Madame Pichard ; vous savez, la femme aux lunettes que vous avez vu lorsque vous êtes venus me chercher l'année passée. Ah oui ! J'ai été élu délégué de ma classe, ma suppléante est Micheline ; l'autre déléguée s'appelle Carla Caprisun, une de ces personnes que je n'apprécie guère. J'espère recevoir une réponse rapide de votre part, il me tarde de recevoir de vos nouvelles.

Mes plus sincères sentiments,

William Facturus, votre fils bien aimé.

P.S. : Comment va Fabien ? Je sais pas ce qu'il devient, et si vous savez son adresse précise, j'aimerais bien que vous me la communiquiez s'il vous plaît. Je serais curieux de savoir où il en est avec son association. Je vous en remercie d'avance ».

Satisfait de sa lettre, William sortit un buvard de son sac et tapota soigneusement son écrit avec. Il prit son nécessaire à lettres, saisit sa plus belle enveloppe et laissa un sceau à l'image des armoiries de sa famille. Après cela, il sortit de la bibliothèque pour se rendre au secrétariat, située dans une pièce voisine à celle de l'entrée principale. C'était le repère de Stéphanie Tyker, une vieille femme que William n'appréciait que très peu, la qualifiant même de vieille chouette aigrie à la vue de l'expression fermée de son visage. De plus, cette dernière portait d'immenses lunettes épaisses, qui grossissaient considérablement ses yeux, augmentant encore plus ce constate.

- Bonjour madame, lui lança William dans un grand sourire, ce serait pour...

Son interlocutrice leva lentement son nez de ses papiers, fixant le jeune homme par-dessus ses lunettes carrées.

- Nom, prénom, classe je vous prie. Et parlez plus fort s'il vous plaît.

- William Facturus, reprit le jeune homme en augmentant le volume de sa voix, classe de cinquième année. Je voudrais poster une lettre, s'il vous plaît.

- Vous voudrez poster une annonce ? Lança madame Tyker les yeux ronds. Je suis désolée mais le micro est réservé...

- UNE LETTRE ! Hurla William.

La vieille femme sursauta, de même que quelques élèves aux alentours, qui le dévisageaient incrédules.

- S'il vous plaît madame.

RocasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant