Chapitre 21 : Le mystère de la Broken Wood

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Deux jours s'écoulèrent, deux jours durant lesquels William ne vit pas la lumière du Soleil ; en effet, effermé sur son étagère au CDI, il révisait sans relâche ses examens, préparant pendant ses rares moments de pause son excursion dans la forêt : lampe électrique, casque en cas d'attaque accompagnés d'autres accessoires de plein air, le tout rangé dans un sac à dos qu'il avait soigneusement dissimulé dans son armoire, à l'abris de tout technicien de surface. Cependant, il ne put repousser le moment fatidique bien longtemps ; munis de tous ses outils, le jeune homme rejoint au milieu de la nuit son amant dans le hall, à pas de loup.

- Bonjour Facturax, murmura le Chartam à l'abri d'une colonne. Prêt pour l'expérience de ta vie ?

- Plus que jamais, lui répondit William, son cœur battant la chamade.

En effet, plus l'excursion se rapprochait, moins le jeune homme faisait preuve de courage. Alexandre jaugea son interlocuteur de la tête aux pieds alors que ces derniers traversaient silencieusement le parc de l'école, guidés par les doux rayons de l'astre lunaire.

- T'es au courant que nous partons en excursion dans la forêt ? Lui lança Alexandre lorsqu'ils entamèrent la descente envers la forêt.

- Evidemment, regarde tout ce que j'ai pris...

- Tu sais également que c'est un lieu hostile, dangereux et potentiellement hanté ?

- Oui enfin, se renfrogna William, bougon. C'est qu'une supposition.

- Alors mon cher et tendre Facturax, je te pose la question suivante, lui lança le jeune homme en s'arrêtant. Pourquoi tu viens dans cette même forêt dans un PUTAIN de pyjama grenouille ?

Un seul regard en direction des chaussures de son dulciné suffit à lui faire lever les yeux au ciel :

- Et avec tes affreuses tongs jaunes à pois verts en plus ! Franchement William, t'abuses.

- Je peux tout t'expliquer, balbutia le jeune homme, confus. Il fallait avoir une tenue confortable, comme ça, quand je t'aurais prouvé que t'as eu tort...

- Mais ça a aucun sens, imagine t'as besoin de t'enfuir en courant avec des tongs, ce sera impossible...

Un craquement suspect en provenance de la forêt fit cesser les chamailleries des deux jeunes hommes.

- On se disputera une autre fois sur ton style vestimentaire mon cher, cette nuit on a beaucoup trop de pain sur la planche, intervint Alexandre en jetant un regard déterminé en direction des bois. Allons-y !

Tout en déglutissant bruyamment, William suivit son amant au pas de course. Essoufflé, il contourna le lac éclairé par le clair de Lune pour pénétrer dans les bois, se déplaçant de buissons en buissons. Tendu, il retint un maximum son souffle. D'ordinaire si cartésien, William ne pouvait pas nier l'effroi que lui procurait le lieu ; les dents claquantes, il frissonnait à chaque hululement d'hibou ou craquement de brindille suspect. Au fur et à mesure que les deux jeunes hommes progressaient sur le chemin de terre tortueux, s'enfonçant de plus en plus profondément dans les bois, le cœur de William sauta un battement ; au loin, le toit d'une cabane commençait à se dessiner dans l'obscurité. Sur ce dernier, un coq en fer forgé produisait d'affreux grincements au fil de la légère brise printanière. Impatient, Alexandre accéléra le pas, obligeant William à augmenter son allure :

- Attends-moi...

Arrivé devant la maison, il put apercevoir qu'elle était entourée d'une barrière lui arrivant aux genoux, vermoulue de toute part. Cette dernière venait parfaitement épouser ce macabre spectacle. Les fenêtres, recouvertes d'épaisses toiles d'araignées étaient recouvertes de kilos de poussière empêchant tout vis-à-vis à l'intérieur comme à l'extérieur du domaine. Sous les pieds de William, un chemin de pierres brisées menait à la maison, si vieux qu'il semblait incrusté dans le sol. Les buissons, quant à eux, ne semblaient pas avoir été taillés depuis des décennies. A cette vision, William se tourna vers son amant, hésitant :

RocasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant