Chapitre 27

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Nous chevauchons tous les trois depuis une journée entière, en fin de journée, les chevaux sont harassés et nous aussi. Geralt décide alors de dresser un camp de fortune dans la forêt, non loin de ses amis nains. Jaskier se plaint d'avoir les fesses et le dos endoloris, ce qui me fait bien rire. Mais notre bonne humeur ne dure pas très longtemps, car nous pensons tous à Ciri et sommes inquiets pour elle. Geralt est particulièrement renfermé ce soir là, et je me doute que c'est parce qu'il vit mal la trahison du soit disant amour de sa vie, qui a kidnappé Ciri pour se servir d'elle... Quand j'y pense, j'enrage encore. Lorsqu'il sera prêt à entendre, il faudra qu'on ait une conversation lui et moi à ce sujet. Pour l'instant, je préfère m'occuper du camp et de nos montures. Je descelle les chevaux, leur donne de l'eau et un peu de foin, puis je décide d'aller chasser, seule. Cela va me faire du bien.

Durant ma traque, j'essaye tant bien que mal d'entrer en contact avec Ciri mais je n'y arrive pas, ce qui décuple mon inquiétude et me met dans une rage folle. Je tire alors sur tout ce qui bouge. Aussi, lorsque je reviens de ma chasse nocturne, je rentre avec deux perdrix, un lapin,  et un chevreuil. Jaskier et Geralt me regardent l'air ahuris, mais ils ne sont pas les seuls. Derrière eux, se tient ce qui me semble être une compagnie de nains... Décidément je serai toujours surprise par les fréquentations de Geralt ! Ceux ci n'apprécient en général guère les femmes, mais comme je reviens avec le repas, ils m'accueillent à bras ouverts. Geralt me présente rapidement comme sa "coéquipière sorceleuse et magicienne", "et fournisseuse officielle de vivres en plus!" ajoutais-je pour le taquiner, et nous dînons tous ensemble au coin du feu. La discussion tourne essentiellement autour des niefgardiens, de la guerre qui se prépare et de Ciri que nous tentons de retrouver. Geralt explique aux nains qu'il s'agit de son enfant surprise et qu'il a juré de la protéger, "je veux accomplir mon devoir, mais je n'y arriverai pas seul, j'ai besoin de vous" nous confia t'il en contemplant le ciel étoilé, pensant certainement à la destinée. Les nains se joignent à Jaskier pour lui jurer fidélité et soutien en guise de réponse. Geralt se tourne alors vers moi, le regard interrogateur : 

"Et toi ?" me demanda t'il enfin après un temps. Nos échanges avaient été assez courts depuis nos retrouvailles forcées.

- Je suis là pour Ciri, et si pour la protéger je dois faire équipe avec toi, alors soit. Mais n'attends pas plus de moi" répondis-je d'une voix sèche. Geralt baissa la tête.

- Oui, bien évidemment. Je prends le premier tour de garde..." conclut Geralt en se levant pour aller monter la garde à l'entrée du camp. Les nains allèrent de leur côté se coucher, en emportant au passage deux bouteilles de bière, et je me retrouva seule avec Jaskier qui me fixait étrangement.

- Alors comme ça toi et Geralt... commença le barde, l'air curieux.

- Je n'ai pas envie d'en parler, le coupais-je aussitôt.

- Est-ce que tous les sorceleurs sont vraiment ainsi ? à refuser de parler de leurs sentiments ? reprit Jaskier en s'emportant. Enfin, à refuser de communiquer tout court... bougonna t'il.

- Désolée, je manque de bonnes manières c'est vrai... Il n'y a pas grand chose à dire tu sais. Geralt et moi ça n'a pas duré très longtemps et cela s'est terminé de manière assez brutale, il y a un mois, avouais-je en reprenant une gorgée de bière. Cette discussion me donnait envie de boire.

- Je vois... à toi aussi il a dit des choses qu'il ne pensait pas ? Il t'a volontairement blessé pour te faire partir ?

- On peut dire ça oui... éludais-je.

- Moi il m'a envoyé me faire foutre, littéralement, et ensuite il m'a planté là, au sommet d'une montagne. J'étais perdu et anéanti, me confia Jaskier l'air soudain triste. Je savais qu'il était solitaire, et plutôt avare en conversation, mais je pensais qu'il tenait à moi, amicalement parlant bien sûr, après tout ce que nous avions traversé comme aventures...

- Je le pensais aussi, mais je l'ai surpris entrain d'en embrasser une autre alors... J'imagine qu'il ne tenait pas autant à moi que je ne tenais à lui... nous échangeons un regard complice avec Jaskier avant de trinquer à nouveau.

- Je bois à Geralt de Riv le briseur de coeur et d'amitié ! lança Jaskier. Cul sec !

- à Geralt l'imbécile !" repris-je en coeur et bien fort, au fond de moi, j'espérai bien que le sorceleur blond entende les noms d'oiseau qui défilaient à son encontre.

Nous passons une bonne partie de la nuit à discuter ainsi avec Jaskier, nous racontant les mésaventures de notre vie passée en buvant allègrement les bouteilles de bière qui traînaient dans nos sacs ou autour du feu. Au petit matin, Geralt nous trouve endormis l'un contre l'autre, de fortes effluves d'alcool se dégageant de nos vêtements. "Debout là dedans! C'est l'heure de partir !" lança Geralt en donnant un petit coup de pied à Jaskier pour qu'il se réveille. Je grogne et ouvre les yeux difficilement. "Geralt, ta gueule !" dis-je en m'étirant. "ça, ça venait du coeur..." commente joyeusement Jaskier. Geralt hausse les sourcils et nous tend une gourde remplie d'eau : "tenez, buvez ça!". Puis, il me lance un regard accusateur mais garde le silence. "ça ne s'est pas amélioré entre vous" constate Jaskier en buvant le premier. Je regarde Geralt s'éloigner préparer son cheval et réponds "non, en effet".

Alors que je me lève, je suis soudain prise de vertiges, et m'effondre de nouveau au sol. Jaskier se moque de moi en disant que "décidément je ne tiens pas l'alcool" mais moi je reconnais aussitôt les signes et lance un regard paniqué à Geralt. "Alienor, les cavaliers, ils sont là!" crie la voix de Ciri dans ma tête. "Ciri..." soufflais-je en fermant les yeux pour me concentrer. "Ciri, où es tu?" demandais-je à l'esprit de Ciri. Geralt, comprenant ce qu'il se passe, rameute les nains et leur dit de se préparer à partir. Jaskier quant à lui observe la scène et nous lance un regard perdu "qu'est-ce qui se passe au juste?". Je rouvre les yeux et lui réponds "je sais où est Ciri, je l'ai vu, venez ! Elle est en danger!" dis-je en me relevant prestement. Puis, je fais apparaître un portail devant nous. Au travers, nous voyons Ciri et Yennefer entrain de combattre des cavaliers noirs, et elles sont en bien mauvaise posture... "Vite!" s'écria Geralt en passant en premier à travers le portail.

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