𝐋𝐚 𝐜𝐡𝐚𝐬𝐬𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐩𝐢𝐫𝐚𝐭𝐞𝐬 [𝐀𝐜𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]

·• Chapitre 19 •·

Je me retrouve là, devant la porte de la cabine d'Ace, seule. Ce dont je suis sûre, c'est qu'il ne voudra plus jamais me parler. Même si ce n'est qu'une phrase, parler à Ace de son père n'est jamais une bonne idée, et je comprends qu'il le prenne mal. Je l'ai brisé. Je me tourne alors pour m'appuyer contre la porte et me laisser glisser. Je me mets moi aussi à pleurer.
- Merde !
Mes larmes coulent encore sur mes joues, je ne parviens pas à les arrêter.

Je reste un peu à l'arrière du bateau, recroquevillé sur moi-même, avec mes affaires à côté de moi. Qu'est-ce que je suis sensée faire ? Une fois arrivé sur l'île de Sphinx, je quitterai discrètement le bateau et je m'enfuirai. C'est la meilleure solution pour éviter de blesser Ace. Partout où je vais, je n'amène que des problèmes aux personnes qui m'entourent. Il faut que je m'éloigne d'Ace, et rapidement, car je ne lui apporte que des problèmes.

Je passe quelques heures là, sans bouger. Personne ne passe par ici, c'est assez rare. Soudain j'entends les autres parler assez fort, crier même.
- Île en vue !
- C'est l'île de Sphinx !
On arrivera bientôt sur l'île. Il faudra que je me dépêche pour quitter le bateau. Je me retrouvai une fois de plus seule, dans un petit village.

Un peu plus tard, le navire arrive sur les côtes. Je ramasse mes affaires, mon sac de flèches et mon arc. J'ai finalement réussi à m'arrêter de pleurer, mais je ne vais pas tenir longtemps. Je prends alors mon courage et marche en direction du pont. Une fois arrivé, tout l'équipage est bien trop occupé à amarrer le bateau, personne ne m'a remarqué. Personne sauf Marco. Il vient vers moi, et pose sa main sur mon épaule.
- Ça va, (t/p) ?
- Marco, je vais partir.
Il me regarde, surpris.
- Quoi ?
- C'est vraiment gentil tout ce que vous avez fait pour moi, mais je dois m'en aller.
- (t/p), t'es pas sérieuse ! Et Ace dans tout ça ?
Je baisse instinctivement la tête, et les larmes me montent assez vite. J'essuie mes yeux pour m'empêcher de pleurer avec mes mains.
- T'inquiète pas, tout va bien.
Je me force à le regarder avec un grand sourire, pour le rassurer. Je pose ma main sur la sienne, pour la soulever et la retirer de mon épaule. Les autres ont presque tous détourné leur attention sur moi.

Je m'approche de la rambarde et saute sur le bord de l'île. L'équipage se précipite sur la rambarde et s'appuye dessus pour me regarder, étonné.
- (t/p), tu pars ?
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Reste avec nous, (t/p) !
- S'il te plaît !
Je n'ai tout simplement pas envie qu'ils voient tous mon visage rempli de larmes, or je reste dos à eux. Je me contente de leur répondre uniquement ;
- Prenez soins de vous, les amis !
Je commence à marcher dans la ville abandonnée, en entendant les autres m'appeler derrière.
- (t/p), reviens !
- Reste avec nous, (t/p) !
Ça fait mal. Très mal, même.

Cette ville est abandonnée, mais en haut de la montagne, il y a un petit village, et je pense que c'est là qu'ils vont se rendre. Je vais juste faire attention à ne pas les croiser quand ils quitteront le bateau et quand ils reviendront, puis je me débrouillerai pour quitter cette île. En attendant il faut que je trouve une maison pas trop écroulée où je pourrais dormir. Il n'y a personne ici en bas, je ne risquerai rien.
Au fond du village, j'entre dans une maison qui m'a l'air d'être en pas si mauvais état. Je dormirai ici. Le problème, c'est que je n'ai pas de nourriture, il me faudra donc marcher jusqu'à la forêt. J'irai demain, je peux tenir jusque-là.

L'après-midi se passe assez rapidement. Au milieu, j'ai entendu l'équipage quitter le navire. Il ne doit rester personne dessus, aucuns risques qu'il y a quelqu'un ici.

Le soir, mon ventre commence à gargouiller. J'ai passé ma journée dans cette maison. J'arrive plus trop à attendre, et décide d'aller dès maintenant dans la forêt. Je prends donc mon arc et mon sac de flèche. J'ouvre la porte de la maison pour sortir, quand j'entends des bruits de pas. Immédiatement je la referme et écoute attentivement à la porte. Ils se rapprochent d'ici, ça doit être deux membres de l'équipage.

Quand j'entends alors clairement la voix des deux hommes, je ne les reconnais pas.
- C'est lequel qui est resté sur le navire ?
- C'est le pirate Ace aux Poingts Ardents !
- Ahahah. On va se faire de l'argent, avec sa tête.
- T'as pas oublié les balles en granit marin ?
- Non, et j'ai les menottes aussi.
- Quand on a fini de le tuer, on se casse d'ici rapidement. Personne ne risque de voler notre petit bateau, à l'autre bout de l'île.
- Arrête de piailler et dépêche-toi ! Plus vite on le tue, plus vite on part !

Mon cœur loupe alors un battement. Je ne sais pas pourquoi, mais mes mains commencent à trembler, et je sens ma respiration s'accélérer. Qu'est-ce qu'ils font ici, eux ? Qui sont-ils ? Et ils comptent tuer Ace ?
Ils se sont déjà un peu éloignés de la maison dans laquelle je suis cachée. J'ouvre la porte. Je les vois, à l'autre bout de la rue, qui se dirigent vers le bateau. Il y a un homme grand, cheveux bruns, tandis que l'autre est plutôt petit avec des longs cheveux noirs. Non, il n'ont pas l'air très forts, Ace gagnera. Mais... et si...

Bon, je vais y aller si jamais tout se passerait mal. Je ne veux pas qu'ils me voient, je partirai alors une fois qu'ils seront devant le bateau. Il faut que j'arrête de m'inquiéter pour Ace. C'est la dernière fois que je fais ça.

Je descends gentiment le petit village et arrive à quelques mètres du bateau. J'ai l'impression qu'il n'y a personne. Où sont les deux hommes ?

J'arrive à me faufiler à l'avant du bateau, et me cache derrière un mur pour que personne ne me voit. Soudain, j'entend de nouveau les mêmes voix qu'avant, ils ont réussi à monter sur le bateau ?