Chapitre 29 - Chanson d'amour

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— Salut toi, marmonne la plus jolie voix de l'univers.

Alors que je fermais les paupières en faisant semblant de dormir, je les rouvre pour ancrer mes yeux dans ceux d'Adrien.

— Tu es réveillé.

Le blond hoche la tête tandis que je ramène le drap à mon menton d'un geste enfantin. Adrien lâche un rire rauque en déposant un baiser sur mon front, puis il fait mine de se lever. Je saisis son poignet pour l'obliger à reste dans le lit.

— On est dimanche, aucun de nous ne travaille, soulevé-je.

— Moi si. (Avec un soupir, il s'allonge à nouveau à mes côtés.) Mais ce soir.

Je me mords la lèvre tandis que je pose ma tête sur son torse. Je sens son cœur battre paisiblement contre ma joue et je repousse le sentiment de culpabilité qui comprime le mien.

— En parlant de ça..., commencé-je prudemment. Tu ne m'avais jamais dit que tu chantais ou que tu jouais de la guitare.

Je regrette mes mots en sentant son corps se tendre contre moi. Je crois qu'il va esquiver ma question subtilement posée, mais son bras se relâche pour entourer mes épaules, me rapprochant de lui.

— On n'était pas vraiment les meilleurs amis du monde.

Je lève les yeux au ciel. Je suis prise d'une envie de reculer, mais je n'y parviens pas, trop à l'aise dans ses bras. Je me contente d'objecter :

— Je t'ai parlé de choses dont je ne parle à personne. Et je t'ai avoué mes goûts musicaux variés. Je pensais qu'on... Je ne sais pas, je pensais qu'il y avait eu un moment où on se confiait, ou quelque chose dans le genre...

Je déblatère, signe que je suis gênée. Adrien le remarque puisqu'il rit doucement, trahi par le mouvement ses épaules.

— C'est le cas. Je ne t'ai rien dit parce que...

Adrien soupire et ne dit rien pendant de longues secondes.

— Quand j'étais petit, dit-il finalement, j'écrivais des poèmes à ma mère. J'ai toujours eu une imagination débordante, j'avais un cahier rempli de nouvelles que j'écrivais au fil de l'eau. Elle n'a jamais été la plus tolérante des mères, elle pensait que le fait que j'écrive des poèmes me rendait efféminé, un truc du style, tu vois ? (Je garde les lèvres pincées de peur de rompre son moment confidence.) Bref, elle a décidé de me payer des cours de guitare quand je lui ai annoncé que je voulais apprendre le piano, un instrument plus masculin. (Ce dernier mot sonne comme une insulte.) La partie créative en moi, c'est aussi la part sensible, vulnérable. Quand Erika...

Sa voix se brise sur le prénom de son ex. Je sais que ça reste un sujet douloureux, alors je penche la tête pour lui déposer un baiser sur sa joue, espérant lui transmettre toute ma force. Adrien me sert plus fort dans ses bras et poursuit son récit.

— Quand elle m'a quitté, j'ai décidé de ne plus m'attacher pour ne plus jamais ressentir une telle douleur. J'ai essayé de devenir l'archétype du mec sans cœur, sans faiblesse. Toi, tu étais la version féminine de cet idéal que j'essayais de construire, alors je ne voulais surtout pas que tu puisses deviner ce qu'il se passait réellement là-dessous, dit-il en posant ma main sur son cœur. C'est pour ça que je ne pouvais me résoudre à t'avouer mes passions culturelles.

Il ponctue sa tirade d'un rire léger. Je ne sais pas réellement quoi répondre. Je suis ravie qu'il s'ouvre à moi, mais j'en ai tellement peu l'habitude que je ne sais comment régir. Je repousse finalement le drap et me penche au-dessus de son corps pour poser ma bouche sur la sienne.

Un lendemain ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant