Chapitre 10 - Retrouvailles

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J'enroule une serviette autour de mon corps, un sourire béat aux lèvres. Je déteste ce type, mais wouah ! C'était incroyable. Je me sèche rapidement les cheveux quand la sonnette retentit, me ramenant sur Terre.

— C'est Cathy ? demande Adrien en sortant de la douche.

Je fais de mon mieux pour garder mes yeux bien en place. Je lâche un rire

— Non, ça m'étonnerait. Cat ne sonne jamais, elle entre.

Je sors de la salle de bain pour me diriger vers la porte.

— Allons bon, elle va ouvrir nue.

— J'ai une serviette, lui fais-je remarquer.

Adrien lève les yeux au ciel mais ne peut retenir un sourire. Lui a déjà enfilé son jean, mais est torse nu – ce qui n'est pas pour me déplaire. Son tee-shirt est sans doute bon à jeter.

Je le laisse pour aller ouvrir la porte. Heureusement que ma serviette est bien accrochée, parce que je laisse tomber mes bras de surprise quand je vois l'homme posté devant moi. Ses yeux s'ouvrent de surprise en voyant ma tenue, puis encore plus en tombant sur le torse nu d'Adrien.

— Je tombe mal, on dirait.

La gorge sèche, je me force à avaler ma salive pour cracher :

— Quelle surprise. Comme si tu pouvais bien tomber.

Ma voix n'a jamais été aussi froide.

— Hailee...

— Hailee, qui est-ce ?

La voix d'Adrien est emplie de menace, signe qu'il est prêt à attaquer si je le lui demande.

— Adrien, je te présente Paul. C'est mon père.

Ce dernier mot m'écorche la gorge comme un million de lames. Prononcer ça à voix haute rend le tout plus concret : l'homme qui ose se faire passer pour mon père se trouve devant moi. Le même homme qui nous a abandonnés, ma mère, mon cousin et moi, il y a des années.

— Ton...

Adrien semble aussi – si ce n'est plus – choqué que moi. Mike a dû lui raconter mon histoire.

— Hailee, est-ce qu'on peut... ? commence Paul.

— Quoi ? Discuter ? C'est ce que tu sais faire de mieux, hein ? (Je tente de refouler les stupides larmes qui me montent aux yeux.) Évidemment, tu préfères parler qu'agir.

Je recule à petit pas et je percute Adrien au passage. Je me retourne et le pousse pour courir vers ma chambre. J'enfile rapidement un short et un tee-shirt avant de lacer mes baskets. Je m'apprête à sortir mais Adrien me bloque la sortie.

— Laisse-moi passer, Adrien. J'ai besoin de prendre l'air.

Il fait mine d'ouvrir la bouche, mais je le contourne pour sortir de mon appartement à toute vitesse. Je croise Jake, mais je l'ignore et dévale les escaliers pour sortir. Je ne vais pas bien loin, puisqu'à peine la porte franchie, j'inspire une grande goulée d'air frais qui me paralyse. Mes jambes refusent de me porter où-que-ce-soit, je me laisse donc glisser contre le mur de mon immeuble. Les larmes obstruent ma vue, les sanglots m'empêchent de respirer.

Pourquoi est-il ici ? Comment m'a-t-il retrouvée ? Que veut-il ?

Tant de questions fusent dans mon cerveau, j'en ai le tournis.

Il nous a abandonnés, sans aucune aide, sans rien. J'ai envie de lui jeter n'importe quoi à la tête, j'ai envie qu'il souffre comme on a souffert. Je me souviens encore quand ma mère a appris qu'il était parti. Un simple mot : « Je m'en vais ». Quel lâche ! Ma mère a pleuré toutes les larmes de son corps ; elle venait de perdre sa sœur, son mari la quitte. Quel genre d'homme est capable de faire ça ? Désespérée, elle a retiré son alliance, elle l'a lancée à travers le salon. Je me souviendrai toujours du bruit qu'elle a fait en rebondissant contre le chauffage, puis sur le carrelage ; cruel son de la trahison.

Un lendemain ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant