Un lendemain ?

Chapitre 26 - Karaoké

— Allez, Hailee ! Ce n'est rien !

— Non ce n'est pas rien ! Pourquoi j'étais la seule qui n'était pas au courant ?

— Tu n'étais pas la seule, essaie de me rassurer ma meilleure amie.

— Moi, j'étais au courant.

Je pousse un gémissement de désespoir en posant mes mains sur la porte des toilettes.

— Adrien, tu n'aides pas du tout, là. Et qu'est-ce que tu fiches dans les toilettes des filles ?

— J'essaie d'aider, répond le blond d'une voix innocente.

— C'est raté.

Ma voix témoigne de mon déchirement.

— Hailee, ouvre cette porte.

Cat a repris son ton de maman ours, alors je me dépêche d'obéir. Cependant, je ne sors pas de la cabine et me contente de lui lancer un regard abattu. Adrien est appuyé contre le chambranle de la porte, comme s'il craignait d'exploser en faisant un pas dans le sanctuaire sacré que sont les toilettes des filles.

— Tu sais, je ne pense pas que ce soit si catastrophique que ça, dit gentiment mon amie.

— De quoi ? Insulter la fille du patron en crachant sur son roman ? raille Adrien.

Je le foudroie du regard.

— Je n'ai pas craché sur son roman !

— Figure de style, je croyais qu'une correctrice les connaissait. Ai-je précisé que tu as fait tout ça devant le patron en question ?

Je pousse un nouveau gémissement en posant mon front sur la paroi qui ne doit pas être l'endroit le plus hygiénique de l'immeuble.

— Tu n'aides décidément pas, peste Cat en poussant Adrien.

Ce dernier lève les bras en l'air en signe de résignation.

— Très bien, très bien ! Hailee, insulter la fille du patron à qui il promettait un avenir constitué de journalistes, succès et livres édités n'est pas si dramatique que ça en a l'air.

Sa voix n'est pas du tout sincère, ni l'air faussement désolé qu'il essaie d'afficher. Je lui lance un nouveau regard noir.

— Désolé ! se marre-t-il. C'est juste que ça m'étonnait de ne pas voir Hailee faire une gourde pendant toute une semaine. Attendre jusqu'au vendredi soir en aura valu la peine.

Cette fois-ci, je me tape le front contre le mur.

— Je suis si catastrophique que ça ?

Face à l'absence de réponse, je me tourne vers eux. Adrien tente de contrôler son fou rire tandis que Cathy se mord la lèvre en fuyant mon regard. Je me tape à nouveau la tête contre la paroi.

— Je suis une calamité !

Cat se précipite vers moi et me caresse le bras d'un geste maternel.

— Mais non, voyons. Tu es juste ma Hailee maladroite, ce n'est pas ta faute.

— Merci, c'est tellement réconfortant, fais-je d'une voix qui ne le suggère pas.

Ma meilleure amie pousse un soupir.

— Son livre était horrible ! continué-je. Je veux dire, elle ne sait pas écrire, c'était bourré de fautes d'orthographe ou de syntaxe, d'incohérences, et l'histoire n'avait aucun intérêt.

Adrien pointe un doigt vers moi comme si j'avais résolu une équation à trois inconnues.

— Ça, c'est décidément ce qu'il faut dire à son père pour ne pas te faire virer.