Épilogue

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Il n'y aura pas de lendemain.

Quand j'étais petite, ma mère me disait toujours que la vie était un conte de fées. Seulement, c'était à moi de l'écrire. J'étais la princesse la plus forte et la plus courageuse, et j'allais devoir affronter des obstacles, mais qu'est-ce qu'un conte de fées sans obstacles ?

En grandissant, j'ai commencé à comprendre que nous n'avions pas la même vision des contes de fées. La vie n'en est pas un, parce que la vie est injuste, cruelle, elle offre la vie pour la reprendre parfois beaucoup trop tôt.

Dans un conte de fées, la princesse rencontre le prince charmant, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Ma mère m'a interdit de croire en l'amour. Tout est faux, selon elle. Elle n'était tout simplement pas tombée sur la bonne personne. Le prince charmant n'existe pas, mais le chevalier prêt à tout pour sauver la princesse, lui, il existe. Mais, dans la vie, le chevalier n'est peut-être pas destiné à finir ses jours avec sa princesse.

Aimer, c'est détruire ; et être aimée, c'est aller vers sa destruction.

La destruction de qui ? La sienne ? Celle de celui qu'on aime ?

J'ai détruit Adrien. Son petit cœur meurtri bat dans ma main froide, raide, sans vie. Je l'aimais. J'ai aimé. J'ai aimé plus de personnes que je ne m'étais autorisée à le faire. J'ai connu le deuil, l'abandon, et je m'étais juré de ne jamais faire souffrir qui que ce soit. Cruels besoins égoïstes, saleté de joie de vivre transmise par ma mère, fichue leçon de l'amour de son prochain, je n'ai pas respecté ma promesse. En même temps, personne ne tient jamais ses résolutions.

Vouée aux relations sans lendemain, j'ai rencontré cette personne qui a tout changé. Mais il n'y aura pas de lendemain.


***


- Je suis désolée.

Une rage brûle en moi, si forte qu'elle écrase tout autre sentiment.

- Vous êtes désolée ? Vous êtes désolée ? Putain, mais j'en ai rien à foutre que vous soyez désolée ! Retournez dans cette chambre et ramenez-la moi !

- Adrien...

Jane pose une main sur mon bras. J'ai envie de la repousser violemment, mais jamais je ne pourrais la blesser. Je me tourne vers elle, l'œil sec, la mâchoire si serrée que j'en souffrirais si j'y prêtais la moindre attention.

- Non, je... Je peux pas. Jane, j'ai besoin d'elle, OK ? Elle n'est pas... (Le mot ne peut sortir de ma gorge nouée.) Elle ne m'aurait pas abandonné, d'accord ? J'ai besoin d'elle ! Elle est vivante, je le sais !

Jane passe ses bras autour de moi alors que j'ai envie de tout casser autour de moi. Je la repousse doucement, exerçant un immense contrôle pour ne pas la blesser, puis je donne un coup de pied dans la chaise la plus proche. Cat sursaute, recroquevillée sur le sol, dans un coin. Mike et Steven l'entourent, mais ils ne sont pas en meilleur état qu'elle. Son maquillage a coulé, ses yeux sont rouges tant elle a pleuré. Elle pleure encore, comme si elle avait plus d'eau en elle que l'océan devant lequel j'ai vu Hailee sourire pour la dernière fois.

Un nouvel élan de rage me fait balancer une autre chaise. J'entends Jane m'implorer de me calmer. Elle aussi, pleure. Dans cette salle, je suis le seul qui n'y parviens pas. Non, je ne pleurerai pas. Parce qu'elle est toujours là. Elle n'est pas partie.

- Putain ! hurlé-je en me tirant les cheveux.

Delilah est là, elle aussi. Elle tente de consoler sa fille, mais même elle peine à retenir ses larmes.

Un lendemain ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant