- Chapitre IV : enfin

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Tous les mardis et jeudis soirs, après notre entraînement, Semi me rejoignait au gymnase féminin et m'aidait pour mon service. Je ne refusai pas son aide, ayant pourtant insisté pour qu'il ne s'attarde pas pour moi. Enfin, je sentais que je progressais, et mes efforts ne restaient pas vains grâce à lui.

Je parvenais petit à petit à maîtriser mon service smashé flottant, et il me retrouva ce soir encore. On ne parlait pas beaucoup, il veillait juste à ma progression et à m'aider pour le ramassage des ballons. Quoique, ça nous allait à tous les deux, qui n'étions encore que des connaissances.

Je prépara mon service, mais il me coupa dans mon élan.

-Attends.

Il reposa la balle et me prit les poignets. Je rougis, et ne vis pas ses pommettes. Il me retourna les mains, de façon à ce que nos paumes soient l'une contre l'autre.

-Qu'est-ce que tu fais ? L'interrogeai-je.

-Appuie sur mes mains, m'ordonna-t-il en guise de réponse.

Hein ?

-Mais qu'est-ce que tu fais ? Me répétai-je.

-Rooh... S'exapéra-t-il. C'est pour t'aider.

Je poussai alors sur ses mains, de toutes mes forces, et me vexai lorsqu'il ne cilla même pas.

-Explique-moi, dis-je.

-Appuie.

Je fis de même, maintenant son regard, forçant à en devenir écarlate.

-Ok, dit-il. C'est exactement ça qu'il faut que tu fasses contre le ballon quand tu le frappes. Sinon, il va se prendre le filet. Tu visualises ?

-Ah, c'est drôle, tu pouvais pas me le dire plus tôt non ?

-Mais, je ne suis pas dans ton corps, c'est difficile de deviner que tu n'arrives pas à frapper le ballon aussi fort. Encore plus qu'il te faut visualiser ça autrement pour y parvenir.

Je soutîns son regard, me demandant si j'étais vexée ou pas, et si il y tenait.

-Euh... Mais ne le prend pas mal, ce n'était pas mon intention... Enfin, je veux dire... balbutia-t-il en perdant son assurance.

-Ouais t'inquiète j'ai compris.

Je pris un autre ballon et le lança de nouveau, ayant à présent l'impression d'avoir les idées claires. Et si ça m'avait vraiment aidée ?

Je vise la ligne arrière.

Je frappai, et j'eus alors la sensation que la balle était un prolongement de mon bras, que je pouvais contrôler ses mouvements, sa rotation, sa vitesse, sa puissance, son atterrissage et tout ce sur quoi je travaillais depuis plusieurs mois en plus des deux semaines avec Semi.

La balle retomba là où je visais, et je restai bouche bée. Je me tournai vers Semi qui avait les joues rougies, affichant un sourire timide. J'eus des étoiles dans les yeux, savourant la sensation de réussite.

C'est magique, pensai-je.

-Tu vois quand tu veux, dit-il en croisant les bras.

J'hésitai à lui sauter au cou, mais m'abstins en me rappelant que quiconque trouverait ça louche.

-Merci. Vraiment.

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Le lendemain, après les cours, nous priment le même chemin car il devait donner les cours à un de ses amis (qui était dans notre classe) qui avait été absent. On ne discuta pas, et je mis mes écouteurs, le regard retenu par un cerisier en fleurs au bout de la rue.

Je sentis une main sur mon épaule, et m'empressai de retirer un écouteur.

-Tu écoutes quoi ? Me demanda-t-il.

-Arctic Monkeys... Snap Out Of It, répondis-je.

Il eut une expression d'approbation. Je lui tendis alors mon écouteur droit. Il ne parut pas comprendre tout de suite, et me dévisagea, fronçant les sourcils. Il le prit enfin, capitulant, puis l'enfonça dans son oreille droite. Nous marchâmes un moment, à écouter des sons devant le soleil bas et nous finîmes par nous séparer au bout d'une rue. Il me demanda mon numéro avec timidité, et je le lui passai sans problème.

OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant