- Chapitre VIII : synchros

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-Tu crois que M. Harokami a une dent contre nous pour donner ces fiches stupides rien qu'aux volleyeurs ? M'interrogea ma coéquipière.

-Sûrement. Je ne vois pas quelle autre raison le pousserait à nous torturer comme ça.

Nous étions à la bibliothèque, des feuilles et des stylos étalés sur toute la table.

-T'as pas le droit de manger ici, Tendō, lançai-je au rouquin qui croquait dans une barre chocolatée.

-C'est interdit seulement si la vieille me voit, m'informa-t-il avant de gober ce qui lui restait du gâteau et de m'adresser un sourire, les joues pleines.

Je soufflai par le nez. Je m'étais retrouvée avec mes trois camarades de classe volleyeurs pour travailler sur les fiches d'orientation que nous avait fournit M. Harokami. Je me souviens de la réaction de t/ma quand je lui ai dis que nous avions des devoirs en plus pour maintenir nos entraînements :

-Ah, je compatis. Perso, là je suis contente de ne pratiquer aucun sport, haha !

Si seulement elle comprenait qu'on pourrait donner n'importe quoi pour courir après une balle.

J'enfilai un écouteur dans l'oreille droite et passa l'autre à Semi. C'était notre truc. Ça nous arrivait d'écouter de la musique ensemble lorsqu'il ramenait des devoirs à un ami, ou lorsqu'on se retrouvait à faire des devoirs supplémentaires ensemble, comme aujourd'hui. Nos doigts s'effleurèrent. Je tressaillis.

Au bout d'un moment, plongés dans notre exercice, on se tourna l'un vers l'autre tandis que notre musique défilait. J'explosai de rire face à notre synchronité, et Semi se contenta de pouffer, peut-être se moquant plus de ma réaction spontanée.

-Euh... tenta Tendō, en nous regardant tour à tour. Vous voulez pas nous dire ce qui se passe, peut-être ? J'ai de la salade entre les dents ?

-C'est vrai ça, dit mon amie, aussi déconcertée que Tendō. Vous avez juste l'air de deux idiots ayant perdu la tête à vous mettre dans un état pareil, tout à coup.

Je me tourna vers mon voisin aux cheveux blancs, et notre regard en dit long sur notre discussion télépathique.

-Nan, enfin, c'est juste un délire qu'on a entre nous, dis-je en me tournant vers les perdus, agitant un doigt autour de l'écouteur.

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Il s'avérait que tous les volleyeurs de terminale devaient subir les conditions de leurs entraînements. J'imaginait bien Ushijima s'acharner sur un exercice pour pouvoir aller à leur unique match du tournoi de printemps. En parlant de ce dernier, nous n'avions pas eu autant de chance que l'équipe masculine, et devront jouer deux matchs. Le premier était dans environ deux semaines. Pour celui-ci, je ne stressait pas tant. C'était surtout pour le suivant. Dans notre poule, si l'on gagnait, on avait une chance sur deux d'affronter l'équipe féminine de Aoba Johsai, pour la finale. À l'image de la masculine, leur niveau était intimidant. Enfin, j'étais une lâche à dire ça. On était Shiratorizawa, enfin.

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Déjà le fameux samedi 4 juin, et le temps m'avait parut long, à attendre avec impatience le concert.

Enfin, il n'était que 16h15, et j'attendais à ma porte, toute prête, que ma mère m'emmène à la gare pour 17h, puisque le train pour Tokyo durait un peu moins d'une heure. Je m'étais dressée d'une robe printanière à motif fleuri, plissée sur les côtés et légèrement moulante, avec des petites bretelles et un col découvert mais pas trop. Ainsi qu'un gilet noir - on ne sait jamais - et une paire de converses noires également, avec les lacets perlés.

J'ignorais pourquoi j'étais aussi excitée, mais je savais qu'à moi seule je pouvais alimenter tous les réseaux électriques du Japon, grâce à mon énergie.

-Aller, t'as toutes tes affaires ? Je m'habille et te rejoins dans la voiture, me lança ma mère en mettant son manteau.

Je bondis, puis galéra à ouvrir la porte, et fonça vers notre voiture.

Il était à présent 16h30, et nous avions un peu plus de 20 minutes pour rejoindre la gare la plus proche, où je retrouverais Semi. J'espérais que nous n'aurions pas trop de soucis sur le parking.

-Alors, dis-moi, commença ma mère. Comment s'appelle ce garçon, déjà ? Sami, non... Shemi...?

-Semi Eita. Il s'appelle Semi Eita, coupai-je ma mère.

Semi Eita, pensai-je.

-Ah oui, c'est ça. Et donc...? Comment vous vous êtes rencontrés ?

-Oh, et bien... C'est simple. Il fait partie de l'équipe masculine de volley, et moi de la féminine, comme tu le sais. Cette année, on est dans la même classe, et on s'est un peu rapprochés, jusqu'à ce que les évènements s'en suivent. Une fois, je m'entrainais seule dans le gymnase, pour mon service, et il est venu m'aider...tu sais, je te l'avais raconté. Et puis aux autres entraînements il a continué à me "coacher". C'est un serveur désigné, précédent passeur. Donc il m'a bien aidé. Ou alors, quelques fois on est rentrés ensemble, d'autres on a fait les devoirs supplémentaires que nous impose M. Harokami, tu sais. Et puis on a les mêmes goûts musicaux, on s'est échangé des livres...

-Tu as l'air de bien l'aimer, affirma ma mère après un silence.

-Qu'est-ce qui te le fais penser ?

-Je ne sais pas, ta façon de m'en parler. Il a l'air de t'intéresser, tu n'exprimes chez lui rien de péjoratif, et d'autres fois, on aurait dit que tu aurais pu me parler de lui pendant des heures.

-Ah oui ? Dis-je en rigolant. Je ne m'en rends pas compte. C'est vrai, je l'aime bien.

Ma mère m'échangea un regard en souriant en coin.

-Quoi ?! m'exclamai-je.

-Mais rien, je n'ai rien dis.

Je lui lança un regard noir.

-Ce n'est pas ce que tu crois. Je ne le vois pas comme ça. C'est juste un bon copain. Tu sais, l'amitié fille-garçon ça existe, hein ?!

-Ok, je te crois, dit-elle en levant une main pour s'innocenter. Bon tu as tout ce qu'il te faut ? Téléphone, argent, pièce d'identité ? Ton billet ?

-Maman. Je ne suis plus un BÉBÉ !

-Tu seras toujours mon bébé à moi, tu sais.

-Raaah ! dis-je en quittant la voiture.

OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant