- Chapitre XVII : aube

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Cela faisait bientôt une demie-heure que je ne cessais de me retourner sur mon matelas, ou restais statique à fixer le plafond. J'avais chaud, j'avais soif, j'avais faim, j'avais les paupières lourdes et pourtant j'étais surexcitée. Je pensais que ma tension diminuerait d'un cran avec la victoire de la veille ; il faut croire que cette montée en finale ne faisait que me tordre l'estomac.

Nous jouions contre Aoba Johsai, les féminines. Elles étaient ombrées par leurs stars, et je ne connaissais rien à leur jeu. Mais je me doutais que c'était encore un niveau supérieur à celui d'hier, et que l'effort devra non seulement être plus intense mais plus long. Et l'appréhension de nos réactions physiques, et même psychologiques face au stress ambiant me nouait tous les organes du corps.

Je quittai mon drap vidé de sa couette et me dirigeai vers le dressing où nos affaires étaient rangées dans les étagères. Puis je me dirigeai vers la salle de bain et y enfilai un jogging, ainsi qu'un large t-shirt de mon groupe favori et démêla mes cheveux. J'avais quelques cernes, la peau pâle et les yeux bouffis, et me rinça à eau froide le visage, pour améliorer mon état. Enfin, je rangeai mon pyjama en marchant sur des oeufs pour conserver les précieuses heures de sommeil de mes coéquipières.

Dans le couloir, j'aperçus une horloge indiquer cinq heures quarante-sept. Je n'avais presque que six heures de sommeil, et m'en voulu de ne pas être restée plus longtemps dans mon lit pour essayer de trouver de l'énergie pour cette après-midi.

Je ne savais pas vraiment où j'allais, et en passant devant la porte de dortoir ouverte, j'aperçus Tendō sur son téléphone ainsi que des écouteurs enfoncés dans ses oreilles, la couette rabattue sur la tête pour masquer la luminosité - pourtant minimale - de son téléphone. Il m'aperçut mais ne réagit pas, et se replongea dans ce qui semblait être une vidéo.

Quelques mètres plus tard, c'est là que je croisai Kawanishi, en jogging et t-shirt, se frottant les yeux, revenant probablement des toilettes des garçons. Il me fixa longtemps, sans rien exprimer, et, ce fut seulement à un mètre de moi que son visage afficha de l'étonnement.

-T/n ! dit-il d'une voix affaiblie par la fatigue.

-Kawanishi, répondis-je en décalque.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Vous avez match tout à l'heure.

-Toi aussi.

Il marqua une pause avant de me répondre.

-Ouais... Mais je passais juste aux toilettes... Alors que toi, non seulement t'as l'air d'être réveillée depuis un moment, mais votre salle de bain est à l'autre bout du couloir.

-Ah, oui je sais. Mais je trouvais plus le sommeil.

-Je comprends. Je crois que Semi est dans le gymnase, si tu veux, m'informa-t-il en appuyant son regard à cette phrase.

J'en compris tout son sens.

Et si Taichi savait pour mes sentiments à l'égard de Semi ? Et s'il avait vu comment je le regardais hier soir ? Et si, encore pire, Semi ne partageait pas du tout ces sentiments avec moi et que c'était peine perdue ?

Mon manque d'énergie s'additionait aux questions incessantes qui bouillonaient dans mon crâne depuis la veille, me provoquant un vacarme crânien insupportable.

Et si j'étais amoureuse de lui depuis plus de neuf heures, mais que je ne m'en étais tout simplement pas rendue compte, refoulant cela sous une amitié ambigüe ?

Mais tout le temps je revenais à la même :

Et s'il ne m'aime pas ? Hurlai-je du plus fort que ma voix antérieur en était capable.

OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant