Chapitre XXIV : plus de larmes

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Bientôt 8/9, pour les adversaires.

Notre coach réclama un temps-mort, sûrement pas pour nous sermonner, mais pour faire en sorte qu'il n'ait pas de quoi le faire plus tard.

-Bien, vous êtes régulières et êtes bien lancées. Restez sur ce rythme-là, et évitez de vous fatiguer. Vous avez minimum trois sets à jouer, ne l'oubliez pas.

Nous hochâmes la tête, puis buvâmes un coup. Cette pause me parue bien trop courte ; nous devions déjà retourner sur le terrain.

Je passai de nouveau à l'avant, en tant qu'ailière.

Le coach siffla, et nous servâmes. L'équipe adverse la réceptionna, mais la balle partit dans le décors.

9/9.

Je ne voyais plus les minutes s'écouler, trop impliquée dans le jeux et ne pouvant penser à rien d'autre. 12/11, puis 13/12, 14/12, 14/13, 15/13... Nous menions, pour l'instant, et je tentais de préserver mon énergie, bien que chaque balle au creux de ma main me donnait envie de frapper de toutes mes forces.

16/15, 17/15, 18/15, 18/16... ça ne cessait. Et je ne voulais pas arrêter. Je voulais courir, sauter, frapper, crier durant des heures et des heures, sans jamais m'arrêter.

Bon sang, qu'est-ce que j'aimais ça.

Nous remportâmes le premier set, 25 à 21. Et ce score me donna l'impression de tout pouvoir réussir, y compris cette finale, qui désormais m'apparaissait comme une futilité.

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Nous échangeâmes de côté, tandis que notre coach nous donnait encore quelques brefs conseils.

-Pour l'instant, vous me semblez assez en forme. J'alternerai sûrement les centrales et les ailières au bout du troisième ou quatrième set, en fonction du match et de votre endurance. Pour l'instant, n'en faites pas trop et restez sur cette voie, vous êtes bien parties. Allez, défoncez-tout.

Notre coach nous adressa même un sourire encourageant et j'échangeai un regard avec mes coéquipières. Le voir dans ce rare état, confiant et optimiste, déteignait sur nous.

Nous effectuâmes le premier service, qui nous fut renvoyer. L'échange dura un moment, puis enfin Aoba Johsai entama le set, 1 à 0.

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Près d'une vingtaine de minutes plus tard, le score était monté jusqu'à 19/16, toujours pour les joueuses derrière le filet. Je commençai déjà à fatiguer, et c'était mauvais signe. Pourvu que nous remportions ce set, ce serait déjà un gros avantage...

Je me souvenais de la première fois que l'envie de faire du volley m'était venue. Non, je n'étais pas simplement entrée au lycée et avais choisis l'option qui me tentait le plus. En réalité, j'attendais depuis un moment d'avoir l'opportunité de pratiquer ce sport.

En sixième, nous avions eu au programme le volleyball, en cours. Je connaissais bien ce sport, bien que je ne l'avais jamais vraiment pratiqué.

Au fil des séances, je me rendis compte que frapper dans la balle, la réceptionner, la sauver, marquer des points et gagner me plaisait de plus en plus, au point que je voulais devenir la plus forte de la classe. J'avais prié mes parents de m'offrir un ballon, et je me suis entraînée, souvent, ne m'en lassant plus.

Mon collège proposait le volleyball en supplément des cours, puisque c'était un sport très répandu au Japon, mais je n'avais jamais rejoins l'équipe, non seulement parce qu'elle faisait partie des moins renommées de toute la préfecture et que son niveau était très faible, mais également pour des raisons plus personnelles. Les tarifs étaient trop élevés pour ce que c'était, et le financement des matchs coûtait un bras, à cause du manque d'organisation et de rentabilité de l'équipe.

OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant