Je tombai à genoux.
Ma main qui tenait mon téléphone tremblait, et j'étouffais un sanglot de l'autre. Mes yeux s'embuaient, je ne percevais plus les meubles de ma chambre et mes affaires étalées dessus.Mes poumons et ma gorge me faisait mal, j'avais envie de crier.
Ce sentiment de douleur invisible. Inexplicable. C'est juste là, quelque part. Dans le coeur, dans l'esprit, ça brûle de l'intérieur et on voudrait s'arracher les nerfs.
C'est imprévisible, inattendu, et c'est justement la surprise de l'évènement qui nous fait s'effondrer.
Jeudi soir, la veille, Tendō a tenté de se retirer la vie en provoquant une overdose de médicaments. Il était désormais à l'hôpital, inconscient.
Les médecins ne pouvaient dire quand il allait se réveiller, ou même s'il allait se réveiller.
Tendō a été mort. Pendant quelques minutes, Tendō est parti. De son plein gré. Désormais, il était revenu, mais qu'à moitité. Peut-être même qu'il ne reviendra jamais complètement. Et je m'en veux terriblement pour n'avoir rien fait pour empêcher cela. Je me déteste.
Ma mère entra dans la chambre et me serra dans ses bras. Elle était au courant. Je ne savais comment, mais elle était au courant. Je pleurais sur son épaule, silencieusement.
Je n'allai pas en cours ce jour-là. Puis arriva le week-end. Je ne sortais pas de la maison. Je passais la journée devant la télévision, à manger, à dormir. Eita m'envoyait de nombreux messages, et bien que ça me fasse mal au cœur, je ne lui répondais pas. Je n'avais pas la force de faire semblant.
Ce dimanche, en fin d'après-midi, j'étais allongée dans mon lit, fixant le plafond. Je ne portais qu'un débardeur et un pantalon en coton fin. Je sortais de la douche. Au moins, j'avais la force de prendre soin de mon hygiène. Mais je me sentais tout de même sale. Sale de l'intérieur, dans mes poumons, mon ventre et ma tête. Je me sentais lourde, oppressée.
Soudain, j'entendis la sonnette de la porte. Je pris une grande inspiration et quittai mon lit. Je descendis les escaliers en criant "J'arrive !". Mon père travaillait sur son ordinateur dans le bureau et ma mère était partie manger avec une amie. Et elle avait les clés. Qui était-ce ?
J'ouvris la porte en grand, et mon coeur manqua un battement avant de se remettre à battre plus vite. Je passai mes bras autour du cou d'Eita, et il me serra fort. Nous ne disions rien, nos coeurs collés l'un à l'autre communiquaient dans le silence.
-Je suis désolée, finis-je par souffler.
-De quoi ? chuchota-t-il à son tour.
-De ne pas avoir répondu à tes messages.
Il me serra un peu plus fort.
-Je te pardonne.
Une larme échappa mon oeil droit, mais je m'écartai et essuyai ma pommette.
-Entre, dis-je.
Il retira ses chaussures, puis me tendit la boîte qu'il tenait depuis tout à l'heure.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Des cookies. Je ne cuisine pas souvent, mais j'avais envie de te faire des cookies.
Je lui souris, chose nouvelle depuis ces derniers jours. Je le remerciai, et l'invitai à me suivre dans ma chambre.
-Mes parents n'apprécient pas que j'emmène un garçon dans ma chambre, alors ne fait pas de bruit, indiquai-je à Eita en mettant un doigt sur ma bouche.
-Je suis le premier ?
Je ris légèrement.
-Oui.
Il observa ma chambre dans les détails, admirant les nombreux posters, la bibliothèque remplie de livres, mon bureau couvert de manuels et enfin, mon lit couvert de vêtements et de la couette en boule. Je tentai d'arranger mon bazar rapidement, et jetai discrètement quelques sous-vêtements sous mon lit.
-C'est beau.
-Ah oui ? m'étonnai-je. Tu n'as pas vu ma chambre rangée et éclairée de petites lumières.
-J'espère que je pourrais la voir, une autre fois.
-Tu envisages déjà de revenir squatter chez moi ?
-Oh, si tu savais à quel point j'ai envie de la revoir, ajouta-t-il en enroulant ses bras autour de ma taille, ses yeux dans les miens.
-De qui tu parles ? chuchotai-je. La chambre, ou moi ?
-Toi, souffla-t-il avant de m'embrasser.
Je répondis à son baiser, une main se logeant au creux de son cou et l'autre dans ses cheveux. Il sentait terriblement bon, cette odeur que je connaissais bien. Il s'assit sur mon lit, et je me mis à cheval sur lui, toujours en l'embrassant. Mon coeur battait la chamade, j'aimais le contact d'Eita, nos peaux se frôlant, ses doigts sur mon flanc, sa bouche sur la mienne.
Je le poussai en arrière pour qu'il s'allonge, et embrassai ses lèvres une dernière fois avant de poser ma tête sur son torse. J'entendais son coeur, aussi rapide que le mien, et je souris.
-Je t'aime, souffla-t-il.
-Moi plus encore, répondis-je, mon sourire s'élargissant.
Nous restâmes plusieurs minutes comme ça, enlacés, sur mon lit. Nous ne disions rien, nous laissions le silence parler à notre place.
Puis, je murmurai doucement :
-Parle-moi de Tendō.
Il prit une grande inspiration, et je sentis sa poitrine vibrer.
-Tendō...
Je glissai mes doigts dans les siens, plus pour m'accrocher moi-même à quelque chose que pour l'aider lui.
-Nous nous sommes rencontrés au début du collège. J'étais assez sociable, les gens m'appréciaient. Mais ils trouvaient Tendō bizarre. Différent. Je ne comprenais pas pourquoi, je ne comprendrais jamais pourquoi Tendō subissait tout ça.
Ses doigts serrèrent les miens. Ces mots lui coûtaient.
-Avec le temps, je me suis renfermé vers moi-même. Je n'avais que Reon, et tandis que Tendō devenait l'élève perturbateur et comique, je perdais ma popularité. Mais il m'a, à son tour, aidé à vivre. Peut-être se sentait-il redevable, je ne sais pas. Tendō me charriait souvent sur mon goût pour la mode. Pourtant, ça ne m'avait jamais vexé. Car je savais que, de cette façon, il me prouvait que j'étais quelqu'un avec des goûts et des idées. C'est peut-être idiot, mais cet imbécile me donnait confiance en moi en me vannant. Et je l'aimais pour ça.
L'utilisation de l'imparfait me fit mal au coeur. Pas encore.
-Mais je ne l'aimais pas pour l'unique fait qu'il me fasse me sentir important. Ce serait égoïste. Non, j'aimais cet imbécile car il était drôle. Il faisait sourire les gens, par sa simple présence. Je l'aimais aussi car "Tendō" ça sonne bien. On aime Tendō. Tendō est tête en l'air, débraillé, maladroit, puérile. Mais c'est Tendō, alors on l'aime comme ça. Je me fiche de ce que les petits collégiens pensaient de lui. Moi, ce que je vois, c'est des gens qui apprécient Tendō, qui l'admirent. Car il est admirable. La seule chose que je lui reprocherai pour toujours c'est... ça.
Quelques larmes avaient couler de mes yeux jusqu'au t-shirt d'Eita. Je ne savais pas quoi dire.
-On aime Tendō, balbutie ai-je.
-On aime Tendō, confirma Eita.
Une de ses mains traça le long de ma colonne vertébrale, pendant que nous racontions des anecdotes sur notre ami. Nous riions. Même inconscient, cet imbécile parvenait à nous faire rire.
Notre conversation dériva sur divers sujets. Je sentais la poitrine d'Eita se soulever à chaque respiration. Ses doigts parcouraient ma peau, traçant des cercles autour de mes grains de beauté. Je mangeais les cookies qu'il avait préparé. Qu'est-ce que je me sentais bien. Qu'est-ce que j'aimais parler avec lui. De tout, de rien, de Tendō. Je n'étais pas moins inquiète, seulement, je tentais de prendre du recul. Mon ami n'aurait jamais aimé que je cesse de vivre ainsi. Ça ne l'aidera pas. Tout ce qu'il me reste, c'est d'espérer. Espérer d'avoir une bonne étoile sur qui compter.
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OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟
Fanfic"-Alors, dis-moi, commença ma mère. Comment s'appelle ce garçon, déjà ? Sami, non...Shemi...? -Semi Eita. Il s'appelle Semi Eita, la coupai-je" Je précise que les personnages ne m'appartiennent pas et sont extraits de l'oeuvre d'Haruichi Furudate. C...