- Chapitre VI : soirée

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La soirée chez une populaire de troisième année arriva bien vite. Elle commençait à 20h, et finissait lorsqu'on ne tenait plus debout. Enfin, pour moi, jusqu'à deux heures du mat' grand max, et pas d'alcool.

Il y avait un buffet de luxe, la piscine ouverte et éclairée, et plusieurs personnes au bar (après tout, on avait 16, 17 ou 18 ans.), et un DJ. Je ne me posai pas de questions sur le budget. Elle était juste riche, ou plutôt gosse de riche. Je roulai des yeux en apercevant une Lamborghini à travers le garage vitré (ils privilégiaient vraiment leur image à leur sécurité ; où va le monde ?)

Je tournai un peu en rond avant de discuter avec des amis ou mes coéquipières.

Je ne trouvai pas Tendō, et me disait qu'il devait être planqué dans un coin avec un gâteau ou en train de participer à des jeux. J'optai pour la deuxième option puisque je ne souhaitais tout simplement pas pour lui qu'il soit en cas numéro un.

Je participai à un babyfoot, où j'avais finalement retrouver mon ami, explosant mes adversaires ; vida le buffet et failli faire une indigestion de muffins ; et encore jouai à action ou vérité et dû sauter habillée dans la piscine. Je refusai premièrement, pensant à ma mère qui me verrait trempée jusqu'aux os, glacée puisque l'eau n'avait été chauffée qu'à peine à vingt. Enfin, deux gars de ma classe qui participaient au jeu me prirent par les aisselles et les jambes et me jetèrent à l'eau. En sortant, je hurlai leurs noms, encore sous le choc, tandis qu'ils se moquaient d'un rire machiavélique et que le reste des participants nous observaient. Je finis par en pousser un dans l'eau, mais il m'emporta de nouveau dans sa chute.

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-Allez, t'as joué, faut assumer maintenant, insistait un joueur en décalant sa chaise pour se rapprocher de moi.

J'étais à présent assise autour d'une table, en compagnie d'une dizaine d'adolescents, vers une heure du matin, encore un peu mouillée. Nous jouions des paris aux cartes. Je ne savais pas comment j'avais pu finir par atterrir là dedans, puisque les gages qu'avaient subit les précédents perdants étaient de boire un litre de bière à l'envers ou de rouler une galoche à quelqu'un. Il se trouvait d'ailleurs que j'avais perdu.

-Je t'emmerde n/g (NDA : nom du forceur, d'un mec que vous aimez pas ou inventé). J'ai dit non, dis-je en décalant à mon tour ma chaise à l'opposé. Trouvez moi autre chose, ou tant pis, je ferais la relou en arrêtant le jeu ici.

Le gage était d'embrasser n/g, qui semblait être le stalker du lycée. Il avait pris plusieurs filles dans ses filets par le passé, et sautait sur l'occasion pour en ajouter une autre à la liste de ses conquêtes. Il ne cherchait même pas à faire cela dans l'ombre.

-Très bien, intervint une "pétasse" comme je les aime. Dans ce cas, monte sur la table et retire tes vêtements, ou tu l'embrasses.

-Quoi ? M'exclamai-je.

Je vais dévoiler quelque chose : en 16/17 ans d'existence, je n'avais jamais embrassé quelqu'un. Je ne le disais pas souvent, étant fatiguée de devoir me justifier. Étais-je étrange à souhaiter préserver mon premier baiser ?
Cela justifiait éventuellement mon dégoût à l'idée d'embrasser le stalker pour une première fois.

Enfin, je ne souhaitais pas plus de me déshabiller et de m'exposer en sous-vêtements comme une bête de foire sur cette table. Je ne devrais pas avoir à m'expliquer, pour le coup.

Une boule se noua dans mon estomac, et je n'éprouvai qu'un sentiment de détresse me poussant à fuir. Je m'étonnai de ma réaction. J'avais plutôt tendance à avoir la tête chaude dans ce genre de situation.

-Alors ? Dépêches-toi, où tu n'auras plus le choix, força n/g en posant une main sur mon genou.

Je tressaillis, le noeud remontant dans ma gorge. Je scrutai la table, cherchant un regard sauveur. La plupart riaient entre eux, ayant un peu perdu la raison ; d'autres participaient à moitié, le nez collé à leur téléphone ; et les plus proches attendaient que j'effectue mon gage.

Soudain, Ushijima intervint, à mon grand étonnement, posant une main sur mon épaule humide.

-T/n, un problème ?

Quelques personnes avec qui je jouais dévisagèrent le grand et large d'épaule volleyeur, célèbre dans notre lycée. Je le regardai avec de grands yeux, étonnée par son intervention si surprenante. À vrai dire, c'était bien le joueur de l'équipe masculine avec qui j'avais eu le mois d'échanges.

Je lançai un coup d'oeil à la main que retirait n/g. Ushijima capitula, mais resta impassible.

Le stalker trouva l'occasion d'empirer son cas en cherchant le capitaine.

-Alors, Ushijima, tu viens défendre ta fangirl préférée ? C'est donc elle, ta petite copine ? Je crois qu'on tient un scoop ! Lança-t-il à l'intention de ses voisins.

Il me semblait qu'ils étaient tous les deux dans la même classe. Ushijima ne réagit pas à la provocation de cette enflure, et son sang ne se réchauffa pas. Je priai pour qu'il maintienne sa légendaire stoicité et que la soirée ne finisse pas en baston par ma faute.

-Ce n'est pas le cas. Et je n'oserais pas, elle est déjà prise, lâcha Ushijima d'une voix grave.

Déjà prise ?? M'étonnais-je.

-Ah oui ? Continua n/g. Bon, ça n'empêche pas de tenir ta parole, voyons, souffla-t-il à mon égard, un sourire en coin.

Tout se passa très vite. Le corps du garçon fut soulevé par son t-shirt maintenu par la main ferme du volleyeur. Ce dernier le plaqua au mur. Cependant, il ne parut pas perdre sa stabilité émotionnelle, et je fus un minimum rassurée. Je me levai tout de même de ma chaise, consciente que tout ce qui se déroulait me concernait.

-Écoute-moi. Si tu touches ne serait-ce que des yeux n'importe qui, dès à présent, je t'étrangle, trancha-t-il d'une voix monotone et ferme.

Il le reposa et s'excusa pour cette agitation, avant de nous éloigner.

-Merci, lui dis-je.

-De quoi ? Ce n'était pas en ton intérêt. Je faisais ça juste par principe que ce qu'il fait est injuste.

-Merci quand même, mais je tiens à t'informer que je m'en serai sûrement sortie, si tu n'étais pas intervenu.

Et voilà, mon égo légendaire était obligé de refaire surface, m'exaspérais-je en me mordant la joue, me sentant idiote.

Je sortis, souhaitant respirer un peu, observer les étoiles...

Je m'assieds en tailleur sur un muret du jardin, un verre de coca à la main.

Le DJ changea soudainement la musique, et je reconnus instantanément ses premières notes. Je défilai dans mes contacts et enregistrai un message vocal.

Écouter ▶️
Je crois que je t'associe à cette musique, maintenant, écrivai-je.

"Snap Out Of It". C'est par cette air que je décrirais Semi.

Je bus une gorgée de mon verre, lorsque mon téléphone vibra.

Je le prends super bien. Et c'est réciproque haha, me répondit-il.

J'aimai son message, et posai mon téléphone à côté de moi, profitant de la musique. Un frisson d'adrénaline me parcourut, et un sourire hystérique me monta aux lèvres. J'aimais particulièrement ce froid tardif de la soirée, provoquant une légère euphorie, à que c'en soit presque effrayant.

Mon téléphone vibra de nouveau, et je m'empressai de le reprendre.

Sinon, ça te dirais un concert d'AM, à Tokyo, le mois prochain ? J'ai un cadeau de deux places, reçus-je de la part de Semi.

Je ne te promets rien, mais je vais y réfléchir, lui assurai-je après un moment d'hésitation.

Il aima mon message.

Je frottai ma veste en jean contre moi, commençant à avoir un peu froid. Je retrouvai t/ma à l'intérieur, et cette dernière heure se passa rapidement.

OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant