- Chapitre XIII : plage

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Quelqu'un sonna à ma porte. J'étais toute seule à la maison jusqu'à vingt heures. Et, qui pourrait bien avoir envie de me voir, aujourd'hui ? C'était peut-être t/ma, mais nous nous serions écrit, si elle comptait venir chez moi.

Enfin, j'ouvris la porte. Un corps élancé et maladroit se dressait devant moi, ainsi que deux yeux curieux et des cheveux rouges balayés en arrière.

-Tendō...? M'étonnai-je, sans sachant vraiment quoi penser de sa visite. Tu veux quelque chose ?

-Salut, t/n. En fait, il y a un truc sur la plage ce soir, et je me suis dis que ce serait cool pour détendre l'atmosphère... avant les matchs, tu vois ?

-Oh, ouais. Je peux inviter quelqu'un ?

-Bien sûr, m'assura-t-il en plissant les yeux, trouvant sûrement ma question bête.

-Okay. Bon, je vais me changer et je préviens t/ma. Attends-moi là, j'en ai pour trente secondes.

Je disparus dans ma chambre, enfilai un short en jean, un top noir et un sweat au-cas-où, ainsi que ma paire de converse. Je prévins ma meilleure amie et l'y invitai. Elle comptait me rejoindre là-bas.

Enfin, en retrouvant Tendō qui m'attendait appuyé au cadran de la porte, les mains dans les poches, sifflotant en observant le ciel, je pris mes écouteurs au vol (pourquoi pas ?) et lui affirmai que j'étais prête.

-T'es bien une fille qui prend pas trois heures dans la salle de bain, plaisanta-t-il.

Ce n'était pas ça. C'était que je ne voudrais pas perdre le temps que je pourrais passer avec mes amis à m'amuser. Du moins, c'est ce que je supposais qui me poussais à marcher vite.

Nous prîmes un bus, et je discutai un peu avec Tendō - d'autres choses que les cours.

-J'avais cru comprendre que vous étiez allés à un concert, Semi et toi, il n'y a pas longtemps... de Arctic Monkeys, c'est ça ? Me demanda mon ami.

-Ouais.

-C'était cool ?

-Génial.

Mes pommettes se teintèrent aux souvenirs de la soirée.

-Je connais un peu leurs musiques, c'est pas mal, mais c'est pas trop ce que j'écoute en général.

-Ah oui ?

Il y eut un long silence gênant, puis il déclara tout à coup :

-Tu l'aimes bien, hein.

-Hein ?

-Semisemi.

-Ah, dis-je, le ton fade ; je ne sais plus trop quoi penser des suppositions de mon entourage. Pourquoi ?

-À toi de me le dire.

-J'ai rien à te dire.

-Ok. Si tu veux. N'empêche que j'en reste persuadé.

-Pourquoi tout le monde pense ça ?! M'exclamai-je, perdant soudain mon sang-froid.

-Si ta mère s'en doute aussi, remets-toi en question.

J'entrouvris la bouche pour répliquer, mais aucun son ne sortit. Je réfléchis, avant de me radosser à mon siège de bus, vaincue.

-N'importe quoi. Dans ce cas, j'aime autant Semi que toi.

-Ah, t'es polyamoureuse ? Je suis flatté.

-Imbécile. On arrive.

Nous descendîmes à notre station, non loin de la plage. Le soleil était bas, et pourtant encore pas mal de personnes se baignaient sur cette côte est. Nous rejoignîmes quelques adolescents autour d'un tas de bois, d'une enceinte qui diffusait de la musique à faible volume et quelques glacières contenant sûrement de l'alcool. Je reconnus quelques pétasses que je haissais, et évitai leurs regards hautains en reprenant ma discussion avec Tendō.

-Et toi ? T'écoutes plutôt quoi ?

Il parut étonné que je revienne sur un vieux sujet, mais ça sembla l'arranger puisqu'il tapotait impatiemment sa paume avec une cannette que lui avait filé un garçon que je n'avais jamais vu.

-Mother mother, sans hésitation. Ou des trucs assez atypiques et déjantés, comme Gorillaz ou Radiohead.

Je ris.

-Quoi ? S'étonna-t-il en me dévisageant.

-On dit que ce qu'aime une personne est souvent ce qui la représente. Notamment ses goûts musicaux.

Il plissa les yeux, en détournant le regard.

-Je ne sais pas comment le prendre...

-Prends-le comme tu veux, lui répondis-je en riant de nouveau.

Les fêtards arrivèrent les uns après les autres, et Tendō me quitta pour aller saluer Ushijima d'une tape dans le dos. Je me souvîns de la soirée où il m'avait - indirectement, selon son point de vue - défendue, et je ne pus que le gracier de nouveau intérieurement.

Je rejoins à mon tour quelques copines, et t/ma arriva un peu plus tard. Contrairement à moi, elle avait du passer un moment dans la salle de bain, pour se faire belle au cas où elle rencontrerait son prince charmant. Elle se recoiffa machinalement en passant devant Ushijima, ne lui accordant aucun regard. Elle était toute rouge lorsqu'elle nous rejoignit.

-T'en fais pas, je le surveillerai, lui promis-je, en riant.

-Merci.

-Obsedée, va.

-Toi-même.

-Immature.

-T'es méchante.

-Je t'en prie.

Le soleil céda à la nuit et plongea la plage qui se désertait dans une lueur sombre. Nous étions à présent une quarantaine. Certains faisaient un volley - malgré la nuit, éclairés par plusieurs téléphones posés par terre -, d'autres distribuaient des cannettes et des bières, déjà un peu saouls, et d'autres encore s'ambiancaient avec plusieurs enceintes.

J'aperçus Semi, qui discutait avec Reon et quelques autres personnes. Je lui adressai un sourire, qu'il me rendit, avant de reprendre sa conversation.

Le même garçon qui avait tendu une cannette à Tendō s'exclama, avant de balancer une cigarette allumée sur le tas de bois imbibé d'alcool. Les groupes d'adolescents s'écrièrent, tandis que la luminosité du feu éclaira la plage trente mètres à la ronde.

La soirée se passa, certains s'en allèrent, je participai aux parties de volley de plage - même que je parvins à tromper Tendō-le-super-bloqueur et lui marquer un point -, et m'amusai autour du feu.

Aux environs de vingt-trois heures, nous fûmes plus qu'une vingtaine, les trop saouls s'étant écroulés dans le bus pour rentrer et les pétasses qui, en plus de leur emploi du temps surchargé puisqu'elles avaient une vie "palpitante", souhaitaient, je cite : préserver leur sommeil pour être plus fraîches ; parties depuis vingt heures.

Semi s'était retrouvé avec une guitare, je ne savais comment, et ses copains les plus proches l'avaient poussé à jouer quelque chose. Il s'était alors mit à pincer les cordes de "I'd love to change the world". La plupart, comme moi, s'assirent autour du feu sur les rondins de bois, l'écoutant, l'excitation retombant. Semi chantait doucement les paroles, s'appliquant sur ses notes. Il avait une belle voix, en plus de son accent anglais parfait. Je l'écoutais attentivement, complètement submergée par la mélodie. Il tourna son regard face à lui, vers moi, sa bouche prononçant plus doucement le refrain. Nos regards se maintinrent longtemps, ni l'un ni l'autre ne voulait couper ce lien plein de tension.

OUR SONG || 𝑆𝑒𝑚𝑖 𝐸𝑖𝑡𝑎 × 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant