Quand j'y repense, rien de tout cela ne me semble réel. Ni Venise, ni Montpellier. Ni ce qui allait avec, ni ce qu'il s'est passé entre temps. Peut-être que tout s'est déroulé bien trop rapidement. Peut-être que c'est le surplus d'émotions. Peut-être que je n'éprouve tout simplement pas l'envie que ce soit réel. Peut-être parce que c'est plus poétique ainsi. Peut-être parce que c'est moins douloureux aussi.
Venise, tes couleurs, ta chaleur, ta délicatesse, je te revois encore et encore à travers chacun de mes plus beaux rêves. Je ne pense qu'au jour où je pourrai te revoir tout en te rencontrant quelques soirs, et cela te rend davantage poétique. Je repense à toi en pensant ne t'avoir jamais découverte et j'attends avec impatience le jour où je pourrai te redécouvrir et faire de toi un souvenir. Mais pour l'instant, mon esprit ne peut faire de toi que le rêve d'une nuit. Alors j'essaie, de me rappeler, mais tout est si beau, tout est si flou, tout est si enivrant et exaltant. Je ne me rappelle pas. Je rêve. Et je continuerai à rêver de toi jusqu'à ce que nos chemins se croisent une nouvelle fois.
Montpellier, j'ai du mal à trouver le courage de t'écrire. Je n'ai pas fait de toi un souvenir mais une illusion. Tu es un mauvais rêve. J'espère bientôt me réveiller, si ce n'est pas encore fait. Je ne sais pas, je ne peux pas le dire. Impossible de savoir si je suis encore prise au piège. Je ne peux imaginer que cette douleur ait été réelle. J'en serai déjà morte si c'était le cas, non ? Qui peut supporter pareil désespoir ? Les mots me manquent tant il est difficile de décrire une telle souffrance, ils ne sont pas assez forts. Qui peut survivre à ce poids qui te compresse la poitrine, jusqu'à t'en écraser les organes ? J'avais envie de crier. Je ne pouvais pas. Je suis devenue complètement déséquilibrée. Je ne me contrôlais pas. Je me faisais de la peine. Je ne me souviens pas l'avoir vécu, je me revois simplement le vivre. Comme un mauvais rêve.
Pourtant, une partie de moi espère que tu n'étais pas qu'un mauvais rêve, Montpellier. Comment inventer cette douleur ? Impossible. Il est impossible de l'imaginer. Ce mal qui m'écartelait de l'intérieur, il ne peut pas être illusoire. Il doit être réel. Pourtant je ne m'en souviens pas. Je me revois simplement me tordre de douleur sur le carrelage, diriger mon poing vers mon propre corps, laisser des larmes s'écraser contre le sol froid tout en criant silencieusement dans un mutisme haché de sanglots. Mais je ne me rappelle pas.
J'ai simplement tout perdu. J'ai perdu de la famille, j'ai perdu des amis, je me suis perdue moi-même. Et à ce jour, je n'ai rien retrouvé.
3 Février 2022
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Dear Diary,
RandomPour que le souvenir de mes émotions ne s'évapore pas avec le temps. Pour que je me souvienne de la douleur. Pour que je me souvienne de l'euphorie. Pour que je me souvienne de l'amour et de la haine. Pour que ces sensations ne sombrent pas dans l'o...