Hiver, août, hiver ?

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J'ai plongé un pied, puis l'autre. Lorsque je me suis accroupie dans l'eau, je l'ai trouvé plus froide que d'habitude.

Je me suis adossé contre la paroi, pressé les deux boutons qui se trouvaient à ma droite, et l'eau s'est mise à se mouvoir. Dans mon dos, derrière mes jambes, sous mes pieds.

J'ai levé la tête vers le ciel gris et les arbres qui se déhanchaient au rythme du vent. De fines gouttelettes s'élevaient dans l'air et venaient s'écraser sur mon visage, pendant que mes cheveux imitaient la danse des végétaux.

Et je me rappelle, à ce moment là, m'être dit que ce temps me ressemblait.

Le ciel changeant de couleur, comme je changeais d'humeur à la fin de l'été. Le vent se levant progressivement, fouettant mon visage comme le fait mon anxiété. Et je savais que bientôt, la pluie allait tomber.

Alors, je me suis mise à frissonner en pensant aux prochains jours que je redoutais tant. J'ai changé de place dans l'eau plusieurs fois, comme j'ai tenté de me changer les idées.

Mais l'angoisse restait toujours inconsciemment bloquée au fond de ma gorge, et je me rappelais de sa présence chaque fois que je levais les yeux vers le ciel.

Je me remémorais ce poids qui oppressait mon thorax, ma respiration qui se bloquait instantanément, m'obligeant à rester en apnée. Puis cette respiration saccadée et haletante qui se déclenchait lorsque je n'avais enfin plus d'air.

Je revoyait mes jambes se presser contre ma poitrine, mes bras agripper mes genoux, mes ongles s'enfoncer dans ma chair.

Je repensais aux larmes roulant sur mes joues, à mes yeux embués et bouffis, à mon nez bouché par les sanglots.

Et je me remémorais la douleur que j'avais ressenti ce jour là, et j'imaginais la douleur qui me tordrait l'estomac dans les jours à venir.

J'ai alors senti un dard glacé s'abattre contre ma peau. J'ai sorti ma main de l'eau, paume contre le ciel, et j'ai observé les mêmes piques gelées s'écraser progressivement contre celle-ci. Il pleuvait.

L'eau froide du ciel fusionnait avec l'eau chaude d'en bas. Et j'avais froid. Le vent continuait de souffler contre les arbres pendant que les gouttes dévalait mes joues à une vitesse fulgurante.

J'ai entendu ma mère crier.

Je suis sortie de l'eau, grelotante, et j'ai marché sous la pluie cinglante jusqu'à rejoindre la terrasse couverte où elle m'attendait. Elle a passé une serviette autour de mes épaules et, toujours tremblotante, je suis rentrée dans la maison pour m'emparer de vêtements chauds à porter.

Et je me suis dit « merde, c'est fini ».

Je regrettais.

Déjà.

L'été.

28 Août 2020

Dear Diary,Où les histoires vivent. Découvrez maintenant