Valse Chaotique

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Mes pieds s'enfonçaient dans les doux grains de sable chaud, s'avançant, pas après pas, vers la mousse blanchâtre qui bordait la mer. La plante de mes pieds devenait humide, et mes yeux observaient le sol jonché de coquillages.

Alors, l'écume venait caresser le bout de mes orteils, et je frissonnais au contact de la fraîcheur de l'eau. La brise venait faire balancer mes cheveux qui se mouvaient au rythme des vagues. Mes yeux se fermaient, je prenais une grande inspiration, remplissant mes poumons de la pureté de l'air.

Puis, je m'engouffrais habillée dans le flot salé. Lorsque l'eau m'arrivait aux hanches, je plongeais, tête la première, dans le bleu océan.

Sous l'eau, mes yeux s'ouvraient à nouveau, observant le sol marin. Je laissais le sel s'infiltrer, brouiller mon regard. Je jonglais entre la mer et la terre pendant des heures, m'épuisant sous l'eau jusqu'à ne plus avoir d'air.

C'est lorsque les vagues commencèrent à se faire plus puissantes que je me rendis compte que le ciel était noir, et que l'étendue de sable se tenait bien loin de moi. L'océan se déchaînait, les bourrasques de vent fouettaient mon visage, et mes cheveux s'élançaient dans une danse folle. L'orage se préparait.

Je sentis une première goutte s'écraser sur ma joue. Rapidement, une averse tomba, l'eau du ciel se mélangea à l'eau d'en bas. Un éclair éclata et la mer se fit de plus en plus menaçante, tandis que le paysage s'assombrissait encore.

Mes yeux rouges me piquaient, irrités par le sel, et la peur s'installait en moi. C'est alors que je les vis.

J'ai voulu crier, pleurer, mais j'étais paralysée. J'ai alors compris l'immensité et la profondeur de l'océan, et je me suis sentie minuscule, vulnérable, insignifiante.

J'ai senti le danger et j'ai fuis. J'ai nagé, puisant toutes mes forces pour rejoindre la terre ferme. Mes muscles me brûlaient, la douleur imprégnait chacun de mes membres, je manquais d'air.

J'atteignis la plage avec difficulté et lorsque mes pieds reprirent contact avec le sol, je m'étalai de tout mon long, crachant de l'eau, tentant de reprendre mon souffle.

Mes vêtements étaient lourds et collaient à ma peau, mais je me suis relevée. J'ai couru, trébuché, escaladé les dunes de sable. Les pierres et les coquillages écorchaient mes pieds, marquant le sol d'une traînée rouge.

J'ai frissonné. Pas parce que mon corps était gelé, mais parce que j'étais terrorisée.

Lorsque je fus assez en hauteur, je pivotai lentement, de façon à me retrouver face à la mer enragée. Mon corps se mit à trembler et mes larmes se frayèrent un chemin sur mes joues. L'orage grondait, crachant des éclairs, illuminant le ciel, mais j'étais incapable de bouger.

Je les vis à nouveau. Les êtres de l'océan. Je vis les squales, et les créatures abyssales qui hantaient le ciel, dansant parmi les nuages.

Je ne sus dire si mes larmes était dues à la peur ou à l'admiration. Je ne sus dire si je fus paralysée par la terreur ou par la beauté du spectacle.

Au dessus de la mer, dans ce ciel si noir, je pouvais voir, le fond de l'océan.

6 Octobre 2019

Dear Diary,Où les histoires vivent. Découvrez maintenant