Dear Diary,

Assez

Il s'approche de moi, ses yeux croisent les miens un court instant.

Son visage est froid, sec, sévère.

Son regard dévie, il admire ses pieds. Je sens son épaule frôler la mienne, et je frissonne devant son air glacial.

Pas un sourire.

Toujours cette même expression stoïque, neutre, dépourvue de sentiments.

Je reste immobile, le regard vide, comme paralysée.

Cette douleur me tiraille la poitrine. J'ai mal au ventre, j'ai mal au cœur.

Mes jambes tremblent, je ne tiens plus debout. Et la peine m'envahit, je me sens sombrer.

Je ferme les yeux, je sais que des larmes tentent de s'en échapper.

Résiste, il faut que tu résiste.

Ces mots résonnent dans ma tête, me donnent la migraine.

La colère monte en moi, se mélange à la tristesse et intensifie la douleur. Mon cœur bat trop, ou ne bat plus.

Et je le sens remonter dans ma gorge, j'étouffe.

Une lame transperce alors mon corps. Mon cœur se déchire, tandis que de fines gouttelettes écarlates s'échappent de la plaie, retombent sur mes genoux.

Je tombe. La chute est longue, douloureuse.

Mon front heurte le sol dans un bruit sourd et je m'écrase enfin, mourante.

Je me retourne difficilement, tentant d'identifier mon agresseur.

C'est lui. Toujours lui.

Lui et son visage froid, sec, sévère.

Lui et son expression stoïque, neutre, dépourvue de sentiments.

Son couteau en main, il continue à m'assainir de coups, me poignarde, encore et encore.

Son visage pâle et si pur est à présent maculé de sang. Et inconscient, il répète machinalement le même geste.

Une flaque rouge s'étend autour de moi, mon corps gît dans un bain de sang.

J'ai froid.

Cette fois ci, je ne retiens pas mes larmes.

Je sens les perles salées dévaler mon visage, me brouiller la vue, humidifier mes joues.

Et je le regarde une dernière fois, lui, son visage froid, sec, sévère.

Lui, son expression stoïque, neutre, dépourvue de sentiments.

Lui, mon agresseur.

14 Décembre 2019