Une semaine plus tard, Nathanaël avait repris avec soulagement le cours habituel de sa vie. Il se tenait à bonne distance des anomalies spirituelles qu'il croisait sur son chemin, évitait Fanny autant qu'il le pouvait et se concentrait pleinement sur le contrôle de français qui s'abattrait d'ici trois jours sur son malheureux cerveau dépourvu du moindre raisonnement littéraire.
Malheureusement, les ennuis se rappelèrent rapidement à lui. Au stress que provoquaient ses fiches de citations s'ajouta celui du SMS qu'il reçut le lundi soir, alors qu'il luttait pour ne pas jeter l'éponge et ouvrir une bonne bande dessinée. Celui d'un numéro inconnu qui lui fit froid dans le dos dès la première phrase :
« Bonsoir, Nathanaël, c'est Baptiste Rambault. On s'est croisés l'autre jour, je ne sais pas si tu te rappelles... Bref. Nous organisons une petite soirée pour tous les jeunes de l'Institut, jeudi soir. Tu es le bienvenu ! Cela ne t'engage à rien, bien sûr ! N'hésite pas à me redire ! »
Nathanaël éteignit l'écran de son portable et fixa le mur devant lui sans le voir.
Il y avait cru. L'espace de quelques jours, il s'était convaincu que le médium n'avait fait que suivre la procédure, avait inscrit ses coordonnées dans son rapport dans le cadre du suivi de l'enquête avant de l'oublier. Il avait eu tort.
L'adolescent se sentit bête. Évidemment qu'il avait eu tort ! L'IFSS n'allait pas manquer une nouvelle occasion de lui pourrir la vie. Après la mobilité de son genou droit, il ne voulait pas imaginer ce qu'il risquait de perdre à cause d'eux.
Dans un soupir, il laissa sa tête tomber sur ses fiches de français. Sa tension se mua peu à peu en colère. De quel droit ce Baptiste Rambault le contactait-il ainsi ? Il ne lui avait pas donné son numéro de téléphone pour que le médium lui envoie des messages quand bon lui semblait, comme s'ils étaient amis ! Nathanaël n'avait pas envie de lire son nom, pas envie de se souvenir de son existence... Il ne voulait plus entendre parler de l'IFSS, c'était aussi simple que cela. Il n'allait pas manquer de le lui faire savoir.
Nathanaël se redressa, ralluma son portable et s'immobilisa, les pouces suspendus au-dessus du clavier tactile. Les mots se pressaient dans son esprit. Les insultes, les protestations... Une part de lui le poussait à se lâcher. Il s'en sentait le droit. Pourtant, ses doigts refusaient de bouger.
Il ignorait tout de ce médium. Pour peu que l'homme connaisse des membres haut-placés de l'organisme et qu'il soit un peu susceptible, l'adolescent risquait gros en donnant libre cours à sa colère. Peut-être même l'Institut débarquerait-il dans l'heure pour le reprendre à Philippine et le placer chez l'un des leurs. Ces gens-là étaient capables de tout...
Nathanaël reposa l'appareil, se leva et se jeta sur son lit, où il enfouit son visage dans son oreiller.
Il ne voulait pas réfléchir. Pas à cela. Pas maintenant. Il devait réviser, penser à son contrôle de français. Pourtant, il ne se voyait pas s'asseoir sur cette chaise, devant son bureau, et apprendre ses fiches dans un tel état.
L'adolescent demeura immobile de longues secondes. Lorsque ses poumons lui réclamèrent plus d'air que l'oreiller ne voulait bien lui donner, il se retourna finalement pour fixer le plafond.
Il lui suffisait d'ignorer le médium. Tout simplement. L'homme lui avait écrit sans son consentement, il ne pouvait pas se plaindre de ne pas obtenir de réponse. Peut-être même s'imaginerait-il qu'il s'agissait d'un mauvais numéro... Il effacerait alors les coordonnées de Nathanaël et le laisserait tranquille.
Satisfait par son plan, le lycéen attrapa une bande dessinée et retourna s'installer sur son lit pour la feuilleter. Les révisions attendraient. Et s'il se ratait lamentablement jeudi prochain, le blâme reviendrait à ce Baptiste Rambault.
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Le Sang des marionnettistes T.1 (50%)
Fantasy⚠️ 𝐒𝐞𝐮𝐥𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐭𝐢𝐞́ 𝐝𝐮 𝐫𝐨𝐦𝐚𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐢𝐬𝐩𝐨𝐧𝐢𝐛𝐥𝐞 Dans la Ville Lumière, les ombres n'attendent pas que vous les regardiez pour vous rendre la pareille... Dans la vie, Nathanaël n'a que deux aspirations :...