Le quatrième étage se distinguait du cinquième en ce qu'il y régnait une douce odeur de plantes et d'encens. Les bruits qui émanaient des portes, toutes grandes ouvertes, témoignaient également de l'activité du lieu. L'ambiance finit de requinquer Baptiste qui s'avança d'un pas décidé dans le couloir.
— Ici, c'est le département logistique et recherche, expliqua-t-il. Tu pourras t'y fournir en matériel. Les équipes disposent aussi d'une réserve d'urgence dans les coffres des voitures, mais il vaut mieux avoir tout ce qu'il faut sur soi en permanence, même hors service. C'est d'autant plus le cas ces derniers temps.
Nathanaël acquiesça. Il ne s'attendait pas à découvrir un service dédié à la recherche à l'Institut. Il s'était toujours imaginé les grands inventeurs comme des gens solitaires, qui bricolaient des sorts dans leur bureau sombre mal rangé ou dans leur garage.
Un bruit sourd retentit soudain, accompagné d'un important dégagement de fumée vert pomme qui envahit le couloir. Un homme et une femme sortirent de la pièce en s'arrachant les poumons, une main sur le nez, l'autre en éventail devant leur visage. L'adolescent fit de même quand une intense odeur de rose et d'oeuf pourri atteignit ses narines.
— Je t'avais bien dit que rajouter de la nitroglycérine était une mauvaise idée... se plaignit l'homme.
— Ouais, mais je voulais voir ce que ça allait faire ! s'enthousiasma la femme. Au pire, même s'ils n'en veulent pas en mission, ça fera joli pour un anniversaire... Le tout, c'est de trouver une solution pour l'odeur...
La chercheuse marqua un temps d'arrêt en apercevant Nathanaël et Baptiste. Elle portait une blouse qui avait dû être blanche dans sa plus tendre jeunesse et dissimulait ses yeux derrière de grosses lunettes de protection. Une bonne idée, si l'on en croyait ses cheveux à moitié brûlés et collés par quelque substance jaunâtre inconnue. La femme finit par soulever les verres pour mieux voir les nouveaux venus, ce qui apprit à Nathanaël que sa peau n'était pas mate comme il l'avait initialement cru, mais à peu près aussi blanche que la sienne. Du moins sur la portion de son visage épargnée par la saleté, autour de ses yeux noisette... Acoûtrée comme elle l'était, il était difficile de lui donner un âge.
Elle plissa les paupières, farfouilla dans l'une de ses poches et en sortit des lunettes de vue épaisses qu'elle enfila. Son visage s'éclaira.
— Un nouveau ? Je rêve pas, hein, Baptiste ? Ou alors ce sont encore mes verres qui sont cassés ?
Elle ausculta difficilement ses lunettes jusqu'à ce que le médium la rassure :
— Tes verres n'ont rien, Lucile, c'est bien un nouveau !
Lorsque la chercheuse releva la tête, ses yeux se fixèrent sur Nathanaël comme ceux d'un chien sur sa balle préférée. Pris d'un mauvais pressentiment, l'adolescent recula d'un pas. Heureusement, l'autre scientifique s'aggripa comme un diable à sa collègue pour l'empêcher de lui bondir dessus.
— Un nouveau ? Tu lui fais visiter ? Donne-le-moi ! Je vais lui montrer mon labo ! Donne-le-moi, Baptiste !
Elle se débattit comme elle put, mais le chercheur ne lâcha pas prise. Aux yeux qu'il levait au ciel, Nathanaël comprit qu'il avait l'habitude.
— Je vais l'enfermer le temps qu'elle se calme, expliqua-t-il en traînant sa collègue dans la pièce voisine. Revenez dans dix minutes.
Sous les piaillements indignés de la femme, il ferma la porte et le claquement du verrou retentit dans le couloir. Le lycéen demeura un instant coi.
— Désolé... marmonna Baptiste. Lucile est un peu... spéciale... Commençons par la logistique !
Il poussa sans ménagement sa nouvelle recrue vers le fond du couloir, beaucoup plus calme que les premières pièces. Il s'arrêta devant l'une des portes et s'éclaircit la gorge.
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Le Sang des marionnettistes T.1 (50%)
Fantastik⚠️ 𝐒𝐞𝐮𝐥𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐭𝐢𝐞́ 𝐝𝐮 𝐫𝐨𝐦𝐚𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐢𝐬𝐩𝐨𝐧𝐢𝐛𝐥𝐞 Dans la Ville Lumière, les ombres n'attendent pas que vous les regardiez pour vous rendre la pareille... Dans la vie, Nathanaël n'a que deux aspirations :...