C'était une erreur...

Chapitre 1

Aux Etats-Unis, la petite ville de Taos au Nouveau-Mexique est en pleine expansion. Il y a de cela quelques années, un riche homme d’affaire y a élu domicile et a créé la plus grande entreprise de la région. Depuis, beaucoup afflue dans l’espoir d’entrer dans la célèbre entreprise ou rêve carrément de tutoyer les étoiles en montant en haut de la tour construite par le grand homme.

Antonio est venu à Taos dans ce but, il y a quelques années. Aujourd’hui il travaille pour une société de sous-traitance de la célèbre entreprise et est marié depuis 6 ans avec la jolie Maria. Tout le monde envie ce couple parfait. Ils se sont rencontrés sur les bancs du lycée et ne se sont plus quittés depuis. De l’extérieur, la seule chose qui manque à leur bonheur est un enfant, mais peut-être que le soucis n’est pas où l’on croit.

Nous sommes un matin de Mai, les automobilistes circulent dans le centre ville, les klaxons des retardataires fonctionnent à plein régime, les enfants sont sur le chemin de l’école et les travailleurs tentent de prendre leur dose de café salvatrice avant d’attaquer une nouvelle journée. Les bus déversent leurs flots de badauds en tout genre, un bon nombre d’entre eux s’engouffrent dans la haute tour de 50 étages dont les lettres PC surplombent la ville.
Lorsqu’on observe attentivement, le va et vient de la foule, on remarque que chaque jour ou presque un jeune garçon d’environ 5 ans s’émerveille devant l’édifice. Le soleil se reflétant dans les vitres de la tour rend l’immeuble presqu’irréel, il lui donne un côté magique qu’on en peut voir nulle part ailleurs. Les initiales « PC » en haut du gratte-ciel sont une forme de jeu de mots (ou plutôt de lettres dans ce cas précis) qui a toujours fait rire le propriétaire, Mr Pedro Condé, car, afin de vous éclairer, il faut préciser que l’immeuble accueille les bureaux de l’entreprise d’informatique créé par l’homme. Mr Condé avait pour habitude de dire que s’il avait décidé de se lancer dans l’informatique, c’est parce qu’il avait le sentiment que le fait que ses initiales soit aussi le petit nom donné à un ordinateur n’était pas une simple coïncidence. Il s’était alors lancé avec toutes ces économies dans cette folle aventure et il avait bien fait, car il était aujourd’hui l’homme le plus influent de Taos et sa fortune rivalisait avec celle des plus grands tels que Bill Gates.

Quelques minutes après que le jeune garçon se soit extasié devant la magnificence de l’immeuble, Maria passe à son tour d’un pas rapide, l’air renfrogné et rongeant l’ongle de son pouce droit, ce qui était chez elle le signe d’une grande anxiété. Pour vous dire, elle ne jette même pas un regard à ce qui l’entoure et entre d’un pas décidé dans l’immeuble. Sur les coups de midi, la jeune femme en ressort, les cernes se remarquent légèrement sous le maquillage à effet naturel qu’elle arbore chaque jour. Elle est accompagnée d’une autre jeune femme qui essaie tant bien que mal de la faire ralentir, mais visiblement c’est peine perdue. Quelques rues plus loin, Maria s’arrête enfin pour entrer dans un restaurant discret, parfait pour ce qu’elle a besoin de dire à son meilleure amie.
Une fois installée loin des regards et des oreilles indiscrètes, Maria se crispe. Elle redoute la réaction de sa meilleure amie face à ce qu’elle s’apprête à lui dire. Elle ne sait pas encore si elle est prête à faire exploser cette bombe, mais c’est soit ça soit sa santé qu’elle met en péril.

- Bon alors, maintenant qu’on est loin de tout, tu m’expliques ce qu’il t’arrive depuis quelques jours ? Demande Annabelle, la meilleure amie de Maria
- Comment ça ? Je ne vois pas de quoi tu parles…
- Ecoute, je te connais… Je t’observe depuis plus d’une semaine et je ne t’ai jamais vu dans un tel été d’anxiété… Tu es toujours à froncer les sourcils, soupirer et tout, alors raconte…
- J’pense pas que ça vaille la peine d’en parler, ça n’a aucune importance…
- Ecoute, tu es ma meilleure amie, alors si ça te met dans cet état, c’est forcément que c’est important, alors vas-y … En plus, je pense que si tu nous as emmené manger aussi loin ce midi, c’est que tu voulais t’éloigner des oreilles indiscrètes, donc parle à ta mère

Souriant face à la bêtise de sa meilleure amie, Maria se détend et lâche tout d’un coup :

- Je crois qu’Antonio me trompe …
- Comment ça il te trompe ?
- Je sais pas, je commence à le trouver de plus en plus distant. Au départ, je pensais que c’était juste une mauvaise passe, mais les choses ne vont pas en s’arrangeant …
- Ah, et tu as remarqué ça depuis combien de temps ?
- Je ne sais pas trop je dirais moins d’un mois..
- Non, mais sérieux Maria, je veux bien que tu sois amoureuse, mais ton mari a toujours été comme ça
- Non Annabelle, soyons sérieuses, je sais que tu ne l’aimes pas mais tu ne peux pas dire qu’il a toujours été froid et distant avec moi…
- Je ne l’ai jamais vu très chaleureux moi, mais bon ok, si tu le dis… Admettons qu’il est comme ça depuis peu… Pourquoi penses-tu que c’est parce qu’il te trompe ?
- Je sais pas trop, mais son téléphone est toujours en silencieux et il se déplace avec même sous a douche, ce qu’il ne faisait pas avant… Il a toujours des missions de travail, il rentre toujours très tard ou part plusieurs jours… J’me fais peut-être des idées et il est juste occupée, mais je ne sais pas quelque chose au fond de moi me fait penser que ce sont les signes de sa tromperie.
- Uhm je vois, c’est un peu louche en effet et tu comptes faire quoi ?
- Je ne sais pas, je ne peux pas lui en parler, il nierait forcément… Mais je ne peux pas le faire suivre non plus, car ce sont juste des soupçons, je n’ai aucune preuve de ça
- Oui, mais justement si tu le faisais suivre, c’est là que tu aurais les preuves qu’il te faut, dit Annabelle l’oeil pétillant de malice
- Non, je ne peux pas faire ça, ça ferait vraiment femme parano
- Ou femme qui veut connaître la vérité
- Je ne sais pas… J’avais plus envie d’attendre et de voir l’évolution des choses
- Je ne pense pas que ce soit une bonne solution. Si tu attends, tu vas devenir l’ombre de toi même… Regarde je ne t’ai pas vu te ronger l’ongle aussi souvent et aussi fort depuis ton mariage… Je ne peux pas te laisser dans cet état
- Et tu vas faire quoi miss détective ? Se moque Maria
- Justement ça
-ça ?
- Oui, tu sais comme je suis très forte en recherche et si ça concerne ton mari, je vais encore plus m’acharner à la tâche…
- Tu abuses là
- Mais non, regarde, si je m’en charge, tu sais que ce sera bien fait, ça ne te coûtera pas un centime et franchement si je ne trouve rien, ce sera vraiment que tu te fais des idées et tu pourras être rassurée
-J’avoue que vu comme tu détestes Antonio, toi seule peut trouver ce qu’il y a… Mais quand même l’idée de le faire suivre ne me plaît vraiment pas
- Laisse-moi gérer ma belle
- Ok
- Tu dis ?
- Je dis ok, c’est bon, tu as carte blanche, même si j’espère que tu ne trouveras rien
- Rhooo merci, merci, ça fait tellement longtemps que j’attends cette occasion d’infiltrer sa vie
- Tu vas pas arreter ? Bon trêve de plaisanterie, comment tu vas gérer ça ?
- J’ai quelques petites idées mais t’inquiète, je saurais être discrète et subtil

Les deux amies finissent leur repas en bavardant de tout et de rien avant de retourner gaiement vers l’immeuble. Chacune vaque alors à ses occupations. Mais seule Maria est assaillie par la peur. A t’elle fait le bon choix en donnant son accord à son amie pour enquêter ?  Son mari la trompe t’il vraiment ou est-il simplement occupé ? Ne s’est-elle pas emballée trop vite en imaginant tout cela alors qu’il y a à peine une semaine il l’avait invité dans le plus grand restaurant de la ville?N’est-elle pas entrain de devenir parano alors que son mari fait des efforts pour être là malgré son emploi du temps chargé ?
Maria secoue la tête afin d’enlever toutes ces interrogations de son cerveau et pouvoir mieux se concentrer sur son travail. Après quelques minutes de calme et d’exercice respiratoire, Maria se remet au travail le sourire aux lèvres en pensant à la tête de son amie quand elle reviendrait bredouille de ses investigations.