C'était une erreur...

chapitre 37

Maria n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit, elle n'avait fait que cogiter, se poser des milliers de questions, tenter d'y trouver des réponses ; toute cette agitation dans un seul but : trouver comment tout expliquer à Amanda sans que cette dernière ne lui en veuille de trop. Elle savait qu'Amanda ne lui pardonnerait pas facilement, mais il fallait aussi qu'elle comprenne que le contexte était différent, elle voulait encore espérer en son mariage à l'époque, mais, aujourd'hui, elle savait que tout était fini depuis longtemps avec son mari et elle espérait aussi lui faire comprendre à quel point elle l'aimait, qu'elle voulait vraiment qu'elles vivent quelque chose toutes les deux, mais elle avait peur, si peur, qu'Amanda la laisse tomber et ne lui parle plus jamais. Elle était tétanisée par cette pensée. Aurait-elle le courage de tout lui dire alors qu'elle risquait aussi de tout gâcher en le faisant? Oui, il fallait prendre ce risque, car elle tenait vraiment à elle et ne voulait pas qu'un mensonge soit la base de leur relation. La nuit avait vraiment été difficile, le peu qu'elle avait fermé les yeux, elle n'avait fait que somnoler, voyant les différentes réactions d'Amanda à l'annonce de Maria. Tantôt elle était vraiment en colère contre elle, tantôt elle lui disait qu'elle comprenait, mais qu'Antonio ne les laisserait jamais être heureuses, et tant d'autres scénarios complètement improbables.

A 6h00, elle arrêta de lutter pour trouver le sommeil, elle s'apprêta et partit pour le bureau. C'était extrêmement rare quand elle y était aussi tôt, souvent c'était quand elle avait besoin de souffler après une grosse dispute avec Antonio, ou quand il n'était pas rentrée du week-end et qu'elle n'avait pas envie de sentir le parfum d'une autre sur lui. Enfin bref, à chaque fois, c'était pour fuir Antonio et aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle, mais elle n'en pouvait plus d'être enfermée dans ces quatre murs en sachant qu'en plus de tout le reste, il l'ennuierait dès son réveil. Elle ne voulut même pas se faire un café au risque de le réveiller, elle s'arrêta dans le seul café ouvert à cette heure où elle avait l'habitude de s'arrêter lors de ses arrivées matinales au bureau

- Madame Maria, ça faisait longtemps? De nouveau des soucis avec Monsieur?
- Salut Linda, arrête les Madame, ça me vieillit trop, répondit Maria un léger sourire aux lèvres
- D'accord, mais c'est juste parce que je vois que ça va vraiment pas, tu veux en parler?
- La presse l'annoncera bien assez tôt... "Divorce chez les Condé-DeLacruz", ça va être beau
- A ce point? Mais rassure-moi, la demande vient de toi, j'espère

Maria sourit à la serveuse, elle avait presque l'âge de sa mère, elles s'étaient connues il y a bien longtemps, Maria n'était encore qu'une ado, mais elle aimait venir dans ce petit café isolé quand elle n'arrivait pas à dormir

- C'est la bonne décision, Maria. Ne te rend pas encore malade pour lui, il a eu trop de chances
- Oh ce n'est pas ça qui m'attriste, j'ai fait quelque chose de mal avec une personne très chère et je dois tout lui expliquer, mais sa réaction m'effraie
- Tant que tu es sincère, elle te pardonnera. Avouez sa faute, c'est déjà être pardonnée à 50%
- J'espère que tu as raison, merci pour le café
- De rien et essaie de revenir plus souvent
- Promis

Linda se mit à rire, elle savait qu'elle ne la reverrait pas avant un moment. Quelques minutes plus tard, Maria arrivait au bureau. Elle ouvrit directement son ordinateur, passa en revue ses mails puis se plongea dans ses dossiers. Elle essayait de se concentrer, mais tout ce qu'elle touchait ou regardait lui rappeler un moment particulier avec Amanda. Toutes les images lui venaient en tête et elle eut de nouveau une boule au ventre, elle ne voulait vraiment pas la perdre. Elle secoua la tête afin de revenir à elle et elle se remit au travail. Cette fois, la concentration se fit plus intense et Maria ne savait pas l'heure qu'il était lorsqu'Antonio débarqua en trombe dans son bureau, l'air furieux. Quand elle regarda l'horloge, elle vit qu'il était presque 9h