chapitre 9

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Quelques jours avaient passé. Annabelle avait bien déménagé au 50ème. Maria était heureuse d’avoir sa meilleure amie à ses côtés, mais le fait de ne plus avoir de secrétaire commençait à l’ennuyer, car elle devait gérer beaucoup plus de choses et son cerveau commençait à surchauffer. Les deux amies profitaient de se retrouver enfin ensemble pour travailler, elles laissaient leurs portes ouvertes pour se donner du courage et se soutenir par un regard ou un sourire.   Elles riaient et papotaient aussi plus souvent tout semblait aller pour le mieux, mais Maria devait vraiment lancer son plan, car ce surplus de travail lui prenait vraiment trop d’énergie. Même si elle stressait de ce futur rendez-vous, elle avait décidé qu’il était temps qu’elle retourne au restaurant. Il était 11h, elle commença donc à s’apprêter : maquillage, tenue parfaite et parfum chic. Après 30 minutes de préparation, elle se décida à aller voir sa meilleure amie, elle toqua à la porte :

- Entrez …
- Salut, dit Maria
- Dis donc je comprends mieux pourquoi tu as voulu que je vienne travailler tout près de toi, tu voulais juste avoir un endroit où venir t’incruster afin de pouvoir paresser tranquille
- Oui, j’avoue … Quand tu es près de moi, j’ai juste envie de retrouver nos années jeunesse et de papoter, de refaire le monde, tout ça, tout ça
- Rhooo mais arrête on est toujours jeune, tu viens à peine d’avoir 27 ans, j’te signale, docn t’es pas vieille tu sais
- Oui, je sais mais et toi alors ?
- Moi j’ai 26 ans
- Tu vois je suis plus vieille que toi…
- Un an Maria, un an… Et encore c’est plus une différence de quelques mois juste parce que tu voulais un Noël de plus que moi, c’est tout
- T’es bête toi
- Oui je sais
- Bon, plus sérieusement, tu venais me voir pour quoi ?
- Je venais juste te dire que je vais bientôt y aller, c’est aujourd’hui que je mets mon plan en place
- Ouhhhla, tu me fais peur là ?
- Oui, oui, je sais… Mais je venais juste te demander comment tu me trouves ?
- Comment je te trouve ?
- Oui, tu aimes comme je suis habillée?
- Oui, maintenant que tu me le dis, c’est vrai que tu es superbe… Tu as fait un nouveau maquillage en plus… Et ce parfum… Wahouuu, t’es super belle… Attends, ne me dis pas que tu trompes Antonio ?
- Non, quelle idée !
- Mais t’inquiète pas hein, tu peux, je serais la première à te couvrir… Tu lui dirais que tu dors chez moi et moi je lui dirais ouiii oui, elle est là, elle se lave et tout
- Rhooo Annabelle arrête
- Non, mais je rigole, tu sais bien. Qu’est-ce que tu fais alors ?
- Bah je me disais que tant qu’à aller voir ma maî… euh la maîtresse de mon mari, rattrappa Maria en se disant que ce lapsus était peut-être révélateur, il faut au moins que je sois présentable et tout.
- Du coup, c’est aujourd’hui ? Tu veux que je t’accompagne ?
- Oui, c’est aujourd’hui. Non, merci ça va, je dois le faire seule, donc t’inquiète pas, ça va allers
- Tu sais que tu n’es pas obligée d’écouter mes plans débiles hein, tu peux encore faire marche arrière.
- Je sais ma chérie, mais t’inquiète, je sais ce que je fais, ça va aller
- D’accord Maria, je comprends.
- Alors souhaite-moi juste bonne chance et je file
- Bonne chance ma chérie, fais bien attention à toi surtout, je t’aime fort
- Moi aussi je t’aime ma chérie, je ferais bien attention

Maria fit rapidement le tour du bureau de son amie pour aller se jeter sur elle et la serrer fort dans ses bras, elle lui fit une grosse bise sur le front et sur ses joues

- Non, mais arrête, tu vas me mettre du maquillage partout
- Trop tard, c’est fait
- Tu sais que tu peux être une vraie garce parfois
- Oui, je sais, c’est pour ça que tu m’aimes… Allez, nettoie ton visage, sinon ta secrétaire va penser qu’on fait des galipettes dans ton bureau
- J’te signale que c’était ta secrétaire alors, c’est toi qu’elle va regarder bizarrement
- Je m’en fiche…
- Ohhh, mais c’est que tu commences à avoir des tendances hein

Maria quitta le bureau de son amie sans se retourner. Elle souriait de la dernière remarque de son amie. Décidément, elle adorait leur complicité. Elle se dirigeait vers sa voiture pour se rendre au restaurant quand un doute la prit. Elle se dit que si jamais Antonio venait au restaurant aujourd’hui, elle risquait de le croiser et ce serait vraiment très bizarre. Ou s’il venait à passer pas loin et qu’il voyait sa voiture, il aurait envie de rentrer voir ce qu’elle faisait là. Elle se décida donc pour un taxi, c’était moins voyant et plus sûr. Le taxi la déposa juste devant le restaurant. Ruby était entrain de débarrasser une table en terrasse, la journée était chaude et sèche et la terrasse faisait fureur. Heureusement, le coup de feu était un peu passé et les serveuses pouvaient souffler un peu. Lorsqu’elle leva les yeux de la table, Ruby vit Maria sortir du taxi. Quand elle vit que cette dernière était là, elle était sous le choc, mais la voir seule la fit avoir peur pour son amie, car sans son amie pour la canaliser, comment cette dame allait-elle leur parler aujourd’hui…
Elle rentra vite pour déposer les assiettes sales et croisa Amanda, elle lui dit :

- C’est la merde
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Devine qui débarque ?
- Qui ? Qui arrive ? Un critique gastronomique ?
- Pire
- Pire ?
- Oui, la femme de la dernière fois
- Laquelle ?
- L’une des deux dames de la dernière fois... la peste…
- Sérieux ?
- Oui et elle est seule en plus
- Oh non, c’est vraiment la merde alors
- Je te le dis
- Et elle veut quoi ?
- Je ne sais pas, mais on dirait qu’elle s’est installée en terrasse
- D’accord, alors va la servir
- J’espère qu’elle voudra, dit Ruby en s’éloignant de sa collègue

Comme elle ne l’avait pas revu depuis près de 10 jours, Amanda avait presque oublié cette mégère. Elle se demandait ce qu’elle venait faire ici, si elle allait encore se faire insulter et maltraiter. Le seul point positif de leur première rencontre avait été que l’autre dame lui avait laissé un pourboire plus que généreux qui l’avait sorti de la galère.
Ruby arriva à la table de Maria. Cette dernière avait voulu prendre une place en terrasse afin de pouvoir se cacher plus facilement si son mari débarquait. Et comme cela, elle déstressait en regardant les passants et profitait pleinement du beau soleil.

- Bonjour Madame, bienvenue. Que puis-je faire pour vous ? Avez-vous eu le temps de consulter le menu ?
- Bonjour, oui, j’ai consulté le menu. Je pense que pour aujourd’hui je vais prendre un risotto à la milanaise avec une belle escalope milanaise aussi. J’ai une envie d’Italie, dit-elle tout sourire à Ruby, vous pensez que c’est possible.
- Je vais voir avec le chef, mais normalement il n’y a pas de soucis.
- S’il n’y a pas, ne vous inquiétez pas, il y a bien d’autres choses qui me plaisent dans ce menu
- Je reviens de suite … Ruby quitta rapidement la table de Maria, sous le choc. Elle était très surprise de la façon dont cette dame exécrable il y a quelques jours à peine l’avait traité avec respect et gentillesse. Elle prit rapidement les renseignements et revient vers Maria. Le chef vous prépare ça rapidement, ça prendra juste 10 minutes de plus, car il le fait spécialement pour vous.
- Il ne fallait pas qu’il se donne cette peine voyons.
- Au contraire, il était heureux, car, en Italie, c’était sa spécialité, mais, ici, peu de monde demande ce genre de risotto. Vous avez rendu un homme heureux aujourd’hui.
- Et bien, dans ce cas, c’est avec plaisir que j’attendrais.
- Désirez-vous un apéritif pour patienter ?
- Oui, un verre de Chateau d’Yquem, s’il vous plait ?
- Je vous ramène cela de suite
- J’aurais aimé savoir si votre collègue de la dernière… euh… j’ai oublié son nom…
- Amanda ?
- Oui, Amanda, elle travaille aujourd’hui ?
- Oui, elle sert en intérieur actuellement
- Si elle a quelques minutes, serait-il,possible qu’elle vienne me voir, s’il vous plaît ?
- Oui, bien sûr, je l’envoie vous amener votre verre
- Merci beaucoup

Ruby alla trouver son amie, elle demanda au sommelier de lui servir le vin de sa cliente et envoya Amanda vers elle, en la rassurant sur le changement d’humeur de la dame. Elle expliquait à Amanda comme la dame était gentille et polie aujourd’hui. Malgré tout, Amanda se dirigea vers la dame la peur au ventre. En la voyant se diriger vers elle, Maria ne put s’empêcher de trouver la jeune femme magnifique. Elle était encore plus jolie que la dernière fois. Pourtant, elle revit aussi le soir où son mari la laissa pour aller retrouver cette dernière. La colère remonta quelque peu en elle, mais elle prit sur elle et se concentra sur la beauté de la femme pour apaiser sa colère

- Bonjour Madame, voici votre verre.
- Merci beaucoup. Mais je ne suis pas assez vieille pour les Madame, je m’appelle Maria.
- Pas de soucis, Maria, dit timidement Amanda. Vous m’avez fait demander ? Que puis-je faire pour vous ?
- Oui, je vous ai fait demander, car …. Maria hésita un instant mais poursuivit en repensant à son plan… Je voulais m’excuser
- Quoi ? Demanda Amanda une fois le choc passé
- Je suis venue spécialement aujourd’hui pour vous présenter mes excuses ...

C'était une erreur...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant