Chapitre 6

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La tension était plus que palpable dans le taxi de retour des deux amies. Enfermée dans cet espace clos, Annabelle était de plus en plus mal. Plus les minutes passaient et plus elle sentait l’air se raréfier dans ses poumons. A bout de nerfs, elle stoppa le taxi, annonça qu’elle allait descendre là et paya la course. Elle respira l’air frais, mais le sentiment de nausées ne la quittait pas. Elle commença alors à marcher en voyant son taxi s’éloigner.
M

aria, de son côté, regarda son amie descendre du taxi mais sans bien comprendre sur le coup ce qu’il se passait. Encore abasourdie par ce qu’il venait de se passer, elle vit son taxi reprendre sa course et l’amener vers son bureau. Elle avait vaguement entendu son ami dire au chauffeur qu’il devait continuer sa route pour l’amener, elle, à la tour PC. C’est lorsque le taxi fut assez loin pour qu’elle ne voit plus son amie que Maria prit la mesure de ce qu’il venait de se passer. Elle connaissait assez son amie pour savoir que si elle était descendue c’est qu’elle fulminait à l’intérieur  et qu’elle suffoquait. Face à ce constat, elle arrêta le taxi pour descendre à son tour, il fallait qu’elle règle les choses avant de rentrer au bureau. Ne sachant pas vraiment à quel hauteur était son amie, elle se décida à l’attendre à l’angle de la rue suivante.

Quand elle la vit, Annabelle voulait d’abord l’éviter, mais finalement elle préféra l’attaque :

- Mais qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi es-tu descendue du taxi ?
- N’est-ce pas toi qui m’a dit récemment que tu ne comptais pas mourir bientôt et que j’allais devoir te supporter encore longtemps ? Alors sache que la réciproque est vraie
- Fhum, souffla Annabelle en dépassant son amie
- Je suis vraiment désolée, je n’aurais pas dû me comporter comme ça, mais ça a été plus fort que moi. Essaie de me comprendre, ce n’était pas facile de me retrouver comme ça devant elle, devant ma rivale. Elle couche avec mon mari, Annabelle, comment veux-tu que j’arrive à faire ami-ami avec elle ? C’est vraiment difficile pour moi
- Ok, je vois, je comprends, dit Annabelle en montrant à Maria un banc où s’asseoir toutes les deux pour continuer leur discussion… Mais qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ? Tu penses y arriver ou tu veux abandonner ?
- Franchement, ma belle, je ne sais pas. La seule idée de faire amie-amie avec elle me fait mal au coeur, c’est la maîtresse de mon mari quand même, je ne peux pas le nier, même si j’aimerais
- D’accord, ma chérie, je comprends… Sache que quelque soit la décision que tu prendras je serais là, je n’insisterais pas, je ne te jugerais. Tu sais que ce n’est pas mon genre, je ne l’ai jamais fait et je ne le ferais jamais. A toi de voir, si tu veux t’arrêter là et ne plus jamais la voir, si tu veux en discuter avec ton mari ou pas, si tu veux continuer selon notre plan, enfin bref, tu as le choix et je te soutiendrais quelque soit ta décision

Maria regardait son amie, émue aux larmes, elle venait de prendre conscience que peu importait ce qu’elle faisait ou décidait dans la vie, elle avait énormément de chance de l’avoir près d’elle. Même son mari ne pourrait jamais autant la comprendre et la soutenir. Elle se rendait compte de l’importance de sa meilleure amie dans sa vie et lui dit simplement merci avant de reprendre la route vers le bureau.
Une fois au travail, Maria n’était pas vraiment concentrée sur ses tâches. Elle cogitait énormément sur tout cela et elle se rendait compte qu’elle ne pourrait pas continuer à vivre normalement en faisant comme si rien ne s’était passé, mais elle n’avait pas la force de lui en parler maintenant. Il était encore trop tôt pour affronter aussi crûment la réalité. Et en même temps, elle ne se voyait pas non plus faire amie-amie avec sa rivale. Tout cela était vraiment compliqué, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle décide donc de laisser les choses en l’état pour le moment et de se concentrer sur l’importante réunion qu’elle s’apprêtait à diriger.
Annabelle, de son côté, était dans son bureau, elle cogitait aussi à la situation de son amie. Elle se remémorait leur rencontre au collège. Elle revoyait la jeune fille un peu perdue qui cherchait son chemin dans le dédale des couloirs de l’école. Elle l’avait trouvé charmante et elle avait instinctivement voulu l’aider. Les cours commençait à peine, mais Annabelle connaissait déjà le collège comme sa poche, car elle avait effectué ses années de primaire dans le même complexe scolaire et régulièrement, elle venait voir sa grande sœur dans la partie collège du complexe, elle avait alors décidé de prendre la jeune latino sous son aile. Elle l’avait aidé à trouver sa salle de biologie et l’heure suivante, elle lui avait fait une visite guidée du collège. Les deux jeunes filles se rendirent compte qu’elles avaient des heures de cours en commun et leur amitié s’était forgée dans les couloirs du collège. Comme Maria était nouvelle, on avait accordée à ce qu’elle change de classe afin d’être avec Annabelle et que celle-ci puisse l’aider. C’est ainsi que les deux devinrent inséparables. Maria avait été un soutien indéfectible pour Annabelle lors de chacun de ses coups durs. Certes, Annabelle était la plus forte des deux, celle qui n’abandonnait jamais et trouvait toujours des solutions pour tout, mais elle avait vécu des choses réellement atroces et Maria avait toujours été là pour soutenir son amie, elle a toujours su quoi lui dire, elle a toujours su comment agir. En repensant à tout ça, Annabelle se sent vraiment mal de ne pas pouvoir faire plus pour son amie. Une chose était certaine pour Annabelle, quand tout ceci allait exploser au visage de son amie, celle-ci allait s’effondrer et elle aurait vraiment beaucoup de mal à s’en remettre. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle savait que le pire c’était qu’Antonio se jouait d’elles, autant de Maria, que de cette jeune serveuse, Annabelle en était certaine, mais comment allait-elle réussir à en convaincre son amie ? Le devait-elle même ? Mais elle le sentait au fond d’elle-même, elle savait que ce qu’elle pensait était la vérité, elle avait toujours eu ce don de reconnaître les bonnes et les mauvaises personnes et elle savait bien qu’Antonio ne faisait pas partie des bonnes, mais malheureusement, si ce n’est par son ressenti, elle ne pouvait pas le prouver. Même lorsque Maria lui avait annoncé son mariage avec Antonio, Annabelle n’avait pas pu se réjouir comme elle l’aurait dû, car elle savait qu’il finirait par la faire souffrir. Mais tout comme, elle ne voyait en Antonio qu’une mauvaise personne, elle voyait en Amanda un bonne personne, elle sentait au plus profond d’elle même que cette femme était elle aussi une victime d’Antonio, tout comme l’était son amie. Elle devait trouver comment aider les deux jeunes femmes sans que Maria ne le prenne mal et ne s’imagine qu’Annabelle la trahissait. Elle laissa son dossier sur le côté pour se concentrer sur ce qui était vraiment important : faire tomber Antonio, l’imposteur...

C'était une erreur...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant