| THE DRIVERS & THE DRIVING INSTRUCTOR |

37.

Dès le lendemain de la course de Hongrie, la monitrice rentre dans son pays natal pour reprendre le cours « normal » de sa vie, ses journées s'enchaînant à un rythme effréné, entre l'auto-école et le garage.

— Ils sont où aujourd'hui ?, demande Thaïs en regardant sa meilleure amie, concentrée sur le changement d'un alternateur.

— A Silverstone.

— Mais ils y étaient pas la semaine dernière ?

— Si, mais là c'est le Grand Prix du 70ème anniversaire.

— Ah d'accord.

— Bon, j'y arrive pas, ça me soule, grogne la brune en laissant tomber sa clé.

— Tu bosses sur quoi ?, demande Thaïs en s'appuyant contre l'établi.

— L'alternateur est HS.

La jeune femme montre le véhicule d'un signe de tête, une Peugeot 307 bleue nuit. Elle enlève ses gants en nitrile noir qu'elle utilise pour travailler puis les balance sur l'établi à côté de l'étudiante. Elle boit son verre d'eau fraîche d'une traite, sous le regard moqueur de sa meilleure amie.

— C'est que tu avais soif !, rigole la petite-amie du numéro 55.

— Ouais, heureusement que mon grand-père a eu la bonne idée d'installer la clim. Je pense qu'on aurait crevé de chaud.

— C'est clair. Du coup tu vas faire quoi avec ton alternatif ?

— Un alternateur, Jeanine. Alternateur, tu sais c'est la pièce mécanique où il y a un rotor et un stator.

— Tu m'as perdue quand tu as dit pièce mécanique, rigole Thaïs.

— Est-ce que tu peux m'aider ?, demande la brunette en enfilant une nouvelle paire de gants.

La monitrice sourit tout en saisissant une pièce métallique, sous le regard inquiet de son amie qui recouvre elle aussi ses mains de gants en nitrile.

— J'aime pas, mais alors pas du tout, le sourire que tu me fais, dit l'étudiante peu rassurée. Et puis, tu peux m'expliquer pourquoi tu as un pied de biche ?

— Ben pour le changer.

— Mais Emmy ! Je m'y connais pas en mécanique, mais je suis pas sûre que changer un alternateur au pied de biche soit vraiment quelque chose de règlementaire.

— Tu sais ce qu'on dit. Article 22...

— Démerde toi comme tu peux, complète Thaïs.

— Allez ! C'est parti !!

Au bout d'une quinzaine de minutes, la jeune femme parvient à détendre la courroie. Elle vient à bout du galet tendeur qui faisait des siennes.

— C'est bon ! Merci Jeanine.

— Mais de rien. Quand je vais raconter ça aux mecs, rigole l'étudiante.

— Arrête ! Ils vont me prendre pour une débile.

Vingt-cinq minutes plus tard, la nouvelle pièce est installée, la courroie qui l'accompagne est changée. Emmy vérifie si elle n'a rien oublié, elle scrute le moindre recoin du capot avec sa lampe.

— Thaïs, tu peux démarrer la voiture s'il te plaît ?, demande la jeune femme tout en restant devant le moteur.

— Oui bien sûr !