Chapitre 1

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Je marche sur le sable chaud depuis plusieurs heures déjà. J'ai soif, si soif... Le soleil me brûle le dos. Mais j'y suis presque. Ensuite, il me faudrait faire le chemin retour. Je préfère ne pas y penser. Pourquoi notre village est-il si loin des sources d'eau? Chaque jour, une dizaine de personnes doivent faire le chemin pour aller chercher de l'eau. C'est une pénible tache, le sable est chaud et brûle nos pieds, chaque pas nous coûte une grimace de douleur. Pendant ce temps le soleil nous crame la nuque. Aller chercher de l'eau est vraiment une tâche ingrate mais l'aller n'est rien face au retour, lorsque nos seaux sont pleins et tirent au bout de nos bras, provoquant une horrible sensation de lourdeur au niveau des épaules.

Après quelques minutes supplémentaires nous atteignons enfin le petit oasis qui sert à nous approvisionner. Je remplis les deux seaux et prend un petit temps pour respirer. Qu'est-ce que j'aimerais rester à l'ombre de cet arbre, abriter du soleil pour l'éternité. Mais je repars.  Il ne nous reste plus qu'à retourner au village avant la tombée de la nuit. Car, mourir de la pénurie d'eau le jour est courant mais la nuit, lorsque le soleil se couche un vent glacial se lève, gelant tout sur son passage. Un homme qui n'est pas rentré avant la tombée de la nuit est considéré comme mort. Car même si il résiste au vent déchaîné, il n'a aucune chance face au bête qui se réveille. D'affreux animaux sortent du sables à la nuit tombée, se lèvent et dévorent ceux qui auraient l'imprudence de les dérangeaient. Ou alors, il y a les tempêtes de sables.
Je regarde les autres autour de moi, je ne connaît personne sauf Alfred et Mark. Comme je n'ai que 13 ans je n'ai pas encore fait beaucoup de voyage et les autres sont presque tous plus vieux. De toute façon, les voyages se font en silence, la salive est précieuse pour des gens mourant de soif. Mais ça ne m'empêchent pas de sourire à Mark. Il me sourit en retour, pour lui qui est plus musclé que moi, la traversée est plus facile. Moins effroyable. Quant à Alfred, je le vois grimacer mais ça n'a rien d'extraordinaire. Tout le monde c'est que une mauviette.
Le soleil brûlant continue à taper dans mon dos. Tout près de moi, un de mes camarades s'effondre. C'est un garçon d'environ 16 ans. Je le regarde, m'arrêter et l'aider ne me servirait à rien, à part mourir à mon tour, alors, je ferme les yeux et continue d'avancer. Ce n'est que mon troisième périple et je n'avais jusqu'alors vu qu'une seule personne tomber de fatigue. Moi même, je ne sens plus mes bras tant les seaux sont lourds. J'observe mes bras striés de cicatrices en tout genre. J'accélère le pas, les autres en font autant. La nuit arrive.

Nous arrivons au village en fin d'après-midi, exténuer. Mark est aussi crevé que moi. Tous les deux, nous rentrons ensemble chez nous étant donné que nous sommes voisins. Je ne sens plus mes pieds. Un peu comme si il n'étaient plus là. J'ouvre la porte de la cabane miteuse me servant de maison et entre. Notre logis n'est constitué que d'une seule pièce où nous mangeons et dormons. L'eau est rare et nous ne nous lavons pas.
Les gens qui m'ont recueilli ne sont pas encore là. Eh oui, je suis une orpheline. J'ai beaucoup de chance d'avoir été recueillis car la plupart des orphelins vivent à la rue. Comme quoi, nous, avec notre maison en tôle, on est des gens qui s'en sortons pas si mal. Le mobilier de la maison se résume à trois couvertures (nous dormons à même le sol), d'une table avec des rondins servant de chaises. C'est tout.
Je réfléchis encore quand la porte s'ouvre et sur le vieux couple qui m'a recueilli. La femme me sourit, et dit:
- Ça c'est bien passer? Après tout ce n'est que tout troisième voyage et une tempête de sable va bientôt approcher.
Elle me sert dans ces bras où je me réfugie. La chaleur de son corps n'est pas comme celle du soleil, celle-ci est douce et apaisante.
- Il y a eu un mort aujourd'hui. Il s'est écroulé de fatigue.
Un voile de tristesse passe dans son regard, des morts, il y a en a tous les jours ici, mais c'est toujours triste. Elle ne fait aucun commentaire à ce sujet.
- Ma chérie, je suis désolée mais aujourd'hui nous n'avons pas gagner beaucoup. Ce soir on devra se contentaient d'insectes...
Je fais la grimace. Je déteste ça même si on en mange régulièrement. C'est peu cher, facile à trouver et très nourrissant. Nous passons à table en silence. Le maigre repas ne suffit pas à nous nourrir mais c'est mieux que certains jours on nous avons du jeûner. Après la prière du soir je me couche.

Je me réveille tard le lendemain toujours aussi crevé. Je m'étire et mes courbatures me font souffrir. Aujourd'hui, j'irai certainement chercher un petit boulot. Si je pouvais gagner une petite pièce se serait bien. Je sors de la maison et retrouve Mark. Les journées au village sont longues et épuisantes, heureusement qu'il est là pour me soutenir...

Il est un peu plus de midi lorsque j'entend une alerte. Autour de moi c'est la panique, les gens se bousculent pour rentrer chez eux. Tout le monde connaît ce son ici. Les marchands d'esclaves. Ils emmènent tous les gens qu'ils croisent sur leur chemin, les font traverser le désert pour les revendre au riches. Je regarde de tous les côtés pour apercevoir Mark mais je ne le vois nul part. Lui aussi a dût entendre l'alarme, je ne m'en fais pas trop pour lui.
Je commence à courir pour rentrer chez moi. J'habite à plusieurs rues d'ici, il me faut me dépêcher. Je cours en contre sens par rapport à la foule. Je me frais un passage tant bien que mal mais quelqu'un me bouscule et je tombe pitoyablement sur le sol. Je ne peux pas me relever avec tous ces gens. Une peur panique s'empare de moi. Je tente de me relever avec plus d'ardeur mais rien n'y fait. Le temps que j'y arrive les rues sont désertes. Je cours en direction de la maison. Ce faire attraper par les marchands c'est faire une croix sur sa liberté. Hors de question que cela m'arrive. Je tourne à un croisement pour me retrouver pile en face d'un homme de la quarantaine. Mes yeux s'écarquillent tandis que je cherche à faire demi-tour mais il est trop tard. L'homme me prend par le bras et me souris de son visage barbu alors que je me débats. Je lui mords le bras de toutes mes forces et il crie en lâchant prise.
- La garce! Attraper la! hurle-t-il a des hommes un peu plus loin
Une course poursuite commence. Je cours, tourne à droite, à gauche. Je regarde derrière moi. Les hommes me poursuivent encore et sont sur le point de me rattraper. J'accélère soudainement, lorsque, soudain, un caillou me fait tomber. Je lâche un petit cri de surprise. Je me ramasse lamentablement sur le sol. Je tente de me redresser mais les hommes sont à mon niveau maintenant et me passe des menottes autour des poignées. L'homme que j'ai mordu s'approche et me souris cruellement. Il me relève sans ménagement et me pousse jusqu'à un camion déjà prêt. Une larme de désespoir coule sur ma joue.

Half-VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant