Chapitre 23

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Je marche sur le chemin en traînant les pieds. Je ne marche pas depuis très longtemps mais je suis déjà crevé. Le jour s'est levé et illumine mon chemin. Les cailloux me rentrent dans les pieds en y laissant de légères entailles. Je suis dans le désert de Manori. Ce désert de roche est la demeure des nains, ils vivent ici depuis des milliers d'années.
Je déglutis difficilement et regarde autour de moi à la recherche d'un point d'eau. Rien, juste des pierres.
Contrairement aux hommes, les nains n'ont pas besoin de lumière et presque pas d'eau. Ils possèdent une vision nocturnes leur permettant de s'enfoncer profondément dans les mines et peuvent rester plusieurs jours sans boire une seule goutte. Malheureusement, je ne suis pas comme eux, et moi, j'ai soif. Je regarde encore une fois autour de moi et distingue cette fois ci une butte de pierre plus haute que les autres. Je m'y dirige pour avoir une vision d'ensemble du paysage.

Je grimpe sur les cailloux rouges et manque de tomber plusieurs fois. Je ne compte plus mes égratignures aux genoux et dans les paumes de mes mains. Une fois au sommet, je met ma main en visière pour ne pas être aveugler par le soleil. Il n'y a rien à l'horizon. Pas même un petit village. Je m'apprête à descendre quand mon pied s'enfonce dans la terre. Je gesticule et essai en vain de le dégager quand je me souviens d'une chose.

Une fois, lorsque j'étais petite et que je me promenais avec ma mère, je n'avais pas fait attention ou je mettais les pieds et j'étais tombé dans des sables mouvants. Alors qu'en essayant de me dégager je m'enfonçais de plus en plus, ma mère m'avait hurler:
- Alys, ce ne sont que des sables mouvants. Surtout reste calme. Il te suffit de te pencher vers le sol en levant ton pied tout doucement.
J'avais suivi ses conseils et, dix minutes plus tard, j'étais sortie. Maman m'avait alors expliqué qu'en s'allongeant, cela donner une surface à enfoncer plus grande et l'on s'enfonçait donc moins vite. Elle m'avait aussi dit qu'il n'y avait de toute manière rien à craindre, les sables mouvant étaient rarement assez grand pour nous ensevelir en entier et s'arrêtaient souvent aux genoux.

Me rappelant les précieux conseils de ma mère adoptive, j'essaye de me sortir de ce pétrin. Hors, au lieu de m'arrêter de descendre au niveau du genou, je continue de m'enfoncer jusqu'à la taille. Fait encore plus curieux, mes pieds, au lieu d'être enseveli dans la terre, pendent dans le vide sous le sol. Une grotte. Je suis en plein passage vers une grotte souterraine. Paniqué, j'oublie tout les conseils qu'on m'a donné et m'agite dans tous les sens. Mes remous accélérèrent le processus et il n'y a bientôt que ma tête en surface. Mes bras sont emprisonnés dans la terre tandis que mes pieds s'agitent dans le vide au dessous de moi.
Je me met à hurler. D'abord d'un faible cri puis de plus en plus fort jusqu'au moment où la terre rentre dans ma bouche et mes oreilles. Juste avant que mes yeux s'emplissent de sables, je les ferme en priant qu'il ne m'arrive rien. Je finis par dégringoler de l'autre côté et tomber lourdement sur le sol.

Je me relève en vacillant sous la douleur. Mes blessures me tiraillent de tous les côtés. Deux larmes brillantes se forment aux coins de mes yeux. Je crache par terre pour éliminer la terre de ma salive. Je regarde autour de moi pour inspecter les lieux: je suis dans une grotte aux parois de pierre. Le plafond est haut au dessus de moi. J'ai fait une chute d'environ deux mètres. J'entend le ploc-ploc régulier de goutte d'eau tombant sur le sol à ma droite, une source est sûrement à proximité. Je marche en direction du bruit en boitant sous la douleur.
Un peu plus tard, j'arrive devant une source d'eau. L'eau est claire et pure. Elle vient de la surface en dégoulinant sur les rochers. Je pose ma main sur la roche mouillée et me penche pour boire. Ensuite, après avoir étanché ma soif, je lave mes mains pleines de terre et mon visage. Je rince aussi mes plaies les plus profondes tandis que l'eau de roche se teinte de la couleur vermeille de mon sang.

Je relève enfin la tête et vois une créature qui n'était pas là auparavant. C'est une sorte de toute petite femme très large avec une grosse barbe et des cheveux roux hirsutes. Ses deux grands yeux bleus me fixent avec intensité. Elle porte une armure façonné d'un metal luisant que je ne connais pas et tient une pioche dans sa main gauche. Surprise, je bégaie.
- B-Bonjour.
La naine ne bouge pas. Je me relève doucement, je fais au moins trois têtes de plus qu'elle. Je reprend d'une voix plus assurée.
- Bonjour.
Pas de réponse.
- Euh... Vous êtes? demandai-je
Cette fois, la femme daigne enfin me répondre.
- Kami. Toi?
- Alys, dis-je en souriant devant le peu de vocabulaire
- Toi ici pourquoi? demande-t-elle en me désignant de sa pioche
- J'aimerais réformé le conseil des six. J'ai besoin d'un nain pour cela.
La naine réfléchit quelques instants avant de dire de sa grosse voix:
- Moi conduire toi à Tuilan.
Je hoche la tête et la naine se détourne. Elle commence à marcher dans un sentier que je n'avais pas remarquer. Je cours pour la rattraper. Loin de la source d'eau, l'obscurité nous rattrape et je suis bientôt incapable de dire vers où nous nous dirigeons. Le tunnel finit par rétrécir et je me courbe pour avancer. Nous arrivons finalement dans une sorte de village souterrain. Sûrement Tuilan.

Je la suis dans les ruelles de la ville, admirant les grand bâtiments de pierre, les statues de diamants, les fontaines d'or. Les nains étant des mineurs aguerris, ils possèdent des montagnes entières de richesse. Tout homme en serait jaloux.
La naine me conduit jusqu'à une maison reculée et frappe sur la porte. Un instant, j'ai l'impression que la maison va s'écrouler sous la poigne de la naine, mais heureusement, l'habitat est solide.
Sans attendre de réponse de la part de l'habitant, la naine entre. Elle se dirige vers la pièce centrale de la maison et je la suis. Une fois arrivée, la naine s'agenouille au centre et commence à parler dans une langue inconnu, je reste sur le côté pour la regarder. La naine n'était donc pas idiote... C'est juste qu'elle ne parle pas bien ma langue.

Après ce qui me semble une éternité, la naine se relève et me regarde de ces grands yeux froids.
- Moi venir toi.
Je fronce les sourcils. Elle? Je ne sais pas... Pas qu'elle est l'air méchante non mais... Pour reformer le conseil, il me faut quelqu'un qui va représenter le peuple. Je ne peux pas prendre n'importe qui, voilà pourquoi cette tâche est complexe. Je m'apprête à faire part de mes doutes mais Kami me coupe dans mon élan.
- Oracle avoir dit: moi venir toi.
Quelque peu réticente, je hoche la tête pour signifier mon accord. Si l'oracle l'a dit alors.... De toute façon, je n'ai pas de temps à perdre. Cette petite naine fera l'affaire.
- D'accord. Dans ce cas, j'ai besoin que tu m'accompagnes à notre prochaine destination: les loups-garous.
La petite femme hoche la tête à son tour et s'éloigne. Ensemble et sans sortir de terre, nous nous dirigeons vers le territoire des hommes bêtes.

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