Chapitre 18

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Je regarde la pleine lune dans le ciel noir d'encre. Son faible éclat baigne mon visage de lumière. Comme depuis deux nuits, je regarde inlassablement le spectacle de la pleine lune et des milliers d'étoiles virevoltant à ses côtés. Une vieille légende dit, que quand on meurt, une étoile nait en notre honneur. Moi, lorsque je deviendrais étoile, je voudrais être proche de la lune.
Le jour, j'aide les personnes restées au village, la nuit, j'observe la voie lactée en réfléchissant. Miliana, ma mère adoptive était en réalité une tante éloignée. Elle a rejoint les étoiles hier, vers midi. Je suis sûre qu'elle nous observe là-haut. Savoir qu'elle veillera sur moi pour toujours m'aide a accepté son départ, alors, même si cette légende est fausse, j'ai choisi d'y croire.

Le village, vide de ces principaux occupants, ne ressemblera bientôt plus qu'à un tas de ruines dans le désert. Tout ce que j'aime ici finira par disparaître, alors que, chez les vampires qui vivent beaucoup plus longtemps, je pourrai me reconstruire une vie. Mais... Est-ce une raison pour ne pas aider les hommes? Ce voyage était censé m'aidait à choisir mais il ne fait que m'embrouiller encore plus.

Si j'aide les vampires, cela voudrait dire que je renonce aux hommes. A ma famille laissait là-bas. A Piper sûrement toujours esclave. Mais il n'y a pas que ça, je sais que, à la guerre, si je croise une personne que je connais, comme Mark par exemple, je sais que le tuer me sera impossible.
Pourtant, si je me range du côté des hommes, je sais que je ne serai jamais réellement accepté pour ce que je suis: une demi-vampire. Je sais que, ceux que j'aime mourront bien avant moi et me laisseront seule. C'est pourquoi choisir est un supplice.

Je dois pourtant prendre une décision. Ce n'est pas en restant indécise que je vais avancer.

Je me lève et frotte mes vêtements, de sorte à ce que du sable n'y reste pas accroché. Je retourne jusqu'à ma maison, et ouvre la porte. Mon père dort dans un coin. Étienne n'est pas là. Il s'absente la nuit et ne reviens que lorsque le soleil se lève. Je lui ai bien demandé ce qu'il faisait mais il a refusé de me répondre. Mais, aujourd'hui je suis décidé. Lorsqu'il rentrera, je lui demanderait. Je dois aussi savoir pourquoi a-t-il tenu à m'accompagner dans mon voyage. Et puis, si je lui parle, cela m'aidera sûrement à choisir dans lequel des camps je dois me ranger. Son avis compte beaucoup pour moi. Et sa présence plus encore'.
Je m'allonge sur une couverture trouée et ferme les yeux. Malgré ma fatigue constante, je ne parviens pas à m'endormir avant plusieurs heures.

A l'aurore, je me réveille en étendant Étienne rentrer. Je me lève et vais à sa rencontre.
- Je... Hier, tu as esquivé ma question mais... Ou vas-tu la nuit? demandai-je
- Cela ne te regarde pas, répond-il sèchement
- Si. Je veux savoir. Et je veux aussi savoir pourquoi tu m'accompagnes depuis le début.
Un sourire se dessine sur ses lèvres et il se penche vers moi, en profitant pour me susurrer à l'oreille:
- Mais c'est parceque que je t'aime bien sur...
Je me fige au contact de son souffle chaud sur ma nuque. Peut-il répéter ce qu'il vient de dire? Ses mots résonne en boucle dans ma tête, comme l'écho d'un cri dans la montagne. Je reste tétanisé sur place jusqu'à ce qu'il relève la tête et me regarde d'un air amusé. Il éclate de rire.
- Ne me dit pas que tu m'as cru? Je savais que tu n'étais pas maligne mais quand même....
Je deviens rouge de honte, d'y avoir cru et de colère, pour sa blague d'aussi mauvais goût. Comment ose-t-il se moquer de moi ainsi? Je le déteste! Ou plutôt, je voudrais...
- Mes sorties nocturnes c'est du repérage.
Du repérage mais pour quoi faire?
- Euh.... Ça va te servir à quoi?
- Et bien, cela va répondre à ta deuxième question. Je suis ici car, comme une guerre s'annonce, j'ai reçu l'ordre de me servir de toi pour me rendre en territoire ennemie et repérer le terrain.
C'est une blague c'est ça? Elle est de mauvais goût. Franchement y pourrai trouver mieux. Je savais que son humour était complètement pourri mais là.... Pourtant, je ne trouve aucune trace d'humour dans ses yeux rosés. Son air sérieux me convainc. Il dit la vérité et, plus que ses incessantes réflexions à mon égard, ce fait me blesse. Mon sang se glace dans mon corps. Il s'est servi de moi... J'ai peine à y croire. Je me mord l'intérieur de la joue pour ne pas pleurer.
- C-C'est vrai? bégayai-je, ma voix tremblotant légèrement
- Oui. Et d'ailleurs, je crois que tu connais la personne qui m'a donné cet ordre...
Je ferme les yeux, aillant peur de la suite.
- Une certaine Seika si je me souviens bien....
Je rouvre instantanément les yeux. Seika ne m'aurait jamais fait ça. J'en suis sûre. Ou presque. Non, en fait, elle aurait très bien pu faire ça. Elle me dégoûte. Je me dégoûte aussi d'avoir cru en notre amitié. Décidément, je ne suis pas faites pour avoir des amis....
Je regarde Étienne. Un sourire arrogant est dessiné sur son visage. S'en est trop. Je ne peux en supporter plus. Le sang tambourine à mes oreilles. Des pulsions meurtrières m'envahissent. Mon souffle se fait plus rapide et mes pulsations cardiaques s'accélèrent. Ma vision se fait plus nette et précise. Et, dans une bouffée d'adrénaline, je me jette sauvagement sur lui en poussant un cri de rage. Je vais lui faire ravaler son sourire arrogant. Je le frappe violemment à la tempe et il titube. Il réplique alors, et lorsque son poing atteint mon visage, je crois que je m'évanouis.

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