10: notes

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J'ai regardé plusieurs chaînes sans vraiment y faire attention, j'étais ailleurs, j'étais loin. Le psychopathe occupé le deuxième étage, que je n'avais d'ailleurs jamais vu. J'étais perturbé par ce qui venait d'arriver.

Je me rappelle ses pupilles, je me souviens du son de sa voix et je m'embrouille sur son comportement.

Je me lève et monte au premier étage avant de fixer passivement les escaliers. Je prends une grande inspiration et gravis ce qui me sépare de l'échelon.

Devant moi, un grand salon éclairé par des fenêtres au plafond. Un parquet clair et des murs blancs, des plantes et un piano. Un canapé moderne en cuir gris et un écran plat. J'écarquille les yeux devant l'immensité de la pièce devant moi. Je fais quelques pas et caresse du bout des doigts ce qui est à porté de main. De l'aloe vera, des orchidées et des pensées. L'odeur de la nature enivre mes narines. Je trouve un sourire devant cet endroit paradisiaque. Ce coin, donne l'impression de recueillir toute peine, les rayons du soleil par ces vitres réchauffe, ces murs et par son même chemin ma peau. Je voudrais y passer mon temps.

J'inspire une dernière fois le parfum des fleurs et je continus mon chemin en empruntant le couloir. Au fond à droite de celui-ci, une porte. Avant de faire ne serais-ce qu'un geste, j'approche mon oreille et essaie d'écouter. Il n'y a pas un bruit. Je fais un face à face avec le bois de chêne, avant de prendre une grande inspiration et baisser la poignée. J'ouvre de quelques centimètres et des notes de guitare viennent chatouiller mes tympans. Je pousse délicatement la porte et devant moi se trouve l'homme aux cheveux en batailles en train de jouer de l'instrument.

Je reste debout, lui faisant front. J'écoute ces sons sortir et dieu que c'est beau.

La dernière assonance s'extirpe de ses cordes et ses yeux se lèvres vers moi. Il fronce les sourcils et pose l'objet.

- Qu'es ce que tu fou ici ? J'ai un mouvement de recule. Intérieurement, je suis déçue de voir que la gentillesse dont il a fait preuve s'est envolée.

- Tu pourrais au moins essayer d'être aimable. Il ricane et moi je croise les bras. Tu peux vouloir détester tout et tout le monde, mais ma présence ici vient de ton propre choix.

- Ta présence ici, tu la dois à ton père, Nina. Il te doit une vie et tu sais de quoi je parle. Il quitte sa chaise et vient me surplomber. Entre ses lèvres il a glissé une cigarette et me crache la fumée sous le nez. Il t'a fait frappé. Il accompagne ses mots d'un glissement de doigt sur mon ventre. Ici. J'avale une bille et cligne des yeux pour ne pas céder. Il t'a fait mutiler. Il empoigne mon avant bras. Ici. Ma respiration s'emballe et mon corps se met à trembler. Il t'a fait captive. Il attrape ma mâchoire et approche son visage du mien. Il t'a fait, ce qui était mon rôle de faire. Il écrase son mégot sur le mur derrière moi, à quelque centimètre de mon visage. Cruel n'est-ce pas ? Parce qu'un lien de sang ne vaut rien Roberts. Une larme glisse sur ma pommette.

Il venait de raviver cette douleur que j'avais renié, que j'avais enfoui au fond de moi. Il me rappelait ce que mon corps ne cessait de faire, la douleur, physique, la douleur infligée à mon cœur. J'avais mal de ce j'avais vécu, j'avais mal de ce qu'on m'avait infligé et je haïssais la vie que j'avais.

Mon regard dans ses saphirs, ses pupilles assistantes sur moi, on s'observe près l'un et l'autre à se blesser de nos maux. Il avait trouvé, il avait fait en moi, un point sensible où appuyer.

Sa main caresse mon épaule et il se pince les lèvres. Sa seconde phalange vient rencontrer ses longueurs noir, il s'éloigne et me tourne le dos.

- Dans ce monde, dans mon monde, c'est la loi du plus fort, celui qui aura le gros lot, celui qui réussira à avoir tout.

Je reste fermée, je l'observe avec ses paroles qui s'enregistrent, qui résonnent et hachent mon âme.

NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant