32: consume

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J'attends derrière la porte, le moindre bruit qui me pousserait à sortir. Mais à part un silence pesant, rien ne remplit l'endroit. Soudain, le parquet grince, des bruits répétitifs. Ils sont plusieurs.

- Tiens donc, on se retrouve. La voix de Dylan me parvient.

- Où est-elle ?

Addams.

- Loin de vous.

- Tu vois, ça m'embête beaucoup parce que j'avais de grand projet pour elle. Ce qui aurait assuré ta survie.

Un cri de douleur me retourne les entrailles.

Casey !

- Tu ne l'auras jamais !

- Si je te tue, laisse-moi te dire qu'il n'y aura plus PERSONNE en travers de mon chemin. Un bruit d'écroulement sur le sol me fait sursauter. Je jette un coup d'œil par le trou de la serrure.

Ils sont tous là, tous sauf Alayna. Austin est allongé contre le vieux bois, il tient sa blessure et son visage est tordu de douleur.

- Tu vois Casey, tu as toujours été qu'un faible. Il faut des couilles pour être à la tête de ma drogue. Mon coeur s'emballe quand Addams pointe un canon sur l'homme à terre. Au lieu de te tuer à petit feu, laisse-moi te faire le plaisir d'abréger tes souffrances. Je m'apprête à sortir mais une main fragile me retient.

- C'est la mort assurée si tu y va. Alayna se tient là, en face de moi.

- Je ne serais pas lâche, je ferais pas la même erreur que toi. Je sors de son emprise et ouvre la porte. STOP! C'est moi que vous voulez ? Je suis à vous, à condition que vous le laissiez tranquille. Un sourire s'étire sur le visage du garçon malsain.

- Loin tu disais ?

- Nina dégage ! La voix de Casey atteint mes oreilles mais n'a plus d'impact. J'ai qu'une idée en tête, le sauver.

Il fallait que je le sauve, car si il venait à mourir maintenant, il partirait avec une part de mon humanité.

Parce que je dois me l'avouer à moi-même, je me suis jamais sentie aussi proche de la mort et pourtant je me sens si vivante. Grâce à lui, c'est le danger, c'est la peur, c'est la douleur mais c'est la beauté des cicatrices.

C'est des marques, c'est des cris, de la haine, de la rancoeur mais une attirance certaine. C'est l'explosion face à nous.

Alors il était hors de question que la seule personne qui me reste parte. Pas sous les yeux et encore moins en dehors d'eux.

J'accours à lui et l'aide à se relever, deux blessés près à se repousser pour se sauver.

- Et bien. Alayna vient. La rousse sort de derrière notre dos. Il suffit d'un souffle trop long, pour qu'une balle lui soit plantée dans la tête.

Mon corps tout entier prend un choc en même temps que le sien s'effondre. Mon cerveau s'est arrêté. Mes paupières s'ouvrent et se ferment d'une vitesse affolantes pour être sûr de ce qu'elles voient.

- Nina, putain écoute-moi pour une fois ! Il me sort sa phrase, dans un chuchotement, les dents serrées.

- Hors de question. Une fois qu'il est sur pieds, je m'approche du pervers qui ne veut rien d'autre que le dernier souvenir qu'il me reste de mon paternel. Tu me veux ? Bien, mais tue-moi, parce que tu n'auras pas de mariage avec moi, pas de belle vie où tu pourras me dominer pour flatter ton ego de psychopathe, névrosé et taré. Vous pensez tous que tout se prends par la force ? Que bon vous sembles. Tu n'as pas le droit de me prendre encore une part de moi, pas de mon vivant, parce que ces terres sont la seule chose que tu ne m'as pas encore arraché.

- Tu es sûre de ce que tu dis ? Sa main se pose sur mon épaule. Il me fait faire volte-face. Ses lèvres sont à quelque centimètre de mon oreille. Parce que ton désir pour cet homme va au delà de tes principes, au-delà de ce que tu aurais pu imaginer. Vous vous persuadez de ne rien vouloir de l'un et l'autre, parce que tu as honte d'aimer la douleur qu'il t'inflige. Je me pince les lèvres. Austin et moi nous regardons. Ses yeux essaient de cacher tant de chose et moi je rejette en bloque ce qui vibre en moi. Mais pour lui, tu ne seras pas plus qu'un jouet. Mais un jouet personnel auquel on ne touche pas. Il me relâche. Je reviendrais, je n'aime pas la facilité.

D'un instant à l'autre ils ont disparus, nous laissant dans cette maison qui est le passé de l'homme en face de moi. Le corps de mon amie gît sur le sol.

Mes pupilles n'ont pas quitté celle d'Austin.

- Il a faux. Sa voix est dure et j'aimerais lui donner raison.

Je secoue négativement la tête et sa mâchoire se ressert.

- Alors quoi ? Tu vas me dire que tu es tombé amoureux du mafieu qui t'a enlevé, s'il te plaît tout mais pas ça putain ! Je marche en sa direction. Mon coeur palpite et ma respiration me torture.

- Tu m'as kidnappé, malmené, embrassé puis repoussé. Tu m'as sauver et plonger ici. Tu n'as pas eu le courage de me parler de ce qui s'est passé dans ta vie, alors que moi, moi tu n'as pas hésité une seule seconde à vouloir soigner chacune de mes blessures.

- Parce que j'avais honte ! Qu'est-ce qu'un homme violé par sa propre mère hein ?! Tu peux me le dire ?!

- Un homme incroyablement courageux. Un coeur douloureux mais vivant.

- Nina arrête.

- Non, toi arrête, arrête de me repousser, arrête d'ouvrir une porte et la refermer. Arrête de mentir et dis moi que tu me déteste ! Dit moi que après tout ce qu'on a vécu tu ne ressens rien à mon égard. Insulte-moi, haïs-moi, que grand bien te face mais tu ne pourras jamais me dire que tu ne m'as jamais aimé . Que tu n'as jamais ressenti rien d'autre que de rejet.

- Je te déteste. Ses mots rebondissent moi, plantant une douleur là où il y en avait déjà trop.

- Alors repousse-moi encore une fois. Je plonge mes lèvres sur les siennes. Durant un court instant il ne réagit pas, le moment d'après ses mains se posent sur mes joues.

Il recule mon visage et son regard parle de lui même. À ma surprise, il s'approprie ma bouche, formant autant de nous une bulle qui nous fait oublier le sang coulé. Mes bras, son ventre, notre coeur. Il ne reste rien d'autre que ces sentiments sans nom qui nous consument autant qu'ils édifient.

Quand son visage s'éloigne du mien, j'ai peur de le voir partir, mais il n'en est rien. Il est là, il scrute chaque trait de moi, chaque centimètre qu'il pourrait avoir raté.

- Je te déteste pour ce que tu me fais ressentir. Je te déteste pour ce visage qui m'a appelé le jour où je t'ai enlevé. Je déteste l'effet de tes yeux émeraude sur moi, l'envie qui te pousse à m'aider. Je te déteste pour toute la noirceur que tu m'as enlevé, pour les démons que tu as tué.

- Alors déteste-moi encore, mais ne me repousse plus. Parce qu'il ne me reste plus que toi. Son front se colle au mien et je comprends alors que nous venons de franchir toutes les barrières qu'il était hors de question de céder.

On venait de passer de ennemis à.....héros aux yeux de l'autre. Une lumière, un ange... qu'importe ce que nous étions, parce qu'ils ne restaient plus que l'être.

NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant