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MES TALONS SE SUCCEDENT sur le bitume, formant une mélodie saccadée ponctuant ma respiration disparate. Mes yeux s’agitent dans leurs orbites, fixant les immeubles m’entourant avec hâte, craignant d’y voir la silhouette de Fushiguro.
Je suis en retard, j’en ai conscience. Il m’a fixé rendez-vous dans ce restaurant italien pour midi pile. Trois minutes se sont écoulées depuis cette heure.
Je n’ai plus qu’à espérer que lui aussi, soit en retard.
Bientôt cependant, au coin d’une rue ensoleillée bordant un vaste bâtiment gothique devant être un musée d’arts anciens, mes yeux tombent sur une façade qui m’est familière. Richement décorée de peintures rappelant la chapelle Sixtine, le Vent’anni se dresse devant moi.
Un large portail formé par deux colonnes de marbres sont gardés par des hommes en costume. A l’intérieur, je peux déjà voir les murs de bois clair parsemés de lierres. L’ambiance y est élégante, dépaysante.
Approchant le portail, je franchis l’arcade gardée par deux hommes en uniforme. Avec un sourire, ils m’accueillent. Mon regard se porte d’abord sur le vaste bar devant moi marquant le centre de la salle. Puis je cherche mon patron du regard.
— Bonjour madame, avez-vous une réservation ? demande l’un des deux portiers.
— Bonjour. Je suis venue sur la demande d’un certain Fushiguro mais je ne sais pas s’il a réservé.
Aussitôt, le sourire sur le visage des deux portiers retombe. La température se refroidit brutalement, me faisant frissonner. De toute évidence, ils savent qui est mon patron. Mais quelque chose me dit qu’ils ne sont pas bien à l’aise en sa compagnie.
