Chapitre 13

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Un matin, on quitte le Grand Bazar Sorcier pour se rendre à Beyoğlu, un quartier plus moderne d'Istanbul. Là, les restaurants côtoient les boutiques moldues, les touristes et les habitants se pressent dans les rues. Une partie du quartier est réputée pour ses boutiques vintage et ses magasins d'antiquités. Les échoppes sorcières se regroupent au fond d'une rue, dissimulées aux yeux des moldus dans un entrepôt à l'abandon. C'est là que se serait installé le sorcier banni du Grand Bazar. Ici, pas de surveillance, personne pour l'empêcher d'acheter et revendre des reliques interdites. Dans les allées du petit entrepôt, des meubles anciens et des tableaux de grands maîtres sont agencés autour de longues étagères dans lesquelles sont présentées des babioles plus ou moins précieuses.

Potter jauge le dédale et repère les allées appartenant au sorcier en question, mais il reste une quantité non négligeable d'objets à scruter. Autant chercher des aiguilles dans une botte de foin !

— Tu saurais reconnaître une onde de magie noire ?

— Pourquoi tu me demandes ça ? Parce que ma famille est de sang pur ou parce que j'ai...

— Parce que tu l'as senti dans le poudrier, il me coupe.

Il se retourne et plante son regard sur moi.

— T'as su la repérer et la contenir là-bas. C'était une coïncidence ou tu saurais la sentir de nouveau ?

Je hausse les épaules. Ce n'est jamais tout à fait conscient, juste une sensation désagréable.

— Je perçois juste que la magie vibre différemment quand elle est corrompue. Pas toi ?

Potter hoche lentement la tête en jetant un œil derrière mon épaule.

— Si, quelque chose comme ça... On va se séparer pour couvrir les allées. Si tu sens quelque chose, tu ne fais rien sans me prévenir. Entendu ?

Nous remontons chacun une allée en prenant l'air d'être des touristes intéressés. Je me penche et essaie de me concentrer sur chaque babiole, mais impossible de ressentir quoique ce soit dans ce capharnaüm poussiéreux !

Au bout d'un moment, je remarque que Potter s'éternise penché sur un guéridon. Je traverse la contre-allée pour le rejoindre et il me fait signe de jeter un œil à ce qui l'a attiré. Une boîte à musique joliment sculptée est posée dans un écrin. Le mécanisme est arrêté, la sirène figée dans son mouvement, mais une onde pulse doucement de la boîte.

C'est infime, mais...

Potter observe attentivement ma réaction et je lui confirme ses doutes.

En penchant délicatement la boîte, on réussit à déchiffrer le nom du fabriquant-sorcier gravé d'un sort sous le socle. Elle vient bien d'une vieille fabrique anglaise.

L'antiquaire s'approche derrière nous, nous faisant sursauter.

— Jolie merveille, n'est-ce pas ? On dit que la mélodie de cette sirène est littéralement hypnotique... Hélas, elle est déjà réservée et part dès demain vers son nouveau propriétaire ! Si vous êtes amateurs de musique, peut-être que cet orgue de barbarie pourrait vous intéresser, messieurs...

Il nous oriente vers un piano à manivelle juste à côté qui, enchanté, s'active seul et joue une ritournelle triste et lancinante. Aucune trace de magie noire n'émane de lui, mais je m'efforce de poser quelques questions anodines sur l'orgue-sorcier pour ne pas éveiller les soupçons du négociant. Quels morceaux joue-t-il ? Quelle est son autonomie magique ? A qui a-t-il appartenu ?

Potter se renfrogne, peu intéressé par les réponses. Cet abruti n'a pas compris que la piste concrète vers des acheteurs potentiels est sous notre nez et qu'il suffit d'être patients.

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