Chapitre 25

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Le temps de récupérer la missive accrochée à la patte du petit oiseau et de parcourir la réponse de Nigel, Drago a quitté le lit pour filer sous la douche.

Dans sa lettre, Nigel accepte le plan proposé la veille - celui de Drago, en réalité : libérer un des disciples et le pister jusqu'à ce qu'il nous mène au sorcier qui détient encore le bâton-catalyseur. Il m'indique qu'il va le libérer dans la journée, dès sa garde à vue terminée, soi-disant pour manque d'éléments probants.

Quand Drago quitte la petite salle d'eau, il est habillé avec soin, tiré à quatre épingles, sa natte de nouveau tressée au creux de son épaule. Dans le coin cuisine de la chambre, il fait bouillir de l'eau pour son thé, comme à son habitude. Mais une seule tasse cette fois.

Je devine à sa posture et à ses gestes retenus qu'il est contrarié, mais je prends tout de même le temps de lui résumer la réponse de Nigel. Il porte sa tasse de thé à ses lèvres, en boit une gorgée l'air indifférent.

— Je te laisse faire alors...

Je laisse retomber le parchemin sur le petit bureau, un peu décontenancé par son changement d'attitude.

— Je veux que tu m'accompagnes.

— La Memoriae Captiva ne servira à rien pour une filature.

— Je sais. Viens, même sans potion.

Pendant que je me prépare, il finit sa tasse, s'équipe de sa ceinture de potionniste sans un mot, y glisse quelques fioles qu'il choisit avec soin dans son coffret. À choisir, je préfère encore ses piques narquoises dès le lever du lit.

Sur le chemin de la Citadelle, je le briefe sur l'enjeu de la filature : le type libéré va sans doute vouloir rejoindre le sorcier au catalyseur. Celui-ci peut être n'importe où, toujours dans le désert ou dans une cache aux alentours de la ville. Les officiers de la Citadelle ont posé une trace sur lui pour l'empêcher de transplaner le temps de l'enquête. Par contre, il est libre de voyager à la moldue, ou d'utiliser un portoloin. C'est ce qu'on espère qu'il fera, ça nous permettrait de déterminer sa destination plus facilement.

— Dans le cas où il veut utiliser un portoloin, il va devoir s'en procurer un quelque part dans Le vieux Caire. À nous d'ouvrir l'œil pour ne pas le perdre...

Devant la prison de la Citadelle, le disciple sort libre, jette un regard aux alentours, puis s'engouffre sans surprise dans le souk sorcier. On le suit à distance raisonnable entre les étals, Drago sur mes talons. Je mets de côté les mots que j'essaie d'assembler pour avoir une discussion avec Drago, mais il faut que je reste concentré si je veux garder mes distances avec le type tout en évitant de le perdre de vue. Très vite pourtant, il s'arrête dans une petite échoppe et commande à boire. Je fais signe à Drago qu'on s'installe sur l'une des terrasses pas tout à fait en face de la sienne, à une table qui permet de le surveiller sans être remarqués. Comme je me mets dos à la rue et laisse la place d'en face à Drago, il hausse un sourcil sans comprendre.

— Il pourrait me reconnaître, il sait à quoi je ressemble, pas toi.

— Je croyais que j'attirais l'attention avec ma gueule trop pâle...

— J'ai jamais dit ça...

Mauvaise foi. Évidemment qu'on ne remarque que lui. Il dénote clairement dans le souk avec sa prestance et sa beauté froide, mais peut-être suis-je le seul que ça dérange vraiment. Il rabat le chèche sur sa tête pour dissimuler ses cheveux et se positionne pour pouvoir observer notre type sans que ce soit flagrant. Et moi, ça me laisse du temps pour détailler Drago et réfléchir à ses envies impossibles.

Je commande deux boissons pour ne pas attirer l'attention inutilement sur nous et, au bout de longues secondes, Drago brise le silence.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

Memoriae CaptivaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant