Ron a beau me regarder de travers à chaque fois que j'en parle, je n'arrive pas à ignorer cette affaire. Comme si j'avais tiré le fil d'une pelote qu'il m'est impossible à présent d'ignorer.
Je n'ai pas pu m'empêcher de creuser les affaires traitées par NK. Le type n'est qu'un gratte-papier, aucune mission mémorable, mais sa paraphe est partout sur les registres des Aurors.
Pas seulement sur quelques parchemins comme tout officier qui bouclerait son enquête, mais sur plusieurs dossiers par semaine.
Quand je fais la remarque à Ron, il lève le nez de ses dossiers.
— Qu'est-ce que tu insinues ?
— J'en sais trop rien pour le moment, mais je peux creuser...
— Laisse tomber, Harry !
Je me lève devant son grand bureau soudain agacé par son indifférence.
— Me dis pas que tu t'en fiches, tu veux savoir autant que moi !
— On n'a plus quinze ans, Harry. On a passé l'âge de foncer dans les emmerdes sans penser aux conséquences !
Il bascule la tête en arrière et pousse un soupir bruyant.
— Je ne veux pas perdre ma place si ton intuition te plante. Et toi, non plus. Même si tu fais tout en ce moment pour cramer ta place au Département. Sérieusement, Harry, t'imagine même pas les efforts que je fais pour que tu puisses garder ta place sur le terrain ! Si j'écoutais la hiérarchie, on te transférerait simplement à la Brigade Magique, tu resterais planqué derrière ton bureau et on te sortirait juste de temps à autre pour les grandes occasions !
Le regard qu'il plante sur moi est des plus sérieux.
Je me doute qu'il m'épargne la plupart des remarques qu'il reçoit me concernant, mais ça m'arrive aussi de lire les titres de presse et j'ai conscience que ma réputation de loup solitaire aigri n'est plus à faire.Je sais que je fais chier certains gradés, à mettre les pieds dans le plat, à demander sans cesse plus de justice, de transparence. Je suis l'épine dans leur pied dont il est difficile de se débarrasser, et Ron est bien le seul à oser me le dire sans prendre de pincettes.
*
Pendant les jours qui suivent, je m'efforce de faire profil bas, sauf que, quand pour une affaire je dois déposer des preuves à la Réserve, je ne peux pas m'empêcher de remarquer un nouveau "NK" griffonné sur les dernières lignes du registre.
La Réserve des Objets Confisqués de la Brigade ressemble à un entrepôt où des rayonnages immenses accueillent une ribambelle d'objets perquisitionnés pendant les enquêtes des Aurors ou des officiers de la Brigade Magique. On se croirait dans la Salle sur Demande au milieu de cet amoncellement incohérent d'objets ensorcelés, de reliques oubliées, d'accessoires de contrefaçon, certains inoffensifs et d'autres en attente d'être neutralisés... Tout un pan est dédié aux objets scellés par les Aurors. Les émanations de magie anciennes sont contenues et protégées par un bouclier. On y trouve des grimoires sinistres, des reliques de vieilles familles, des babioles sans valeur... mais le tout est étiqueté sur les étagères dans une logique savante pour s'y retrouver lors des procès ou des affaires qu'on rouvre des années plus tard.
En déposant le sac de cristaux instables confisqués lors de mon enquête en cours, je m'égare dans la Réserve que je n'ai jamais vraiment arpentée jusque-là. Je lorgne l'air de rien les étagères qui correspondent aux paraphes de NK, mais je ne remarque rien de significatif. Des traces de pas devant le pan réservé aux Objets Enchantés attirent mon attention. Les rayonnages sont pleins de poussière, des araignées ont tissé leurs toiles entre les étagères. Rien d'étonnant, la plupart des Aurors déposent leurs scellés sur le rayon le plus proche de l'entrée et ne s'aventurent pas dans cette zone reculée de la Réserve.
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Memoriae Captiva
FanfictionVingt ans après la Grande Bataille, Harry est auror, Drago, travaille au département des Potions. Ils ne se sont pas parlé depuis des années, et par un malheureux concours de circonstances, ils vont devoir collaborer sur une enquête à travers l'Euro...