Epilogue

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Drago.

Dans le grand hall réservé aux transplanages internationaux, le douanier vérifie nos papiers d'identité et les autorisations que confère le statut d'Auror de Harry. Autour de nous, les voyageurs disparaissent dans des plop sonores, et c'est bientôt notre tour : direction la gare internationale de Saint-Pétersbourg.

La législation de la Russie n'autorisant pas les transplanages de sorciers étrangers sur son territoire, nous nous rendons dans le hall réservé au Transsibérien. Ce train sorcier mythique traverse le pays jusqu'à Vladivostok, la plus grande ville de Sibérie, en plusieurs jours. À quai, il est rutilant et crachote déjà des panaches de vapeur en attendant le départ.

Harry se presse entre les voyageurs, vérifie le numéro de notre compartiment, puis grimpe dans le wagon correspondant. La cabine est moderne malgré l'ancienneté du train, les banquettes ont l'air confortables, un petit point d'eau est intégré à l'espace, ce qui est un petit luxe dans ce genre de train de nuit. Je fais léviter mon sac de voyage dans l'espace de rangement, glisse mon coffret de potionniste à mes pieds en prenant soin de l'attacher correctement pour éviter qu'il ne soit trop secoué.

Une provodnitsa - la gardienne du wagon - passe dans le long couloir, vérifie dans chaque compartiment que les voyageurs sont bien installés et qu'ils ne manquent de rien. Bientôt, le Transsibérien se met poussivement en branle, quitte la grande gare et trouve sa vitesse de croisière en sortant de la ville.

Je prends le temps de bien m'installer. Ces voyages en train sont certes fascinants, mais ils peuvent parfois devenir longs et ennuyeux une fois l'excitation des premiers paysages sauvages passée. Je sors une pile de livres dédiés à la culture sibérienne, quelques traités sur les sorciers vivants reclus dans les steppes et des romans plus légers sur la vie des sorciers dans ces contrées reculées...

Je fais léviter la petite tablette de lecture mise à disposition, étale un parchemin et sors ma plume.

— Tu me briefes sur l'affaire ?

Harry a pris le temps de jeter un œil aux compartiments voisins et de repérer les issues de secours les plus proches. Je le laisse faire sans faire de remarque, si ça peut le rassurer. Même s'il y a peu de chances de se faire pister ou attaquer à bord d'un train. De retour dans notre cabine, il hisse sa besace dans le filet de rangement, dépose son carnet de mission sur sa banquette.

— On a affaire à des loups-garous britanniques dissidents qui fomenteraient une alliance avec les mages noirs des steppes. On doit rencontrer leurs leaders respectifs sur les rives du lac Baïkal pour tenter une négociation. Si ça foire, il faudra improviser...

J'attends la suite, la plume à la main. J'avais déjà les grandes lignes avant de partir, mais quelques détails sur chaque clan et notre stratégie d'approche ne seraient pas de trop avant de débarquer en territoire inconnu...

Harry défait sa lourde cape de voyage, l'accroche à la patère, défait un bouton de sa chemise pour se mettre à l'aise.

Et puis, il agite sa baguette : les volets roulants s'abaissent d'un coup sec sur les vitres du compartiment, le loquet dans la porte coulissante claque. Il vient s'agenouiller devant moi, le regard brillant, écarte mes cuisses d'un geste et me retire les parchemins que j'avais entre les mains.

— On a quatre jours de voyage en train jusqu'à Irkoutsk en Sibérie, puis deux jours de marche pour rejoindre leur camp sur la rive du lac Baïkal. Je pense que le briefing peut attendre...

Il s'affaire sur la boucle de ma ceinture, déboutonne mon pantalon et se penche vers mon entrejambe, mais je le retiens, mes doigts sous son menton.

— Attends un peu...

Memoriae CaptivaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant