Chapitre 15

1.2K 146 64
                                    

La chaloupe s'amarre en périphérie de la ville et un petit véhicule moldu nous aborde pour nous mener jusqu'au cœur de la cité. Potter ne négocie même pas le prix du trajet et nous grimpons avec nos bagages, direction la Médina, la vieille ville égyptienne.

Dans cette petite carriole à trois roues, le chauffeur traverse la ville à toute vitesse. Il double de tous les côtés, remonte les voies en sens inverse, manque de renverser un piéton, klaxonne, s'insère entre deux camions, grille la priorité, évite de justesse un autre de ces tricycles motorisés, klaxonne, accélère alors que ça freine devant... Je m'efforce de rester impassible tout en agrippant fermement la poignée en cuir au-dessus de ma tête. Pas question de crever aussi stupidement après avoir survécu à Azkaban !

Le chauffeur nous dépose dans un angle de l'antique citadelle puis Potter finit par nous guider au fil des rues piétonnes jusqu'au passage vers le quartier magique. Des sorciers habillés à la mode moderne en côtoient d'autres, drapés plus traditionnellement dans de longues étoffes. Au bout du souk, les ruelles se font plus résidentielles, de petits immeubles abritent des pensions quelconques. Ce n'est qu'en s'engouffrant dans l'un d'eux que je mesure ma méprise : les bâtiments n'ont absolument rien d'ordinaire. Une fois la porte passée, un luxuriant patio s'étend devant nous, où se mêlent le son cristallin d'une fontaine et le chant d'oiseaux inconnus.

La cour intérieure est comme un puits de lumière entre quatre épais murs de terre où des plantes exotiques et de hauts palmiers s'élèvent. Dans un des recoins de la galerie, soutenue par des colonnes, Potter est déjà en train de négocier une chambre avec un type derrière son comptoir. Quelques pièces sont déposées, puis Potter s'empare de la clef et se dirige vers la volée de marches qui mène vers les chambres à l'étage.

Potter ouvre grand la porte de notre nouvelle chambre : la pièce est un peu plus grande que celle d'Istanbul, les lits sont un peu plus espacés. La fenêtre est dissimulée derrière des volets en bois ciselé, ce qui protège du soleil, mais la pénombre rend la sensation d'étouffement plus pressante. Heureusement, le palier donne directement sur le grand patio lumineux, décidément bien plus grand que l'on pourrait l'imaginer depuis la rue.

Potter dépose son bagage sur l'un des lits, puis ressort pour prendre les escaliers qui descendent vers un jardin à l'abri des regards extérieurs. Pendant qu'il fait du repérage et inspecte les différents recoins de la pension, je m'attarde à l'observation du jardin exotique dans l'arrière-cour. Des toiles tendues protègent du soleil harassant, de grandes plantes inconnues s'élèvent dans un semblant de chaos organisé et je m'approche pour identifier ces espèces que je ne connais pas. Au sol, de grands tapis sont étalés agrémentés par endroit de coussins molletonnés. Des tables basses sont disposées de façon à ce que les hôtes puissent profiter du jardin, à distance raisonnable les uns des autres. Une volière pleine de grands oiseaux étranges se tient à disposition des voyageurs qui souhaiteraient envoyer des messages directement depuis la pension.

Contrairement à l'air sec et saturé de poussière du reste de la citadelle, ici, magie ou non, la température reste agréable et supportable. Dans ce cocon de verdure, difficile d'imaginer à quel point la ville est tentaculaire au-delà des murs. Sur le trajet, depuis la chaloupe jusqu'à la vieille cité, il était compliqué de deviner le désert à ses portes, avec juste un peu plus loin les majestueuses pyramides que les anciens sorciers utilisaient comme des temples.

Potter ne se laisse pas impressionner par la beauté des lieux, qui n'a pourtant rien à voir avec notre Angleterre natale. Il termine son inspection du patio où le piaillement des oiseaux se mêle au bruit d'une fontaine perpétuelle, puis s'installe à l'une des tables isolées au fond du jardin.

Il griffonne un mot qu'il attache ensuite à la patte d'un des oiseaux majestueux de la volière - des ibis indiquent la pancarte - puis il prend le temps de consigner Merlin-sait-quoi dans son carnet en y ajoutant les pages piquées à la douane.

Memoriae CaptivaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant