Chapitre 20

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Quand les lueurs matinales s'infiltrent à travers le volet, je prends conscience de la masse sur le matelas à mes côtés avant de réaliser que c'est Potter, dans mon lit, et qu'il prend toute la place.

Il respire profondément, alors j'éloigne avec prudence mes pieds de ses mollets bien trop proches, pour éviter de le toucher, et j'essaie de me souvenir de ce qu'il s'est passé la veille.

Je me tourne lentement pour l'observer alors que je devrais juste le virer manu militari et récupérer la couverture qu'il s'est largement appropriée. Il dort sur le dos, un bras au-dessus de la tête, la bouche légèrement entrouverte.

Ses rides d'expression, constamment contrariée, disparaissent quand il lâche enfin prise. Ses traits ainsi détendus le rajeunissent de quelques années. Sans ses lunettes, il a un air vulnérable des plus troublants.

Puis j'essaie de me concentrer sur ce qui s'avère important : il ne s'est rien passé.

Rien dans ce lit en tout cas, j'en suis certain.

Je note mentalement que je porte encore mon pyjama en soie, et Potter son t-shirt informe.

Je bascule lentement pour m'asseoir et quitter ce lit qui n'est plus le mien quand les vieux ressorts grincent et tirent Potter de son sommeil.

Il papillonne des cils, se frotte le visage pour reprendre ses esprits, avant de jeter un regard circulaire à la petite chambre et à la banquette qu'il a visiblement abandonnée dans la nuit. Il se redresse et se penche à la recherche de ses lunettes sur la table de nuit.

— Désolé, je pensais pas m'assoupir, et cette foutue banquette me tue le dos...

Le Grand Potter n'a clairement plus vingt ans et il est presque rassurant de constater qu'il est humain et lui aussi en proie aux courbatures des nuits inconfortables.

Je choisis de ne pas monter au créneau de bon matin. Le lit est assez grand pour deux tant qu'il n'empiète pas de mon côté. Et s'il arrive enfin à dormir un peu, c'est plutôt une bonne chose.

Et puis, ce n'est pas si étrange de se réveiller aux côtés de Potter.

J'avais presque oublié combien c'est réconfortant d'avoir une présence à ses côtés au réveil.

J'ouvre le volet ciselé pour aérer la chambre, puis je m'enferme dans la petite salle d'eau pour me changer.

Quand j'en sors, Potter a arrangé la couverture du lit et disposé de quoi grignoter sur la petite table. Un petit oiseau-messager piaille à la fenêtre tandis que Potter parcourt un parchemin tout juste déroulé.

Je me sers une tasse de café et tire la chaise pour m'installer à mon bureau.

Je porte la boisson infecte à mes lèvres et l'observe en train de mâcher sa tartine comme si rien ne s'était passé la veille.

Peut-être que ce n'était rien pour lui.

Une fois sa tartine terminée, il tapote le parchemin déroulé sur la table, sur lequel sa tasse a laissé une marque et où des miettes de pain s'éparpillent.

— Nigel m'informe qu'il a remonté la piste de l'entrepôt et qu'il a trouvé des choses intéressantes. Tu veux m'accompagner ?

La surprise manque de me faire avaler mon café de travers, mais je retiens toute remarque.

Je pose ma tasse dans sa coupelle et m'essuie la commissure des lèvres, avant d'accepter son improbable invitation.

— Je veux bien. Est-ce que tu penses avoir besoin de la potion ?

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